Le gouverneur Tiff Macklem explique en quoi l’économie et l’emploi pourraient être différents après la pandémie de COVID-19, et ce que nous pouvons faire pour que tout le monde tire profit de la reprise du marché du travail.

Le gouverneur Macklem prononce un discours dans le cadre d’un événement virtuel organisé par la Chambre de commerce d’Edmonton et la Chambre de commerce de Calgary. Lisez le discours complet.

Les répercussions de la pandémie ont été profondes et inégales

Tous les Canadiens sont touchés par la pandémie, mais les travailleurs de certains secteurs écopent beaucoup plus que d’autres.

Les pertes d’emploi les plus importantes ont été observées dans les secteurs des services où la distanciation physique est le plus difficile à respecter, comme l’hébergement, la restauration, les arts, les spectacles et les loisirs. Et ceux qui travaillent dans ces secteurs – les femmes et les jeunes en majorité – gagnent souvent peu.

La deuxième vague de contaminations a frappé encore davantage les femmes et les jeunes. Les deux groupes ont connu une hausse du chômage de longue durée – période de chômage d’au moins 26 semaines – plus rapide que celle des autres groupes.

L’économie canadienne se redressera à mesure que les gens se feront vacciner et reprendront leur vie normale. Mais il faudra encore beaucoup de temps avant d’arriver à une reprise complète du marché du travail.

Une reprise complète est une reprise dont les bénéfices sont partagés par les travailleurs et travailleuses de tous âges, partout au pays. »

L’économie post-pandémie sera différente

Même si les vaccins laissent entrevoir une reprise durable, nous n’aurons pas le même type d’économie qu’avant.

Les nouvelles technologies avaient déjà commencé à transformer notre manière de vivre et de travailler, et la pandémie n’a fait qu’accélérer ces changements :

  • La hausse des achats en ligne pourrait déboucher sur une baisse de la demande de travailleurs en magasin dans l’avenir.
  • Bon nombre de Canadiens qui télétravaillent continueront probablement à le faire, ce qui réduira la demande de locaux pour bureaux et de services comme les transports et la restauration.
  • La demande de travailleurs possédant des compétences numériques continuera vraisemblablement d’augmenter. En même temps, une partie des emplois perdus durant la pandémie ne reviendront pas du fait de l’automatisation accrue de certaines tâches et de la restructuration de certains secteurs.

Les changements technologiques sont généralement bénéfiques pour la main-d’œuvre et l’économie sur le long terme. Outiller les travailleurs et les entreprises pour les rendre plus productifs finit par générer plus d’emplois et faire monter les salaires.

Par contre, au début, les groupes de travailleurs les plus durement touchés par la pandémie pourraient avoir encore des difficultés.

Une partie des entreprises et des emplois auront disparu du fait des changements permanents de la demande ou de l’adoption de nouvelles technologies. Il faut donc s’attendre à un long processus d’ajustement. »

Une reprise partagée profite à tous

Plus les bénéfices de la reprise seront partagés, plus nous arriverons à limiter les dommages causés par le chômage de longue durée sur les carrières et sur la rémunération tout au long de la vie active. Ces effets négatifs peuvent ralentir l’activité économique et, ainsi, compliquer le redressement des salaires et du niveau de vie de tous les travailleurs.

Tout le monde a donc un intérêt à ce que les Canadiens parviennent à s’adapter au changement et à bénéficier de la reprise :

  • Les travailleurs devraient évaluer quels types de compétences numériques et de formations leur seront nécessaires pour leur carrière.
  • Les écoles devraient préparer les enfants à un avenir marqué par le numérique, tandis que les universités et les autres établissements postsecondaires devraient intégrer le savoir-faire numérique dans toutes les disciplines.
  • Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans l’acquisition de compétences numériques. Elles peuvent le faire en associant de jeunes travailleurs à des collègues plus âgés qui sont peut-être moins habitués aux nouvelles technologies.
  • Les gouvernements pourraient élargir l’accès aux services de garde afin de permettre à plus de femmes d’intégrer la population active. Par ailleurs, les programmes qui facilitent l’appariement entre les emplois et la main-d’œuvre auront de plus en plus d’importance.

La Banque du Canada a aussi un grand rôle à jouer. En gardant les coûts d’emprunt des entreprises et des ménages à des niveaux bas, elle facilitera la tâche des entreprises, qui pourront alors mieux investir dans leur main-d’œuvre et les technologies.

La politique monétaire peut continuer à soutenir la demande pour atténuer l’effet cicatrice et amener le plus grand nombre possible de personnes dans la population active. »

Le gouverneur Macklem répond aux questions des journalistes après son discours.

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