Dans son tout premier discours, le gouverneur Tiff Macklem explique comment l’engagement de la Banque à maintenir l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible guide nos actions durant la pandémie de COVID-19.

Le gouverneur Macklem s’adresse aux cercles canadiens du pays (diffusion Web).

Un phare en tout temps

Avoir une inflation à un niveau bas, stable et prévisible est au cœur de notre mission. C’est la meilleure contribution que nous pouvons apporter au bien-être économique du pays. C’est la base de la croissance économique. De plus, lorsque l’inflation est près de la cible, toutes les personnes qui veulent un emploi peuvent en trouver un.

Notre phare, le cadre de conduite de la politique monétaire, est un accord d’une durée de cinq ans conclu entre le gouvernement démocratiquement élu et la Banque du Canada. Cette entente nous laisse une indépendance d’action dans la poursuite de notre objectif et donne aux Canadiens l’assurance que nous pourrons atteindre notre cible.

Les ingrédients de base du ciblage de l’inflation

La réussite du régime de ciblage de l’inflation dépend de plusieurs ingrédients essentiels, et chacun d’entre eux est touché par la COVID-19.

Mesure de l’inflation

Il faut d’abord une mesure de l’inflation acceptée de tous. C’est là le tout premier ingrédient. Nous nous servons de l’indice des prix à la consommation (IPC), car il fournit la meilleure mesure de l’inflation. L’IPC réunit les prix d’un panier de biens et services de consommation courante. Les produits que l’on achète plus souvent ont plus de poids dans ce panier. Mais comme la COVID-19 est en train de changer nos habitudes de consommation, nous tentons maintenant de comprendre ce que cette évolution signifie pour l’inflation.

La pandémie amène les Canadiens à dépenser beaucoup moins en essence et en billets d’avion, mais plus en épicerie. Et jusqu’à tout récemment, ils ne dépensaient rien chez le coiffeur. Étant donné ces changements, l’IPC en ce moment ne reflète pas totalement l’inflation vécue par les consommateurs. »

Offre et demande

Nous devons ensuite évaluer le niveau de la demande par rapport à l’offre. C’est le second ingrédient. Si la demande de biens et services dépasse ce que l’économie peut produire, l’inflation va augmenter. Par contre, si l’offre de biens et services est plus grande que les besoins, l’inflation va baisser.

La COVID-19 a bouleversé la capacité de l’économie à répondre à la demande. C’est la conséquence des mesures mises en place pour freiner la propagation du virus, comme la distanciation physique et les fermetures temporaires d’entreprises.

Et parce que des millions de Canadiens ont perdu leur emploi ou travaillent moins, les dépenses — la demande — ont chuté. Tant que les gens ne retrouveront pas leur emploi et ne se sentiront pas plus rassurés, les dépenses se feront au compte-gouttes.

Si, comme prévu, l’offre se rétablit plus vite que la demande, il pourrait y avoir alors un écart important entre ces deux variables, et les pressions à la baisse sur l’inflation seront très fortes. En aidant les Canadiens à retourner travailler, nous voulons éviter une diminution persistante de l’inflation, et c’est là notre principale préoccupation. »

Outils

Le troisième ingrédient, ce sont les outils qui nous aident à préserver l’équilibre de l’offre et de la demande, et à garder l’inflation à la cible. Notre principal outil est le taux directeur.

Quand la pandémie a frappé le pays en mars, nous avons baissé le taux directeur à 0,25 %. Durant le déconfinement, les bas taux d’intérêt vont inciter les gens à dépenser et à emprunter. La demande pourra ainsi retourner peu à peu à la normale.

Nous sommes aussi intervenus pour que des marchés clés fonctionnent bien, car, sans cela, nos baisses de taux d’intérêt n’auraient pas l’effet voulu et les entreprises et ménages cesseraient d’avoir accès au crédit.

Enfin, nous achetons chaque semaine pour au moins 5 milliards de dollars de titres du gouvernement du Canada, et nous continuerons de le faire jusqu’à ce que la reprise soit bien entamée. Par un processus qu’on appelle l’« assouplissement quantitatif », ces achats font baisser les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises.

Au-delà du brouillard

L’incertitude créée par la pandémie nous complique la tâche : il est plus difficile pour nous de dégager les perspectives de croissance et d’inflation.

Ce n’est pas facile de voir ce que l’avenir nous réserve. Qu’adviendra-t-il du virus? de l’offre et de la demande? de la confiance des consommateurs et des entreprises? Une fois le déconfinement commencé et les gens de nouveau au travail, des signes encourageants devraient se pointer à l’horizon. Mais certains dégâts de la pandémie prendront, selon toute probabilité, du temps à réparer, et la reprise sera en dents de scie.

Malgré la pluralité des outils que nous mettons à profit en ces temps hors du commun, notre politique demeure ancrée dans le même cadre. La cible d’inflation est notre phare : elle guide nos actions pour aider l’économie à se sortir de la crise – de la réouverture à la récupération, et jusqu’à la reprise. »

Le gouverneur Macklem répond aux questions des médias après son discours.

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