Projections

Rapport sur la politique monétaire – Janvier 2025

La croissance économique au Canada devrait se redresser, soutenue par les baisses de taux d’intérêt passées, et l’inflation globale devrait rester près de la cible de 2 %.

La projection ne tient pas compte d’éventuels droits de douane imposés par les États-Unis (Point de mire : Évaluation des conséquences potentielles des droits de douane américains). Elle suppose que l’incertitude accrue entourant la politique de commerce extérieur des États-Unis aura une incidence négative modeste sur les investissements des entreprises.

Comparer les projections récentes de la Banque


Projection pour l’économie canadienne

La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait se situer en moyenne à 1,8 % au cours de la période de projection.

Tableau 1 : Contribution à la croissance annuelle moyenne du PIB réel Points de pourcentage*†
2023 2024 2025 2026
Consommation 1,0
(0,9)
1,1
(1,2)
1,3
(0,7)
0,9
(1,1)
Logement -0,7
(-0,9)
-0,1
(0,0)
0,5
(0,5)
0,2
(0,5)
Administrations publiques 0,6
(0,5)
0,7
(0,7)
0,5
(0,6)
0,4
(0,4)
Investissements fixes des entreprises 0,2
(-0,1)
-0,1
(-0,1)
0,1
(0,4)
0,2
(0,5)
Total partiel : demande intérieure finale 1,1
(0,5)
1,6
(1,8)
2,4
(2,2)
1,7
(2,5)
Exportations 1,6
(1,8)
0,3
(0,4)
0,6
(1,5)
0,8
(1,0)
Importations -0,1
(-0,3)
-0,2
(-0,2)
-0,7
(-1,1)
-0,8
(-1,2)
Stocks -1,1
(-0,8)
-0,4
(-0,8)
-0,5
(-0,5)
0,1
(0,0)
PIB 1,5
(1,2)
1,3
(1,2)
1,8
(2,1)
1,8
(2,3)
Pour mémoire (taux de variation) :
Fourchette de la production potentielle 1,4–3,2
(1,4–3,2)
2,1–2,8
(2,1–2,8)
1,1–2,4
(1,1–2,4)
0,9–2,2
(0,9–2,2)
Inflation mesurée par l’IPC 3,9
(3,9)
2,4
(2,5)
2,3
(2,2)
2,1
(2,0)
  1. * Les chiffres entre parenthèses sont tirés des projections présentées dans le Rapport précédent.
  2. † Parce que les chiffres sont arrondis, la somme des éléments ne correspond pas toujours au total.

Sources : Statistique Canada et calculs et projections de la Banque du Canada

Projection trimestrielle

L’inflation globale devrait rester près de la cible de 2 % durant la période de projection.

Tableau 2 : Résumé des projections trimestrielles relatives à l’économie canadienne*
20242025 2023 2024 2025 2026
T2 T3 T4 T1 T4 T4 T4 T4
Inflation mesurée par l’IPC (taux de variation sur un an) 2,7
(2,7)
2,1
(2,1)
1,9
(2,1)
2,1
 
3,3
(3,3)
1,9
(2,1)
2,4
(2,0)
2,1
(2,0)
Inflation fondamentale (taux de variation sur un an) 2,9
(2,8)
2,5
(2,5)
2,6
(2,3)
2,5
 
3,5
(3,4)
2,6
(2,3)
2,1
(2,1)
2,1
(2,0)
PIB réel (taux de variation sur un an) 1,1
(0,9)
1,5
(1,4)
1,8
(1,8)
1,7
 
1,2
(1,0)
1,8
(1,8)
1,9
(2,3)
1,7
(2,3)
PIB réel (taux de variation sur un trimestre, chiffres annualisés) 2,2
(2,1)
1,0
(1,5)
1,8
(2,0)
2,0
 
  1. * Pour des précisions, voir Principaux éléments de la projection. Les chiffres entre parenthèses sont tirés des projections présentées dans le Rapport précédent.
  2. † L’inflation fondamentale est la moyenne de l’IPC-tronq et de l’IPC-méd.
  3. ‡ Au moment où la projection a été effectuée, le quatrième trimestre de 2024 et le premier de 2025 étaient les seuls trimestres de la période de projection pour lesquels des indicateurs existaient et étaient susceptibles de nous éclairer sur la croissance du PIB réel. Les taux de variation sur un an au quatrième trimestre sont présentés pour fournir une perspective à plus long terme. Ils représentent les taux de croissance projetés de l’IPC et du PIB réel au cours d’une année donnée. Par conséquent, ils peuvent être différents des taux de croissance moyens annuels présentés au tableau 1.

