Économie mondiale

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2024


La Banque surveille ce qui se passe dans l’économie mondiale pour en comprendre les répercussions sur l’économie et l’inflation au Canada.


Dans l’ensemble, l’évolution de la croissance économique mondiale se poursuit comme prévu. La composition de cette croissance a toutefois changé.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) aux États-Unis devrait être plus vigoureuse qu’anticipé dans le Rapport de juillet, tandis qu’elle devrait être plus faible dans les pays émergents, surtout en Chine à court terme. Les prix du pétrole ont baissé, et l’inflation s’est modérée tant aux États-Unis que dans la zone euro (graphique 16).

La croissance du PIB mondial a ralenti pour s’établir à 2¾ % à la mi-2024, mais elle devrait se raffermir quelque peu et atteindre 3 % d’ici la fin de l’année. Elle devrait ensuite maintenir ce rythme durant la période de projection (tableau 3, section Projections). L’inflation avoisine maintenant les cibles des banques centrales de nombreux pays.

Graphique 16 : L’inflation est près de la cible

Taux de variation sur un an, données mensuelles


États-Unis

La croissance de l’économie américaine est forte, mais le rythme de l’activité devrait ralentir. Après une période de surchauffe, le marché du travail s’est tempéré.

L’inflation descend, principalement sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie. L’inflation fondamentale demeure toutefois plus élevée que l’inflation globale, et on ne s’attend pas à ce qu’elle baisse avant le début de 2025.

La croissance sera vigoureuse à court terme

La croissance de l’économie américaine a été robuste au cours de la dernière année grâce à une expansion solide de la productivité, à un accroissement du patrimoine financier et aux mesures incitatives du gouvernement fédéral qui soutiennent les investissements publics et privés (graphique 17). On prévoit que la croissance économique se poursuivra à un rythme d’environ 2¾ % dans la deuxième moitié de 2024, étant donné que :

  • l’accroissement du patrimoine financier, l’assouplissement des conditions de financement et la montée continue du revenu disponible réel favorisent les dépenses de consommation
  • la croissance des investissements des entreprises reste solide, en partie grâce aux mesures incitatives du gouvernement fédéral (c.-à-d. la Inflation Reduction Act et la CHIPS and Science Act)
  • les transferts fédéraux et la forte croissance des revenus soutiennent les dépenses des États et des administrations locales

Les mesures incitatives et les transferts du gouvernement fédéral, ainsi que les dépenses importantes au titre de la défense et des programmes obligatoires, ont fait passer le déficit fédéral à environ 6 % du PIB.


Au cours de la dernière année, la production a pu suivre le rythme de la forte demande grâce notamment à l’amélioration des conditions de l’offre. La croissance de la productivité du travail a été de plus de 2½ % en moyenne. L’offre de main-d’œuvre a progressé, en raison d’un redressement de la participation au marché du travail et de l’immigration après la pandémie.

La croissance de l’économie se modérera par la suite

Selon la projection, la croissance devrait se chiffrer à près de 2¼ % en 2025 et 2026. Ce taux est légèrement inférieur aux perspectives de croissance de la production potentielle et, de ce fait, l’économie américaine devrait progressivement atteindre un meilleur équilibre.

La croissance continue d’être soutenue par une immigration et une productivité du travail fortes, mais plusieurs facteurs devraient contribuer à un léger ralentissement. Parmi ces facteurs, mentionnons :

  • l’incidence de moins en moins marquée des mesures incitatives du gouvernement fédéral sur les investissements des entreprises et les dépenses en infrastructures des États et des administrations locales
  • une réduction présumée des dépenses discrétionnaires de l’État fédéral pour répondre aux restrictions imposées par la loi, ce qui devrait freiner la croissance des dépenses publiques
  • l’effacement progressif des effets qu’ont eus les augmentations du patrimoine financier, qui devrait ralentir la progression de la consommation et la rapprocher davantage de celle des revenus

On prévoit toutefois que la demande refoulée et les taux hypothécaires plus bas contribueront à stimuler l’investissement résidentiel. En outre, les taux d’intérêt plus bas et l’expansion solide de la productivité du travail devraient continuer de favoriser la consommation.

L’inflation diminue aux États-Unis

L’inflation mesurée par l’indice de prix relatif aux dépenses de consommation des ménages est passée de 2,6 % en mai à 2,2 % en août (graphique 18), en raison principalement de la baisse des prix du pétrole. Dans le même temps, l’inflation fondamentale s’est maintenue près de 2¾ %. La progression des prix des biens compris dans la mesure de l’inflation fondamentale était faible, tandis que celle des prix des services compris dans cette mesure était forte.

