Au lendemain de la hausse du taux directeur annoncée par la Banque du Canada, la première sous-gouverneure Carolyn Rogers parle de la situation de l’économie et des actions que prend la Banque pour ramener l’inflation sous contrôle.

Écoutez le discours de la première sous-gouverneure Rogers devant le Calgary Economic Development par diffusion Web. Lisez le discours complet.

Notre décision relative au taux directeur

Nous avons décidé de relever le taux directeur de 75 points de base pour le faire passer à 3,25 % et de poursuivre le resserrement quantitatif.

L’économie canadienne tourne à plein régime

Durant l’été, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation a légèrement baissé, passant de 8,1 % en juin à 7,6 % en juillet.

Bien que l’inflation globale semble avoir atteint son pic, cette baisse était surtout attribuable aux prix de l’essence. L’inflation a continué à augmenter et à s’étendre à plus de biens et de services. Et, à l’échelle mondiale, nous observons encore des goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et des prix élevés des produits de base, deux facteurs qui alimentent l’inflation ici, au Canada.

Au pays, la demande continue de surpasser l’offre. Les dépenses des consommateurs, en particulier pour les services, ont affiché une grande vigueur au deuxième trimestre de 2022. De plus, des pénuries de main‑d’œuvre importantes persistent, et le taux de chômage est à son niveau le plus bas jamais vu.

Bien que l’activité de revente et les prix des logements aient chuté par rapport aux niveaux insoutenables, l’économie canadienne demeure en situation de demande excédentaire, et l’inflation est de plus en plus généralisée.

Les hausses de taux d’intérêt prennent du temps pour fonctionner

Nous savons que, pour bien des Canadiens, les taux d’intérêt élevés ajoutent aux difficultés qu’ils vivent déjà à cause de la forte inflation. Cependant, nous devons relever les taux d’intérêt pour faire baisser l’inflation.

L’inflation ne redescendra pas du jour au lendemain. La politique monétaire fonctionne comme une réaction en chaîne, ou une séquence d’événements. Mais cette séquence prend du temps. Les ajustements du taux directeur de la Banque ne touchent pas les différents ménages et secteurs de l’économie de la même façon ni au même rythme.

Dans le secteur du logement, l’effet des hausses de taux d’intérêt est immédiat. Mais il faut plus de temps pour que la politique monétaire freine la croissance des prix des choses qui ne sont pas directement liées à l’emprunt.

Compte tenu du décalage entre l’ajustement des taux d’intérêt et son effet sur l’inflation, et de la grande incertitude qui entoure les perspectives, ramener l’inflation à 2 % prendra un certain temps. Nous savons aussi qu’il pourrait y avoir des obstacles en cours de route. »

Avec l’inflation nettement au-dessus de notre cible de 2 % et les attentes d’inflation à court terme qui demeurent élevées, la forte inflation pourrait s’enraciner.

En procédant sans attendre à des hausses importantes du taux directeur, nous tentons d’éviter que les taux d’intérêt doivent être encore plus élevés et de prévenir un ralentissement plus prononcé de l’économie plus tard.

Pour l’avenir

À l’avenir, nous allons surveiller de près trois questions importantes :

  • Est-ce que les taux d’intérêt plus élevés parviennent à ralentir la demande? Si les dépenses de consommation et la demande de main-d’œuvre se modèrent, la pression sur les prix devrait diminuer.
  • Est-ce que les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales s’améliorent? Si oui, à quelle vitesse cela se traduira-t-il par une baisse des coûts pour les entreprises canadiennes? Évidemment, des événements mondiaux imprévus pourraient venir perturber l’offre et faire monter les prix encore plus.
  • Plus important encore, est-ce que l’inflation et les attentes d’inflation redescendent? Si oui, la tendance à court terme devrait indiquer à quel point les pressions sur les prix sont enracinées.

Compte tenu des perspectives d’inflation, nous jugeons encore que le taux directeur va devoir augmenter davantage. À mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire deviendront plus évidents dans l’économie, nous évaluerons jusqu’où il faudra encore relever les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à la cible.

Nous gardons un œil attentif sur beaucoup de choses, nous avons beaucoup de travail sur la planche et nous ne prendrons aucun repos tant que nous n’aurons pas ramené l’inflation à la cible. »

La première sous-gouverneure Rogers répond aux questions des journalistes après son discours.

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