Projection pour l’économie mondiale

L’économie mondiale devrait progresser à un rythme d’environ 3 % en 2025 et en 2026 (graphique 26).

Tableau 3 : Croissance projetée de l’économie mondiale
Croissance projetée*
(en pourcentage)
Part du PIB mondial réel
(en pourcentage)
2023 2024 2025 2026
États-Unis 15 2,9
(2,9)
2,8
(2,8)
2,6
(2,4)
2,3
(2,2)
Zone euro 12 0,5
(0,5)
0,7
(0,7)
0,8
(1,2)
1,3
(1,6)
Japon 3 1,5
(1,7)
-0,2
(-0,1)
1,2
(1,3)
1,1
(1,0)
Chine 19 5,2
(5,2)
5,0
(4,6)
4,9
(4,3)
4,1
(4,1)
Pays émergents importateurs de pétrole 34 4,0
(3,9)
3,7
(3,7)
3,8
(4,0)
4,1
(4,0)
Autres pays§ 17 1,6
(1,4)
2,1
(2,0)
2,1
(2,2)
2,5
(2,2)
Monde 100 3,2
(3,2)
3,1
(3,0)
3,1
(3,1)
3,1
(3,0)
  1. * Les chiffres entre parenthèses correspondent aux projections présentées dans le Rapport précédent.
  2. † La part de chaque pays ou groupe de pays est calculée d’après les estimations du Fonds monétaire international concernant les PIB mesurés en parité des pouvoirs d’achat pour 2023, publiées en octobre 2024 dans les Perspectives de l’économie mondiale. Parce que les chiffres sont arrondis, il se peut que la somme des pourcentages ne soit pas égale à 100.
  3. ‡ Le groupe des pays émergents importateurs de pétrole n’inclut pas la Chine. Il est composé des grands pays émergents d’Asie, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique – comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud –, et de nouveaux pays industrialisés comme la Corée du Sud.
  4. § Le groupe « Autres pays » comprend des économies qui ne font pas partie des cinq premières régions. Il est composé des pays émergents exportateurs de pétrole (p. ex., Russie, Nigéria et Arabie saoudite) et des autres économies avancées (p. ex., Canada, Royaume-Uni et Australie).

Sources : sources nationales via Haver Analytics et calculs et projections de la Banque du Canada

Graphique 26 : Croissance projetée de l’économie mondialeTaux de variation sur un an
* Le groupe des pays émergents importateurs de pétrole n’inclut pas la Chine. Il est composé des grands pays émergents d’Asie, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique – comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud –, et de nouveaux pays industrialisés comme la Corée du Sud.
† Le groupe « Autres pays » comprend des économies qui ne font pas partie des cinq premières régions. Il est composé des pays émergents exportateurs de pétrole (p. ex., Russie, Nigéria et Arabie saoudite) et des autres économies avancées (p. ex., Canada, Royaume-Uni et Australie).
‡ Le PIB mondial correspond à une moyenne pondérée des estimations du Fonds monétaire international concernant les PIB mesurés en parité des pouvoirs d’achat pour 2023, publiées en octobre 2024 dans les Perspectives de l’économie mondiale.
Sources : sources nationales via Haver Analytics et calculs et projections de la Banque du Canada

Révisions des projections

Les révisions suivantes ont été apportées aux projections pour les économies canadienne et mondiale, à la lumière des nouvelles données obtenues depuis le Rapport d’octobre.

Perspectives mondiales

Les perspectives de croissance de l’économie mondiale sont généralement conformes au Rapport d’octobre, même si la composition de la croissance a changé. La croissance a été revue à la hausse pour les États-Unis et la Chine, et à la baisse pour la zone euro et certains pays émergents.

