Incidence de la fréquence des modifications de prix sur l’inflation

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2024 – Point de mire

Les prix changent constamment, certains plus souvent que d’autres. La fréquence des modifications de prix peut avoir une incidence sur la rapidité avec laquelle les changements de conjoncture économique influent sur l’inflation.

Les prix s’ajustent à différentes fréquences

Les prix tendent à varier plus fréquemment lorsque la demande dépasse l’offre et que l’inflation est élevée. C’est pourquoi les entreprises ont modifié leurs prix plus souvent qu’auparavant au cours des années qui ont suivi la pandémie.

Toutefois, plus récemment, les pratiques d’établissement des prix des entreprises sont revenues à la normale1. Par ailleurs, même en temps normal, les entreprises ajustent certains prix plus fréquemment que d’autres. Le prix du produit de consommation médian change environ tous les cinq mois. Certains prix – comme ceux de l’essence – changent tous les jours, tandis que d’autres – comme ceux des produits d’assurance – sont généralement fixés par des contrats d’un an.

Les prix modifiés plus souvent tirent l’inflation vers le bas

Les taux d’inflation sont maintenant inférieurs à leurs moyennes historiques pour beaucoup de composantes de l’indice des prix à la consommation (IPC) qui connaissent des modifications de prix fréquentes. En effet, dans l’ensemble, on observe une baisse des prix de ces composantes (graphique 26)2. Cette déflation s’explique par l’ajustement rapide au ralentissement de la croissance des coûts des intrants à l’échelle mondiale et à l’atonie de la demande intérieure. Les vêtements et les véhicules automobiles ainsi que quelques services comme la location d’automobiles font partie des composantes dont les prix changent fréquemment.

L’inflation dans le cas de ces produits aux prix plus flexibles devrait augmenter sous l’effet de la reprise de la demande.


L’inflation est revenue à la normale pour certaines composantes dont les prix sont modifiés moins souvent

L’inflation se situe en moyenne près de la normale historique pour les composantes dont les prix varient moins souvent3. Cela dit, elle demeure inférieure ou supérieure à la moyenne pour plusieurs composantes. Ainsi, la croissance des prix est actuellement sous la normale du côté des services de communication, en partie à cause de changements réglementaires, mais demeure élevée pour d’autres composantes de cette catégorie. C’est notamment le cas de celles pour lesquelles les coûts de main-d’œuvre représentent une part significative des coûts de production, par exemple les services de soins personnels et les aliments achetés au restaurant.

Comme les salaires sont habituellement négociés une fois par année, ils tendent à s’adapter lentement aux changements de conjoncture économique. L’évolution graduelle des coûts et des salaires se répercute sur les prix, lesquels sont modifiés peu souvent.

L’assouplissement des conditions du marché du travail ouvre la voie à un ralentissement de la croissance des coûts de main-d’œuvre au cours de l’année à venir. Avec le temps, cela devrait mener à un ralentissement graduel de l’inflation pour les composantes de cette catégorie dont les prix ont connu une croissance importante.

L’augmentation des frais de logement tarde à s’adapter aux conditions du marché

De manière générale, les composantes liées au logement connaissent des taux d’inflation bien supérieurs à leurs moyennes historiques. Par exemple, la composante « loyer » de l’IPC enregistre actuellement une croissance de quelque 8 %, contre environ 3 % en 2019. Deux facteurs expliquent que cette composante tarde à s’ajuster :

  • Les contrats de location sont habituellement renégociés une seule fois par année.
  • La réglementation gouvernementale limite les augmentations de prix pour beaucoup de locataires qui ne déménagent pas.

Ainsi, les pressions sur le marché locatif sont observées au fil du temps dans les données de l’IPC liées aux loyers. Le taux de croissance des loyers diminuera donc relativement lentement malgré l’amélioration des conditions sous-jacentes du marché.

Résumé

La Banque du Canada s’attend à ce que l’inflation s’ancre près de la cible de 2 %. La trajectoire de l’inflation globale reflète l’évolution des prix des biens et services, qui ont tendance à s’adapter aux changements de conjoncture économique selon différentes fréquences. Comme il est difficile de prévoir le moment exact de ces ajustements, la trajectoire de l’inflation pourrait ne pas être aussi lisse que dans la projection.

  1. 1. Pour en savoir plus sur la façon dont la situation économique influe sur la fréquence des modifications de prix, voir N. Vincent, « Comprendre l’inhabituel : la détermination des prix en période de forte inflation », discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Montréal, 3 octobre 2023. Voir aussi O. Bilyk, M. Khan et O. Kostyshyna, « Pratiques d’établissement des prix et inflation durant la pandémie de COVID‑19 : ce que révèlent les microdonnées sur les prix à la consommation », note analytique du personnel 2024‑6 de la Banque du Canada (avril 2024).[]
  2. 2. Le personnel utilise les microdonnées de l’IPC pour déterminer si le prix d’un produit change fréquemment ou non selon qu’il change plus ou moins souvent que le prix du produit médian. Le personnel applique ensuite cette évaluation aux données portant sur les 55 composantes issues de la désagrégation de l’IPC.[]
  3. 3. Les services liés au logement sont exclus de ce groupe de composantes, car ils sont en grande partie absents des microdonnées.[]

Sur cette page
Table des matières