La première sous-gouverneure Carolyn Rogers présente certaines raisons derrière le faible bilan de la productivité au Canada, et les pistes de solution à notre portée.

La première sous-gouverneure Rogers s’adresse au Halifax Partnership. Lisez le discours complet.

La santé d’une économie dépend de sa productivité

Quand la productivité est forte – ce qui amène une croissance plus rapide, des emplois plus nombreux et des salaires plus élevés –, l’économie est mieux protégée contre les risques d’inflation élevée.

La productivité au Canada n’affiche aucune croissance ces dernières années. En quatre décennies, nous avons même considérablement reculé par rapport à certains autres pays. En fait, si l’on nous compare aux États-Unis, seule la productivité de l’Italie a régressé plus que la nôtre au sein du G7.

C’est un sujet important parce que plusieurs facteurs menacent dorénavant d’alimenter la persistance d’une forte inflation. Notons par exemple les tensions commerciales mondiales, l’évolution démographique et l’incidence économique des changements climatiques. Nous devons stimuler notre productivité dès maintenant en prévision de ces sources de pression.

La recette d’une forte productivité

Trois éléments contribuent à renforcer la productivité :

  1. l’intensité du capital – mieux outiller la main-d’œuvre, notamment par de la machinerie, et améliorer l’efficacité et la production grâce à de nouvelles technologies
  2. la composition du travail – améliorer les compétences et la formation du personnel
  3. la productivité multifactorielle – utiliser le capital et le travail plus efficacement

Dans cette optique, l’amélioration de la productivité passe par deux grands axes stratégiques : concentrer l’activité économique dans les secteurs à valeur ajoutée, et réaliser notre travail de façon plus efficace. Dans les deux cas, le bilan du Canada n’est généralement pas reluisant. Cette situation doit changer pour que tout le monde puisse profiter d’une économie stable et prospère.

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’augmentation de la productivité est à la fois bénéfique pour vous qui travaillez, pour les entreprises et, oui, même pour les banques centrales.  »

Le Canada doit s’améliorer

En nous penchant sur les facteurs qui peuvent maximiser la productivité, nous voyons aisément les possibilités d’amélioration.

Le Canada peut consacrer plus d’énergie à faire correspondre la formation aux besoins en compétences actuels ou futurs. Il s’agit notamment veiller à ce que les programmes d’études postsecondaires et de formation professionnelle correspondent mieux aux besoins des employeurs. Il s’agit aussi de faire valoir les compétences des nombreuses personnes qui immigrent au Canada.

Par ailleurs, nous gagnerions à renforcer la concurrence des entreprises pour favoriser l’innovation et l’efficacité. Cet aspect est particulièrement important pour les petites et moyennes entreprises qui ne peuvent pas tirer avantage des économies d’échelle auxquelles les grandes sociétés ont accès.

Mais l’aspect central, c’est probablement l’investissement, qui est loin d’être suffisant au Canada en ce qui concerne les machines, le matériel et la propriété intellectuelle. En fait, le niveau des investissements a diminué dans la dernière décennie.

Tout le monde a un rôle à jouer pour instaurer le climat d’investissement dynamique qui contribuera à stimuler la productivité. Si la productivité augmente, tout le pays profitera d’une croissance solide et de meilleurs salaires sans que l’inflation soit forte. Dans une économie saine, nous sommes plus aptes à gérer les pressions inflationnistes sans autant dépendre des hausses de taux d’intérêt.

À la Banque du Canada, nous continuerons de travailler à assurer la stabilité idéale pour la prise de risques et l’investissement. Ces efforts, renforcés par des politiques publiques adéquates, mais aussi par des entreprises qui font leur part d’investissements, nous permettront de favoriser ensemble la croissance de notre économie – et la prospérité des Canadiennes et des Canadiens – dans les années à venir, quelles que soient les surprises qui nous attendent. »

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