  • Les prévisions de croissance du PIB américain en 2025 et en 2026 ont été révisées à la hausse, notamment en raison de l’incidence nette :
    • du plus fort dynamisme de la consommation et des dépenses publiques
    • de la prolongation supposée des dispositions de la Tax Cuts and Jobs Act
    • du resserrement des conditions financières, qui freine la croissance
  • Les perspectives pour l’économie chinoise ont aussi été revues à la hausse à court terme, car le contexte de départ des exportations est plus favorable qu’on l’estimait.
  • Du côté de la zone euro, les perspectives de croissance ont été revues à la baisse en raison de la plus faible productivité et de défis de compétitivité dans le secteur manufacturier.

Perspectives au Canada

Les perspectives de croissance au Canada ont été révisées à la baisse comparativement à ce qui était présenté dans le Rapport d’octobre.

  • Le taux d’augmentation du PIB au troisième trimestre de 2024 s’est établi 0,5 point de pourcentage sous la projection en raison de l’apport plus faible qu’escompté des investissements en stocks, des exportations et des investissements des entreprises. Cette faiblesse a été en partie contrebalancée par une croissance de la consommation et des dépenses publiques plus robustes que prévu.
  • Le taux d’augmentation du PIB en 2025 et en 2026 devrait être plus faible d’environ 0,3 et 0,5 point de pourcentage respectivement. Ce changement s’explique principalement par la révision à la baisse du taux d’expansion démographique entraînée par les nouvelles politiques fédérales en matière d’immigration et par la mise à jour des hypothèses relatives aux sorties de résidents non permanents.
    • Pour 2025, la croissance de la consommation a été révisée à la hausse de 0,9 point de pourcentage. Cette croissance plus forte de la consommation par habitant reflète une diminution moins rapide qu’on s’y attendait du rythme d’accroissement des salaires. Alors que pour 2026, la croissance de la consommation a été revue à la baisse de 0,5 point de pourcentage en raison du ralentissement de l’expansion démographique.
    • La croissance attendue des investissements des entreprises est inférieure de 2,8 points de pourcentage en moyenne par rapport aux prévisions précédentes, surtout en raison de l’affaiblissement de la demande.
      • L’incertitude accrue pesant sur la politique de commerce extérieur des États-Unis a fait régresser le niveau prévu des investissements de 0,5 % d’ici la fin de 2026.
      • La faiblesse du dollar canadien, qui fait grimper le coût des machines et du matériel importés, devrait aussi faire reculer les investissements d’environ 1 % d’ici la fin de 2026.
    • La croissance des exportations a également été revue à la baisse de 1,8 point de pourcentage en moyenne pour 2025 et 2026, les exportations ayant affiché une faiblesse inattendue comparativement à la progression de la demande extérieure, une tendance qui devrait persister.
    • La croissance des importations a aussi été révisée à la baisse d’à peu près 1 point de pourcentage en moyenne par rapport aux prévisions en raison de la plus lente demande intérieure.
  • Les capacités excédentaires ont été revues à la baisse.
    • Les révisions des données historiques montrent que le niveau de l’activité économique observé à partir de 2021 était plus élevé que ce que l’on énonçait dans le Rapport d’octobre1. Les changements les plus importants ont été apportés aux données sur les investissements des entreprises et les dépenses de consommation.
    • Les révisions à la hausse de la production potentielle ont également été substantielles, mais pas autant que celles de l’activité économique2.
    • Par conséquent, il y a un peu moins d’offre excédentaire dans l’économie qu’on le postulait dans le Rapport d’octobre. On estime que l’écart de production s’est réduit d’environ 0,3 point de pourcentage relativement à sa valeur enregistrée avant les révisions à la hausse des données historiques.
  • Le taux d’augmentation de la production potentielle a été revu à la baisse d’environ 0,3 et 0,6 point de pourcentage pour 2025 et 2026, respectivement. La croissance du facteur travail tendanciel devrait se modérer en raison du ralentissement de l’expansion démographique. Cette prévision est en partie compensée par la croissance plus forte de la productivité tendancielle du travail, sous l’effet d’un ratio capital/travail plus élevé vu la croissance plus lente qu’attendu du facteur travail.

Le congé temporaire de TPS/TVH a entraîné une révision de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) d’abord à la baisse puis à la hausse comparativement aux perspectives d’octobre. Si l’on fait abstraction de ce facteur, la projection de l’inflation devrait être légèrement plus élevée qu’attendu.

