Perspectives

Rapport sur la politique monétaire – Janvier 2025 – Économie canadienne

La croissance de l’économie canadienne devrait se raffermir pour avoisiner 1,8 % en 2025 et 2026, surpassant celle de la production potentielle. L’offre excédentaire devrait se résorber graduellement, et on s’attend à ce que l’inflation se maintienne près de la cible de 2 % visée par la Banque.

Les perspectives économiques reposent sur plusieurs hypothèses centrales (Principaux éléments de la projection, section Projections). Il est important de noter que la projection ne tient pas compte de l’imposition potentielle de droits de douane généralisés par les États-Unis, laquelle pourrait avoir une incidence importante sur les perspectives de croissance et d’inflation (Point de mire : Évaluation des conséquences potentielles des droits de douane américains). Compte tenu de la hausse de l’incertitude quant aux politiques commerciales américaines, la projection intègre de modestes répercussions négatives sur les investissements des entreprises canadiennes.

L’assouplissement de la politique monétaire devrait continuer de contribuer au raffermissement de l’activité économique en stimulant les dépenses des ménages et des entreprises. Parallèlement, les exportations devraient encore être soutenues par la capacité accrue de transport de pétrole et de gaz naturel, ainsi que par la vigueur continue de l’économie américaine.

Les perspectives de croissance au Canada ont été revues à la baisse depuis le Rapport d’octobre en raison des nouvelles politiques publiques visant à réduire l’immigration et de l’actualisation des hypothèses concernant le nombre de résidents non permanents qui quitteront le Canada. La diminution du nombre de nouveaux arrivants devrait faire baisser le nombre de nouveaux consommateurs et travailleurs, ce qui aura une faible incidence nette sur l’inflation (Perspectives au Canada, section Projections).

Activité économique

À mesure que les effets de la politique monétaire continueront à se faire sentir dans l’économie, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter, passant d’à peu près 1,3 % en 2024 à environ 1,8 % en 2025 et 2026 (tableau 1, section Projections). On s’attend à ce que la croissance trimestrielle ralentisse pour suivre de plus près la progression de la production potentielle vers la fin de la période de projection, où les effets de l’assouplissement de la politique monétaire s’estomperont.

La croissance du PIB devrait se redresser

La trajectoire de la croissance économique au cours de la période de projection reflète l’effet net de deux forces opposées (graphique 12).

  • D’un côté, la croissance du PIB par habitant devrait se raffermir en 2025. Les dépenses des ménages par habitant en seront le principal facteur, stimulées par les effets de la baisse des taux d’intérêt ainsi que par la hausse des revenus et l’augmentation de la richesse des ménages. Les mesures ponctuelles prises par le gouvernement pour soutenir la consommation au début de 2025 y contribueront également. La croissance des exportations et les investissements des entreprises devraient aussi augmenter.
  • De l’autre côté, la croissance démographique devrait ralentir. Après avoir atteint environ 2,3 % dans la deuxième moitié de 2024, elle devrait descendre à 0,5 % au deuxième trimestre de 2025, et devrait garder ce rythme pour le reste de la période de projection.

Sur une base trimestrielle, la croissance du PIB devrait s’affaiblir vers la fin de la période de projection pour suivre de plus près la croissance de la production potentielle, étant donné que les effets de l’assouplissement de la politique monétaire se dissiperont à ce moment-là.

Graphique 12 : La croissance du PIB par habitant devraitaugmenter en 2025Contribution à la croissance du PIB réel par habitant (15 ans et plus),données trimestrielles
Nota : Les données sur la population de 15 ans et plus sont tirées des estimations trimestrielles de la population de Statistique Canada.
Sources : Statistique Canada et calculs, estimations et projections de la Banque du Canada
Dernières valeurs du graphique : 2026T4

L’offre excédentaire devrait se résorber graduellement

On prévoit que la croissance de la production potentielle reculera pour passer de 2,5 % en 2024 à environ 1,5 % en 2025 et 2026. Ce recul sera entre autres attribuable au ralentissement prévu de l’expansion démographique au cours de la période de projection (Principaux éléments de la projection, section Projections). Il sera cependant partiellement contrebalancé par le redressement attendu de la croissance de la productivité tendancielle du travail.

La croissance du PIB devrait surpasser celle de la production potentielle en 2025 et 2026, et l’offre excédentaire devrait donc se résorber (graphique 13).

Graphique 13 : La croissance du PIB devrait dépasser celle de la production potentielleTaux de variation sur un an, données trimestrielles
Sources : Statistique Canada et calculs, estimations et projections de la Banque du Canada
Dernières valeurs du graphique : 2026T4

La croissance de la consommation par habitant devrait augmenter

Dans l’ensemble, la croissance de la consommation devrait fléchir sur l’horizon de projection, en phase avec le ralentissement démographique.

