L’écart de production, c’est la différence entre ce qu’une économie produit en réalité et ce qu’elle pourrait produire dans l’idéal.

Composer avec le manque d’équilibre

Dans un monde idéal, la production économique aurait un caractère stable et équilibré : ses capacités ne seraient ni surutilisées ni sous-utilisées. Les entreprises produiraient suffisamment de biens pour répondre à la demande des consommateurs, il n’y aurait pas beaucoup de chômage et l’inflation serait basse et stable.

Dans la réalité, cependant, la production est le plus souvent à un niveau tantôt supérieur, tantôt inférieur à celui d’équilibre, avec des conséquences sur l’emploi. À certains moments, les producteurs de biens doivent mettre les bouchées doubles pour satisfaire la demande. À d’autres moments, ils fabriquent plus de biens que les consommateurs n’en veulent, les stocks s’accumulent et les usines tournent au ralenti ou sont carrément mises à l’arrêt. Ce n’est idéal ni dans un cas ni dans l’autre.

L’écart de production indique justement à quel point la production économique réelle s’écarte de son niveau d’équilibre, dans un sens ou dans l’autre.

Visualisation de l’écart de production

L’écart de production peut être positif ou négatif, selon que l’économie affiche un niveau de production supérieur ou inférieur à celui d’équilibre.

Écart de production positif

Un écart de production positif se crée quand la demande de produits dépasse pendant un certain temps la capacité de l’économie à les produire. Un écart de production positif implique généralement :

  • une hausse de l’inflation
  • une baisse du chômage

Imaginons ce qui se pourrait se passer chez un fabricant quand l’écart de production est positif :

  1. La demande de produits qu’il fabrique serait plus élevée qu’à l’habitude.
  2. Pour satisfaire la demande, il pourrait être amené à embaucher du personnel ou à demander à ses employés de faire des heures supplémentaires. Il pourrait même devoir se doter de nouvelles unités de production.
  3. Il faudrait qu’il achète davantage de matières premières.
  4. Les coûts de ces matières premières pourraient augmenter.
    • Du fait que leurs matières premières seraient plus en demande, les fournisseurs pourraient relever leurs prix.
    • Comme d’autres fabricants auraient les mêmes besoins en matières premières, celles-ci se feraient plus rares, et cette pénurie ferait augmenter leurs prix.
  5. Le fabricant pourrait répercuter la hausse de ses coûts sur les prix payés par les consommateurs.

En prenant ces mesures, notre fabricant parviendrait sans doute à faire face pendant un certain temps à l’accroissement de la demande, mais cette situation ne saurait durer : l’inflation commencerait à monter dans son secteur puis dans l’ensemble de l’économie.

Écart de production négatif

Quand la demande est insuffisante et que les producteurs n’arrivent pas à écouler leurs stocks, il se forme alors un écart de production négatif. Un écart de production négatif implique généralement :

  • une baisse de l’inflation
  • une hausse du chômage

Voyons maintenant ce qui se pourrait se passer chez notre fabricant si l’écart de production passait en zone négative :

  1. Il verrait son carnet de commandes diminuer.
  2. Il pourrait baisser ses prix – ou du moins ne pas les augmenter trop vite – pour encourager les gens à en acheter.
  3. Il achèterait moins de matières premières.
  4. Le coût de ces matières premières diminuerait, car les fournisseurs, voyant leurs stocks s’accumuler, voudront les écouler.
  5. Il devrait mettre à pied du personnel ou réduire les heures travaillées. Il pourrait même devoir fermer des usines.

Comme de plus en plus d’entreprises prendraient de telles mesures, le chômage grimperait et les salaires n’augmenteraient pas aussi rapidement. Or, la réduction des revenus entraîne une baisse des dépenses, un ralentissement de l’inflation et une diminution de la croissance.

Mesurer la production potentielle

Récapitulons : l’écart de production correspond à la différence entre ce que les entreprises produisent et ce qu’elles pourraient produire si l’économie était en situation d’équilibre. Pour mener la politique monétaire, la Banque du Canada doit savoir à quoi ressemblerait l’économie – autrement dit, la production potentielle – dans ce scénario idéal. Mais comment mesure-t-on la production potentielle d’une économie?

On ne peut la mesurer comme telle, du moins pas directement. On ne peut que l’estimer. À la Banque du Canada, nous nous servons d’une panoplie de modèles économiques pour ce faire. Ces modèles prennent en compte, entre autres choses :

  • les tendances du marché du travail, comme l’évolution de l’emploi et du nombre d’heures travaillées
  • les montants que les entreprises consacrent à l’achat de machines et de matériel afin d’accroître leur productivité

Nous avons aussi d’autres moyens d’évaluer l’écart de production. Par exemple, nous recueillons régulièrement les points de vue de chefs d’entreprises aux quatre coins du pays grâce à l’enquête sur les perspectives des entreprises. Leurs réponses peuvent nous aider à comprendre à quoi peut tenir l’écart de production et pourquoi l’économie s’est éloignée d’une situation d’équilibre : utilise-t-elle trop ou pas assez les travailleurs? Y a-t-il trop ou trop peu de biens produits?

Pour savoir comment les entreprises mesurent leur efficience, voir notre document explicatif sur la productivité.

Pourquoi nous nous intéressons à l’écart de production

La Banque suit de près l’écart de production parce que c’est un indicateur clé pour savoir si l’inflation est en passe d’augmenter ou de baisser.

En situation d’écart de production positif, nous pourrions relever les taux d’intérêt pour :

  • modérer la demande
  • faire diminuer les pressions inflationnistes

En situation d’écart de production négatif, nous pourrions abaisser les taux d’intérêt pour :

  • prévenir une chute de l’inflation
  • éviter un chômage élevé

C’est en fixant les taux d’intérêt de manière à maintenir l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible qu’on favorise une croissance économique soutenue à long terme et qu’on évite les variations marquées du chômage.

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Sujet(s) : Productivité

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