La sous-gouverneure Sharon Kozicki parle de l’importance pour la banque centrale de faire preuve de transparence et de responsabilité. Elle explique les mesures de politique monétaire exceptionnelles prises par la Banque du Canada durant la pandémie de COVID-19 et fait le point sur leur efficacité.

La sous-gouverneure Kozicki s’adresse à l’Association canadienne de science économique des affaires. Lisez le discours complet.

Nous avons eu recours à des mesures exceptionnelles

En mars 2020, le monde a fait face à une crise sanitaire et économique inimaginable. Les économies ont été mises à l’arrêt et les marchés financiers ont chuté. Craignant une nouvelle Grande Dépression, les autorités et les banques centrales de nombreux pays ont pris des mesures rapides et fermes.

La Banque a abaissé le taux directeur à 0,25 %, sa valeur plancher. C’est le niveau le plus bas avant qu’elle doive recourir à d’autres mesures de politique monétaire moins traditionnelles. La Banque a également fait appel à des mécanismes et programmes d’octroi de liquidités exceptionnels pour rétablir le fonctionnement des marchés.

À l’été 2020, les marchés fonctionnaient, mais l’économie était en forte baisse. Les ménages et les entreprises éprouvaient de graves difficultés et l’inflation était en dessous de la cible. La Banque s’est alors tournée vers sa gamme élargie d’outils de politique monétaire pour accroître la détente monétaire. Elle a utilisé deux outils en particulier :

  • L’assouplissement quantitatif – Quand une banque centrale a recours à l’assouplissement quantitatif, elle achète beaucoup plus d’obligations d’État qu’à l’habitude. Ces achats en grande quantité font grimper le prix de ces obligations et diminuer leur rendement. Cela réduit les taux d’intérêt qui comptent pour les ménages et les entreprises, qui soutiennent alors l’économie en empruntant et en dépensant davantage.
  • Les indications prospectives exceptionnelles – Quand une banque centrale fournit de telles indications, elle signale que les taux d’intérêt vont rester bas jusqu’à ce que certaines conditions économiques soient remplies. Cette mesure permet aussi de réduire les coûts d’emprunt.

En réduisant les coûts d’emprunt, l’assouplissement quantitatif et les indications prospectives exceptionnelles stimulent les dépenses et atténuent le risque que l’inflation soit inférieure à la cible de 2 %. »

Nos mesures ont été efficaces

Avant la pandémie, la Banque n’avait jamais utilisé l’assouplissement quantitatif. Et elle avait eu recours une seule fois aux indications prospectives exceptionnelles. Au sortir de la crise, la population canadienne nous a demandé si ces mesures avaient fonctionné.

Le personnel de la Banque a étudié l’efficacité de ces mesures pendant la pandémie. Les résultats montrent que l’assouplissement quantitatif et les indications prospectives exceptionnelles ont contribué à réduire les taux d’intérêt à plus long terme, ce qui a rendu les prêts plus abordables pour les ménages et les entreprises. Et grâce aux mesures budgétaires et monétaires ainsi qu’à la vaccination rapide, l’économie canadienne s’est relevée relativement vite de la crise de la COVID-19.

Avec la reprise de l’économie, l’assouplissement quantitatif n’était plus nécessaire. Ainsi, en octobre 2021, la Banque est devenue la première grande banque centrale à mettre fin à son programme d’assouplissement quantitatif. Puis en avril 2022, elle a amorcé l’étape suivante : le resserrement quantitatif, où elle laisse les obligations arriver à échéance et sortir de son bilan. Nous prévoyons maintenant que le resserrement quantitatif prendra fin au courant de l’année 2025.

Pourquoi le resserrement quantitatif s’est-il aussi bien déroulé au Canada? J’ose croire que c’est parce que nous avons été transparents. »

Nous allons continuer à renforcer la confiance

La Banque est attachée à l’honnêteté et à la transparence, les deux garants de la confiance du public. C’est encore plus vrai dans des périodes de grande incertitude comme l’a été la pandémie de COVID-19.

Nous n’avions pas réponse à tout, et nous ne nous en sommes pas caché. Nous avons expliqué nos décisions de politique monétaire. Nous avons parlé ouvertement et sans délai des difficultés rencontrées, tout autant que des progrès réalisés pour ramener l’inflation à la cible.

Les hausses des taux d’intérêt ont fonctionné. L’inflation se rapproche de la cible de 2 %. Et les pressions sous-jacentes sur les prix s’atténuent. Nous allons continuer à faire le bilan des mesures exceptionnelles que nous avons prises durant la pandémie, et nous communiquerons nos conclusions au public.

Nous nous concentrons maintenant sur les leçons que peut nous donner notre expérience pendant la pandémie et sur la façon dont ces leçons guideront la conduite de la politique monétaire dans l’avenir. »

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