Par habitant, toutefois, on s’attend à ce qu’elle augmente pour s’établir en moyenne autour de 1 % en 2025 et 2026, soutenue par les baisses passées des taux d’intérêt, la forte augmentation des revenus et l’accroissement de la richesse des ménages en raison de la montée des prix des maisons. Conformément à ces perspectives, les répondants à la plus récente enquête de la Banque sur les attentes des consommateurs au Canada prévoient accroître leurs dépenses non essentielles au cours des 12 prochains mois (graphique 14).


La croissance de l’investissement résidentiel devrait être robuste en 2025

On s’attend à ce que l’investissement résidentiel affiche une croissance robuste, de l’ordre de 6 %, en 2025 (graphique 15).

  • Les reventes devraient progresser à un rythme accru, stimulées à la fois par les baisses des taux hypothécaires et par les modifications apportées aux règles d’assurance hypothécaire.
  • La demande refoulée de logements devrait soutenir la construction neuve. Cela dit, le développement de l’offre devrait être limité à court terme en raison de contraintes liées à la quantité de terrains disponibles pour de nouveaux logements, des restrictions de zonage et du manque de main-d’œuvre qualifiée.

En 2026, la croissance de l’investissement résidentiel devrait ralentir pour s’établir à environ 2,6 %. On prévoit que le taux d’inoccupation des logements augmentera graduellement, à mesure que l’expansion démographique ralentira et que davantage de logements seront construits. Il devrait toutefois rester relativement faible.


La croissance des investissements des entreprises devrait demeurer modeste

Les investissements des entreprises devraient voir leur croissance s’améliorer, mais rester modeste, soit à 1,6 % en moyenne sur l’horizon de projection. Ils devraient être soutenus par l’accroissement plus fort de la demande et les baisses passées des taux d’intérêt. On s’attend à ce que l’augmentation de la capacité d’exportation favorise les investissements dans le secteur de l’énergie. En même temps, la montée de l’incertitude entourant les échanges commerciaux pèsera sur les projets d’investissement des entreprises. Notons également que la récente dépréciation du dollar canadien a rendu les machines et le matériel importés plus coûteux. 

La Banque prévoit que la croissance des dépenses publiques va ralentir en accord avec les budgets et énoncés économiques du gouvernement fédéral et des provinces.

La croissance des exportations devrait être soutenue par la capacité accrue de transport de pétrole et de gaz naturel

La croissance des exportations devrait se renforcer pour se chiffrer aux alentours de 2,2 % en moyenne. Elle devrait être stimulée par l’augmentation de la capacité de transport de pétrole via le réseau d’oléoducs Trans Mountain, et de gaz naturel liquéfié grâce à la mise en service de nouvelles installations d’exportation prévue à la mi-2025. Les exportations hors produits de base devraient augmenter lentement au cours de la période de projection, malgré la vigueur de la demande étrangère.

Pour sa part, la croissance des importations devrait se raffermir et se maintenir à environ 2,4 % en moyenne en 2025 et 2026, soit à peu près le même rythme que la croissance de la demande intérieure.

Perspectives d’inflation

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) devrait rester proche de la cible au cours de la période de projection. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque devraient quant à elles diminuer graduellement pour se rapprocher de 2 %, en phase avec le ralentissement continu de la hausse des frais de logement (tableau 2, section Projections).

Le congé temporaire de TPS/TVH visant certains produits et services continuera d’ajouter de la volatilité à l’inflation durant les trois premiers mois de l’année. Après avoir recoupé 0,5 point de pourcentage à l’inflation sur un an en décembre, il va probablement y soustraire environ 0,8 et 0,4 point de pourcentage en janvier et février, respectivement (graphique 16). En mars, cette mesure temporaire aura pris fin, et l’inflation remontera. Les effets du congé de TPS/TVH se constatent surtout sur les prix des repas et de l’alcool au restaurant (graphique 16, barres orange).


Sur la période de projection, l’inflation devrait demeurer près de la cible de 2 % (graphique 17).

La hausse des frais de logement devrait continuer de perdre de la vitesse, sans toutefois redescendre sous sa moyenne historique. Les baisses passées des taux d’intérêt continueront de contribuer à la progression plus lente du coût de l’intérêt hypothécaire. Étant donné que les loyers demandés diminuent pour la première fois depuis plusieurs années et que l’expansion démographique devrait continuer de ralentir, on prévoit que le rythme d’augmentation des loyers décélérera encore1.

En revanche, la croissance des prix des composantes hors logement devrait augmenter, mais rester quelque peu inférieure à sa moyenne historique sur l’horizon de projection. Cette augmentation devrait se produire alors que l’offre excédentaire se dissipera et que la récente dépréciation du dollar canadien alimentera la progression des prix des biens importés.


  1. 1. La composante des loyers mesure les loyers avec ajustement de la qualité pour l’ensemble des logements locatifs au Canada. Les loyers demandés reflètent le prix courant dans les nouveaux contrats de location.[]