La première sous-gouverneure Carolyn Rogers explique pourquoi les taux d’intérêt pourraient se maintenir à des niveaux plus élevés que ce à quoi les Canadiens se sont habitués, et parle de l’importance de se préparer à cette éventualité le plus tôt possible.

La première sous-gouverneure Rogers s’adresse à Advocis Vancouver. Lisez le discours complet.

Les coûts d’emprunt sont plus élevés que ce à quoi la plupart d’entre nous sont habitués

Les gens qui achètent un logement ou qui renouvellent leur prêt hypothécaire ces jours-ci doivent composer avec les coûts d’emprunt les plus élevés qu’ils ont connus depuis longtemps, ou – dans beaucoup de cas – qu’ils n’ont jamais vus. La raison : les taux d’intérêt ont été anormalement bas pendant une longue période, de la crise financière mondiale de 2008-2009 jusqu’au début de 2022. Il est tentant de croire que ces taux très bas vont finir par revenir. Mais il y a des raisons de penser que ce ne sera peut-être pas le cas. En voici quelques-unes :

  • Les grands facteurs mondiaux qui poussaient à la baisse les taux d’intérêt à long terme semblent avoir atteint leur maximum et pourraient commencer à s’inverser. Parmi ces facteurs, notons l’accroissement de l’épargne en raison des baby-boomers se préparant à la retraite ainsi que l’intégration de la Chine et d’autres pays en développement dans l’économie mondiale.
  • Les guerres en cours en Ukraine et en Israël et à Gaza pourraient s’aggraver ou s’étendre, ce qui pourrait faire monter les prix de l’énergie et donc l’inflation.

S’adapter à un monde où les taux d’intérêt sont plus élevés que ceux auxquels on est habitués serait un grand changement pour les ménages, les entreprises et les gouvernements. Mais une adaptation précoce et progressive pourrait réduire le risque de devoir prendre des mesures plus abruptes dans l’avenir.

Il y a évidemment beaucoup d’incertitude dans tout ça. Mais il n’est pas difficile d’imaginer un monde où les taux d’intérêt restent durablement plus élevés que ce à quoi les gens se sont habitués. »

L’ajustement aux taux plus élevés est déjà amorcé

On sait que les Canadiens ressentent la pression des hausses de taux d’intérêt et de la forte inflation. On sait aussi que beaucoup d’entre eux ajustent déjà leurs habitudes d’emprunt et de consommation.

Un des grands ajustements du côté des ménages est le ralentissement du rythme de croissance du crédit depuis que la Banque a commencé à relever les taux d’intérêt. Le nombre de demandes de prêts hypothécaires résidentiels et les dépenses en biens qu’on achète généralement à crédit, comme les meubles et les électroménagers, ont tous les deux énormément baissé.

Même si les ménages n’augmentent pas autant leurs dettes, certains ont plus de difficulté à gérer celles qu’ils ont déjà contractées. Les taux de défaillance sur les dettes non hypothécaires comme les cartes de crédit et les prêts automobiles ont augmenté, et certains ménages semblent utiliser davantage leurs cartes de crédit.

En même temps, les taux de défaillance sur les prêts hypothécaires restent quant à eux inférieurs à ce qu’ils étaient avant la pandémie.

Les entreprises, elles, voient le coût du service de leur dette augmenter et la croissance de leurs revenus ralentir en même temps. Cela dit, la plupart d’entre elles s’en sortent bien et on constate que le nombre de dossiers d’insolvabilité est comparable à ce qu’il était avant la pandémie.

D’autres ajustements viendront

Une des principales questions qu’on se pose est de savoir si la pression que ressentent les ménages et les entreprises du pays pourrait causer des tensions financières généralisées et, en fin de compte, entraîner des pertes pour les banques et d’autres prêteurs.

La plupart des détenteurs de prêts hypothécaires ne les ont pas encore renouvelés aux taux plus élevés. Beaucoup nous ont dit lors de nos enquêtes que le montant de leurs versements actuels pèse déjà ou est sur le point de peser sur le budget de leur ménage. Néanmoins, la majorité des emprunteurs hypothécaires disent qu’ils seront capables d’effectuer des versements plus élevés au moment du renouvellement de leur prêt.

Les banques canadiennes s’adaptent de manière proactive à un ralentissement économique. Il faut aussi souligner que le secteur bancaire du pays demeure fort et résilient.

La Banque va continuer de surveiller l’impact des taux d’intérêt plus élevés sur l’économie. Et on va continuer de tenir les Canadiens au courant de nos observations. »

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