  • L’inflation plus faible qu’anticipé au quatrième trimestre de 2024 et la révision à la baisse au premier trimestre de 2025 sont principalement attribuables au congé temporaire de TPS/TVH sur certains biens et services par le gouvernement fédéral. De même, les perspectives d’inflation pour le premier trimestre de 2026 ont été révisées à la hausse afin de tenir compte de l’effet de glissement annuel de cette mesure.
  • Considérant qu’on fait abstraction de l’incidence du congé de taxes, les perspectives d’inflation ont été revues légèrement à la hausse. La révision reflète la diminution de l’offre excédentaire, l’augmentation des prix du pétrole et la hausse des prix des importations entraînée par la dépréciation du dollar canadien. Les pressions à la hausse sont partiellement compensées par un niveau de départ moins élevé de l’inflation et une modération de l’augmentation des frais de logement.

Principaux éléments de la projection

La projection de la Banque repose sur plusieurs éléments et hypothèses clés. La Banque réexamine périodiquement ces hypothèses et ajuste sa projection économique en conséquence.

  • La projection repose sur l’hypothèse que l’administration américaine n’imposera pas de nouveaux droits de douane. Cependant, elle tient compte d’une légère révision à la baisse des investissements des entreprises entraînée par l’incertitude accrue entourant les politiques.
  • La Banque postule que le taux de croissance de la population âgée de 15 ans et plus sera de 3,3 % en 2024. Il diminuera pour s’établir à 0,5 % d’ici 2026, soit 1 point de pourcentage plus bas que ce qui était prévu dans le Rapport d’octobre. Cette révision tient compte de deux facteurs :
    • l’abaissement des cibles pour l’admission de résidents permanents aux termes du Plan des niveaux d’immigration 2025-2027 du gouvernement fédéral annoncé le 24 octobre 2024
    • les révisions à la baisse des perspectives pour les flux nets de résidents non permanents, qui tiennent compte de nouveaux renseignements au sujet des périodes de validité des permis temporaires
  • La croissance de la production potentielle au Canada devrait ralentir et passer d’à peu près 2,5 % en 2024 à environ 1,5 % en moyenne sur la période 2025-2026.
  • La Banque estime que l’écart de production se situait entre -1,25 et -0,25 % au dernier trimestre de 2024.
  • La projection intègre les données des budgets fédéral et provinciaux publiés et des mises à jour budgétaires récentes qui avaient été déposées au moment de la rédaction du Rapport.
  • Pour la période de projection, la Banque situe le prix du baril de pétrole à 80 $ US pour le Brent, à 75 $ US pour le West Texas Intermediate et à 60 $ US pour le Western Canadian Select. Ces prix sont 5 $ US au-dessus de l’hypothèse formulée dans le Rapport d’octobre.
  • Par convention, la Banque ne fait pas de prévision sur le taux de change dans le Rapport sur la politique monétaire. Elle prend pour hypothèse que le dollar canadien demeurera à 70 cents américains durant la période de projection, soit 3 cents plus bas que ce qui était postulé dans le Rapport d’octobre.
  • La Banque estime que le taux d’intérêt nominal neutre au Canada se situe dans une fourchette de 2,25 à 3,25 %. La projection repose sur l’hypothèse que le taux neutre correspond au point médian de cette fourchette. Le taux neutre correspond quant à lui au niveau que le taux directeur devrait atteindre à long terme lorsque la production se maintient durablement à son niveau potentiel et que l’inflation est à la cible (soit après dissipation de tous les chocs cycliques). Il s’agit d’un concept d’équilibre à moyen et à long terme. La Banque réexamine ses estimations du taux neutre chaque année en avril.
  1. 1. Depuis la parution du Rapport d’octobre, les révisions historiques des Comptes économiques nationaux de Statistique Canada du premier trimestre de 2021 au deuxième trimestre de 2024 ont été publiées en même temps que les données pour le troisième trimestre de 2024.[]
  2. 2. Pour en savoir plus au sujet de la production potentielle, voir T. Devakos, C. Hajzler, S. Houle, C. Johnston, A. Poulin-Moore, R. Rautu et T. Taskin, « La production potentielle au Canada : évaluation de 2024 », note analytique du personnel 2024-11 de la Banque du Canada (avril 2024).[]