Le sous-gouverneur Toni Gravelle explique comment la Banque du Canada gérera son bilan quand le resserrement quantitatif prendra fin.

Le sous-gouverneur Gravelle s’adresse en présentiel à la CFA Society Toronto. Lisez le discours complet.

Le bilan expliqué

Un bilan, c’est un état financier qui montre ce qu’une organisation détient (ses actifs) et ce qu’elle doit (ses passifs).

La Banque a des actifs financiers inscrits à son bilan pour soutenir ses grandes fonctions – pas pour générer un profit. Pour chaque passif, elle doit détenir un actif équivalent.

Le bilan de la Banque compte trois principaux types de passifs :

  • Liquidités : les billets de banque qu’on trouve dans nos portefeuilles et dans les caisses enregistreuses partout au pays
  • Dépôts du gouvernement : les fonds que le gouvernement du Canada dépose chez nous pour effectuer ses transactions bancaires quotidiennes
  • Soldes de règlement : les réserves qui servent à régler les paiements de gros dans le système financier

Avant la pandémie de COVID-19, nous achetions régulièrement des obligations d’État comme actifs aux fins de gestion de notre bilan. Mais pendant la pandémie, nous en avons acheté beaucoup plus qu’à l’habitude, d’abord pour stabiliser le système financier, puis pour soutenir la reprise économique. La taille de notre bilan a donc pris énormément d’ampleur, ce qui s’est traduit par des soldes de règlement plus élevés.

Depuis avril 2022, nous avons réduit cette taille au moyen du resserrement quantitatif. Autrement dit, nous avons laissé sortir de notre bilan les obligations du gouvernement du Canada qu’on détenait lorsqu’elles sont arrivées à échéance, sans les remplacer. Notre objectif est de normaliser notre bilan, c’est-à-dire de détenir un montant d’actifs qui correspond tout simplement à celui des passifs.

Normaliser notre bilan

Depuis que nous avons entamé le processus de normalisation, la taille de notre bilan a été réduite de presque 40 %. Mais comment saura-t-on que nous sommes de retour à la normale?

En ce moment, les soldes de règlement que nous détenons s’élèvent à environ 100 milliards de dollars. C’est l’un de nos trois principaux éléments de passif. Comme nous l’avons déjà mentionné, nous pensons atteindre notre nouvelle normalité lorsque les soldes de règlement seront dans une fourchette de 20 à 60 milliards de dollars, même s’il subsiste un peu d’incertitude par rapport à ça. Nous croyons que c’est le niveau propice pour que le système de paiement canadien fonctionne bien et pour que nous puissions mettre efficacement en œuvre la politique monétaire.

À mesure que nous nous rapprocherons de ces niveaux, nous recommencerons à acheter des actifs pour contrebalancer nos passifs. Comme nous le faisions avant la pandémie, nous acquerrons une combinaison d’obligations et de bons du Trésor du gouvernement du Canada ainsi que des prises en pension à plus d’un jour – soit une sorte d’emprunt à court terme pour les négociants qui vendent des titres d’État.

Quand le resserrement quantitatif prendra fin, on va recommencer à acheter des obligations du gouvernement du Canada et d’autres actifs dans le cadre de la gestion normale de notre bilan. Ces achats ne seront pas de l’assouplissement quantitatif, tout comme ceux qu’on faisait avant la pandémie ne l’étaient pas. »

Tenir les marchés à l’œil

Il y a eu beaucoup d’activité sur les marchés des pensions à un jour à la fin de 2023 et au début de cette année. Résultat, certains participants ont supposé que le processus de normalisation du bilan de la Banque provoquait des pressions et qu’il pourrait être nécessaire d’y mettre fin avant que les soldes de règlement atteignent la fourchette de 20 à 60 milliards de dollars.

Après une analyse approfondie, la Banque a déterminé que le processus de normalisation de son bilan n’était pas une des causes principales de l’augmentation de la demande de financement par opérations de pension. Afin de réduire les pressions, nous avons effectué des opérations de prise en pension à un jour – l’outil que nous utilisons habituellement pour atténuer les difficultés de financement temporaires dans les marchés.

Les pressions observées récemment dans les marchés des pensions n’ont pas changé notre point de vue quant au niveau où les soldes de règlement devraient s’établir. Si jamais nous pensons que notre processus de normalisation doit être modifié, nous serons clairs à ce sujet et annoncerons tout changement à l’avance.

En définitive, le processus de normalisation du bilan se poursuit comme on l’avait prévu l’année dernière. Et on dispose d’outils pour gérer les pressions de financement temporaires qui pourraient survenir en cours de route. »

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