Anatomie d’une pandémie : appliquer les leçons du passé et en apprendre de nouvelles

Le sous-gouverneur Paul Beaudry explique comment les leçons tirées des précédentes crises ont aidé les banquiers centraux durant la pandémie de COVID‑19. Il parle aussi de la façon dont la gestion des attentes d’inflation peut aider à ramener l’inflation à la cible.

Regardez la diffusion Web du discours du sous-gouverneur Beaudry prononcé devant la Faculté des arts de l’Université de Waterloo, dans le cadre de sa série de conférences Distinguished Lecture in Economics. Lisez le discours complet.

Les retombées

En réponse à la pandémie de COVID‑19, les pays du monde entier ont déployé des mesures de relance pour soutenir leur économie. S’appuyant sur les leçons de la crise financière mondiale de 2008-2009 qui avaient établi que les mesures de relance avaient été retirées trop rapidement, les décideurs ont laissé les mesures en place plus longtemps pour favoriser la reprise économique au sortir d’une crise sans pareille.

Ces mesures de politique budgétaire et monétaire ont permis un fort rebond de la demande. Mais elles se sont heurtées à de graves perturbations de l’approvisionnement causées par la pandémie, la guerre en Ukraine et d’autres facteurs. En fin de compte, ce vif rebond de la demande, combiné aux perturbations importantes de l’approvisionnement, contribue à la forte inflation que nous connaissons aujourd’hui.

Durant la pandémie, les différents États n’ont probablement pas intégré :

  • les effets que leurs actions nationales auraient collectivement sur l’ensemble de l’économie mondiale
  • à quel point le contexte de cette crise différait de celui des précédentes

Une meilleure compréhension de ces dynamiques et de la façon dont les actions des États peuvent se répercuter dans le monde entier devrait déboucher sur des réponses mondiales plus efficaces aux chocs futurs. »

La reprise inusitée du marché du travail

La reprise du marché du travail après le choc de la pandémie a été beaucoup plus robuste que celles qui ont suivi d’autres récessions.

L’histoire nous a appris que les récessions qui mettent à mal la santé financière des entreprises, des institutions financières ou des ménages sont généralement suivies de reprises fragiles. Durant la pandémie, les mesures de relance exceptionnelles rapidement mises en place par les gouvernements et les banques centrales ont atténué l’impact des fermetures et des pertes d’emploi. Les programmes de soutien du revenu et les baisses de taux d’intérêt, par exemple, ont permis d’éviter le cycle habituel de réduction des dépenses qui a nui aux reprises précédentes.

C’est grâce à ces interventions à point nommé qu’on a pu observer le rebond historique des marchés du travail pendant la pandémie.

Gérer les attentes pour maîtriser l’inflation

Depuis l’adoption du régime de ciblage de l’inflation en 1991, la Banque a bien réussi à maintenir l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible. Aujourd’hui, ce qui avait été la règle pendant longtemps est sérieusement mis à l’épreuve au sortir de la première pandémie mondiale en un siècle et face aux répercussions de l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie.

Certains croient que les décideurs pourraient devoir provoquer un ralentissement important, voire une récession, pour maîtriser à nouveau l’inflation. Mais la meilleure stratégie pour faire face à une inflation élevée doit tenir compte de la façon dont les gens forment leurs attentes d’inflation. Si ces derniers comprennent et sont persuadés que la banque centrale finira par ramener l’inflation à la cible, leurs attentes resteront « ancrées ».

Pour y parvenir, les banques centrales doivent s’engager à atteindre une cible d’inflation crédible et la communiquer clairement. Cela donne lieu à une série de décisions concernant les prix et les salaires qui aident à maintenir l’inflation au niveau souhaité et réduit le besoin de créer un ralentissement économique important. C’est l’objectif de la Banque.

Nous continuerons à prendre toutes les mesures nécessaires afin de restaurer la stabilité des prix pour les ménages et les entreprises, et de préserver la confiance des Canadiens en notre capacité de ramener l’inflation à 2 % et de remplir ainsi notre mandat. »

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