Au lendemain de la décision de la Banque de maintenir le taux directeur à 5 %, le sous-gouverneur Toni Gravelle parle de l’immigration, de l’inflation et du rôle des nouveaux arrivants dans la croissance de notre économie.
Le taux directeur reste au même niveau
Nous avons décidé de maintenir le taux directeur à 5 %, en grande partie parce que la politique monétaire est en train de ralentir l’économie et d’alléger les pressions sur les prix. Mais il reste du chemin à faire.
Dans l’ensemble, l’économie ne semble plus être en situation de demande excédentaire. Il faut toutefois que l’inflation baisse encore.
Nous continuons de surveiller les attentes d’inflation, la croissance des salaires et les pratiques d’établissement des prix des entreprises en vue de déterminer si l’inflation est bien engagée sur la voie de la cible de 2 %.
Plus on accueille de nouveaux arrivants, plus on en retire des avantages à long terme
La population du Canada est l’une de celles qui connaît la croissance la plus rapide parmi les pays avancés, grâce surtout à l’immigration. Le nombre de résidents permanents et non permanents que nous accueillons a fortement augmenté récemment.
Cette augmentation du nombre de nouveaux arrivants est avantageuse pour notre pays, particulièrement dans un contexte de vieillissement de la population. Les nouveaux arrivants ont contribué à l’accroissement de notre population en âge de travailler et permis d’atténuer les graves pénuries de main-d’œuvre. Leur apport a stimulé le potentiel de croissance de notre économie, ce qui aidera à maintenir l’inflation à un plus bas niveau dans l’avenir.
La forte immigration observée depuis le début de 2022 a contribué à l’augmentation de notre population en âge de travailler…, faisant ainsi grimper la production potentielle de 2 ou 3 % sans générer d’inflation. C’est une amélioration importante, surtout si on tient compte du vieillissement rapide de la population canadienne. »
Les effets sur l’inflation
Quand de nouveaux arrivants déménagent au Canada, ils doivent se procurer beaucoup de produits essentiels afin de s’installer. Il s’ensuit une augmentation de la demande de biens et services, qui peut avoir une incidence sur l’inflation.
Cependant, les nouveaux arrivants n’ont pas tous le même impact sur l’économie. Par exemple, compte tenu de leurs droits de scolarité élevés, les étudiants étrangers contribuent généralement davantage à la consommation que bien d’autres nouveaux arrivants. Mais, dans l’ensemble, l’accroissement initial des dépenses attribuable à l’afflux récent de nouveaux arrivants a eu très peu d’effets sur l’inflation.
Il en va toutefois autrement pour ce qui est du logement, puisque les nouveaux arrivants ont aussi besoin de se loger. En effet, le Canada connaît depuis longtemps des pénuries de logements, qui sont attribuables à de nombreux facteurs, dont :
- des restrictions de zonage
- de longs processus de délivrance des permis
- une pénurie de travailleurs de la construction
Ainsi, pendant de nombreuses années, les mises en chantier de logements n’ont pas suivi le rythme de croissance de la population.
Dans ce contexte de pénuries, la hausse récente du nombre de nouveaux arrivants a accentué les pressions qui s’exercent sur les loyers et les prix des logements. Et cette situation a eu une incidence sur l’inflation.
Au bout du compte, le Canada a besoin de plus de logements, et les efforts déployés récemment en ce sens par tous les ordres de gouvernement marquent une évolution positive.
… on a besoin de plus de logements. Et il faut faire en sorte que l’offre dans ce domaine réponde mieux à l’augmentation de la demande. Cela nous permettra d’accueillir correctement les nouveaux arrivants et de veiller à ce que tout le monde puisse vivre dans un logement abordable. »