Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2024
La Banque perçoit des risques aussi bien à la hausse qu’à la baisse pour les perspectives d’inflation, mais elle estime que celles qui sont énoncées dans son scénario de référence constituent l’évolution la plus probable.
Dans l’ensemble, la Banque juge que les risques entourant l’inflation sont équilibrés. Dans un contexte où l’inflation avoisine 2 %, la Banque se préoccupe autant d’un taux d’inflation se situant au-dessus qu’au-dessous du niveau attendu.
Hypothèses et incertitudes
La croissance projetée du produit intérieur brut (PIB) réel dépend fortement des hypothèses entourant la trajectoire de la croissance démographique (Principaux éléments de la projection, section Projections). Le gouvernement fédéral a annoncé une série de mesures visant à réduire les arrivées de résidents non permanents. Comme on en faisait état dans le Rapport de juillet, les incertitudes entourant leur calendrier de mise en œuvre, combinées à l’éventualité de dispositions supplémentaires, font en sorte que la trajectoire de la croissance démographique est plus difficile à prévoir que d’habitude.
Les perspectives sont également soumises à une incertitude géopolitique accrue. Par exemple, les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, l’aggravation des tensions commerciales et les résultats des élections aux États-Unis et ailleurs. Tous ces événements pourraient avoir des répercussions à la fois sur les perspectives de croissance économique et sur les perspectives d’inflation, au Canada et à travers le monde.
Principaux risques à la hausse
On recense deux grandes catégories de risques à la hausse. D’une part, l’inflation dans le secteur des services pourrait être plus persistante que ce qui était prévu dans le scénario de référence. D’autre part, des événements géopolitiques dans le monde pourraient raviver les pressions inflationnistes.
L’inflation dans le secteur des services pourrait persister
Le rythme d’augmentation des frais de logement devrait décélérer mais rester élevé. Le taux d’inoccupation des logements demeure proche des creux historiques. Les réductions des taux d’intérêt, la demande refoulée et les récentes modifications apportées aux règles du financement hypothécaire pourraient engendrer une demande de logements plus forte que postulé dans la projection, et donc, entraîner des hausses plus marquées des prix des logements et des loyers.
Pour beaucoup de services hors logement, les coûts de main-d’œuvre représentent une part importante du total des coûts. La projection de la Banque incorpore un ralentissement de la croissance des salaires et un redressement de la productivité, qui contribuent ensemble à une atténuation des pressions sur les coûts. Des coûts de main-d’œuvre plus hauts qu’escompté pourraient se traduire par une inflation plus forte que prévu.
Des changements géopolitiques pourraient alimenter l’inflation
Le taux de croissance des prix des biens pourrait monter davantage que dans la projection. Un élargissement éventuel du conflit dans le Moyen-Orient qui pourrait perturber la production de pétrole en Iran constitue un important risque à la hausse entourant les cours pétroliers. En outre, les frais de transport pourraient augmenter, du fait des attaques qui continuent de viser les routes maritimes internationales. La guerre se poursuit également en Ukraine, avec une possibilité d’escalade qui pourrait entraver l’offre de matières premières importantes à l’échelle mondiale. Si elles devaient persister ou s’aggraver, ces perturbations pourraient faire augmenter les coûts de production et faire grimper rapidement l’inflation dans le secteur des biens.
En même temps, les tensions commerciales se sont intensifiées et une gamme de plus en plus large de biens et services sont visés par des mesures restrictives. Ces tensions pourraient causer des perturbations des flux commerciaux et s’accompagner de droits de douane supplémentaires, soit un contexte induisant des pressions à la hausse sur l’inflation.
Principaux risques à la baisse
La faiblesse des dépenses des ménages au Canada et un ralentissement de l’économie mondiale sont les deux principaux risques à la baisse pesant sur l’inflation.
Les dépenses des ménages pourraient rester modérées
Les dépenses des ménages pourraient être plus faibles que ce qui était envisagé dans le scénario de référence. Au Canada, de nombreux emprunteurs devront faire face à des coûts du service de la dette plus élevés lors du renouvellement de leurs prêts hypothécaires. Si les conditions du marché du travail s’avéraient plus défavorables qu’anticipé, les dépenses de consommation s’en ressentiraient. Au-delà, la croissance plus lente de la consommation inciterait moins les entreprises à investir ou à recruter. Dans l’ensemble, le ralentissement de l’activité économique accentuerait les pressions à la baisse sur l’inflation.
La croissance des prix des biens pourrait être plus faible que prévu
La croissance des prix des biens a été faible dans le monde. Si la demande intérieure en Chine se révélait plus tempérée qu’attendu, les entreprises de ce pays pourraient réserver une plus grande part de leur production à l’exportation. Le surcroît de produits sur les marchés étrangers qui en découlerait serait une source supplémentaire de pressions baissières sur les prix mondiaux des biens. Par ailleurs, l’atonie de la demande intérieure en Chine pourrait être à l’origine de nouvelles pressions à la baisse sur les cours du pétrole et d’autres matières premières. La progression des prix de l’énergie et des biens au Canada deviendrait alors inférieure aux projections.