Graphique 18 : L’inflation dans le secteur des services demeure plus élevée qu’avant la pandémie

Taux de variation sur un an, données mensuelles


L’inflation devrait continuer d’avoisiner 2 % durant la période de projection. On s’attend à ce que l’inflation fondamentale diminue, pendant que l’augmentation des prix des biens reste faible et que celle des prix des services se modère. La progression des prix des services compris dans la mesure de l’inflation fondamentale, excluant les frais de logement, devrait fléchir et passer sous la barre des 3 % au début de 2025 à mesure que les effets des hausses de prix inhabituellement fortes (p. ex., assurance automobile et soins de santé) cesseront de se faire sentir dans le taux de variation des prix d’une année à l’autre.

Autres grandes économies

Dans la zone euro, la croissance demeure modeste, soutenue par l’activité du secteur des services. On s’attend à ce que la croissance se redresse quelque peu au cours de la période de projection.

En Chine, la faible progression de la demande intérieure est partiellement contrebalancée par la solide croissance des exportations. Les mesures de relance annoncées récemment devraient soutenir la croissance au cours des trimestres à venir.

La zone euro connaît une croissance modeste

La zone euro progresse à un rythme modeste avoisinant 1 % en raison d’une combinaison de facteurs :

  • Au cours des deuxième et troisième trimestres, l’activité touristique et la demande intérieure ont été alimentées par des événements culturels et sportifs.
  • L’exportation de biens reste modeste. Le secteur manufacturier a été freiné par la faible croissance de la productivité et ne se remet pas aisément des chocs passés de l’approvisionnement énergétique et de la forte concurrence sur les marchés mondiaux des biens.

Quant à la croissance du PIB, on s’attend à ce qu’elle augmente graduellement au cours de la période de projection. À court terme, la demande intérieure en biens devrait s’améliorer. La croissance de la demande intérieure devrait ensuite rester stable, l’effet des baisses de taux d’intérêt venant compenser l’affaiblissement des retombées des événements culturels et sportifs de cette année.

L’inflation est descendue sous les 2 %. Cette diminution reflète surtout l’effet des baisses récemment observées du côté des prix de l’énergie. Quant à l’inflation fondamentale, elle est quelque peu supérieure à l’inflation globale. L’inflation devrait reprendre d’ici la fin de 2024 lorsque les statistiques ne tiendront plus compte des baisses survenues l’an dernier.

Ensuite, en 2025, l’inflation devrait revenir à la cible de la Banque centrale européenne à mesure que l’augmentation des prix des services compris dans la mesure de l’inflation fondamentale se modérera en réponse à la détente du marché du travail et à l’atténuation des pressions sur les salaires.

La croissance de la demande intérieure a été faible en Chine

En Chine, l’activité économique a ralenti abruptement vers le milieu de 2024 en raison de la faible demande intérieure. Cette faiblesse vient surtout des effets du ralentissement dans le marché immobilier, qui se font toujours sentir. La confiance des consommateurs et des entreprises a notamment été ébranlée par la chute des prix des logements.

Ces éléments ont des retombées économiques qui s’étendent au-delà des frontières de la Chine. La faiblesse de la demande intérieure a pesé sur la consommation de pétrole du pays et sur les prix mondiaux du pétrole. En revanche, l’augmentation de la capacité de production et les prix à la baisse des biens manufacturés chinois ont favorisé une forte croissance des exportations.  

Les mesures de soutien devraient stimuler la demande

La croissance du PIB chinois devrait se raffermir, passant d’un taux d’environ 3¼ % au milieu de 2024 à environ 4¼ % en 2025, sous l’effet notamment des récentes mesures de soutien et annonces des autorités. Voici certaines de ces mesures et annonces :

  • allègement des exigences de fonds propres imposées aux banques
  • assouplissement de la politique monétaire
  • promesses politiques de soutien budgétaire supplémentaire
  • proposition de fonds publics pour recapitaliser les plus grandes banques chinoises

Ces mesures et annonces des autorités devraient favoriser la confiance des consommateurs et des entreprises, tout en soutenant le crédit bancaire. La croissance de la demande intérieure devrait s’accélérer en 2025, avant de ralentir en 2026 à mesure que les effets des mesures de relance s’estomperont.

La croissance des exportations ralentira

La croissance des exportations, qui affiche une cadence assez élevée actuellement, devrait toutefois se modérer pour suivre de plus près la croissance de la demande étrangère. La montée des tensions commerciales devrait aussi limiter la demande de certaines exportations.

Produits de base

Les prix du pétrole ont chuté depuis la parution du Rapport de juillet, ce qui témoigne en grande partie de l’affaiblissement de la demande mondiale et de l’appréhension d’une offre excédentaire (Révisions des projections, section Projections).

Les prix du pétrole ont été volatils au cours des dernières semaines (graphique 19). Ces fluctuations de prix sont dues à trois principaux facteurs :

  • Les marchés ont été surpris par la faiblesse de la demande de pétrole en Chine, ce qui a fait baisser les prix.
  • Les marchés ont estimé que l’offre de pétrole pourrait être plus forte qu’attendu précédemment, ce qui a exacerbé la pression à la baisse sur les prix. La production de pétrole a été forte en dehors de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et les pays de l’OPEP+ (l’OPEP en plus de certains producteurs non membres) pourraient augmenter cette production pour conserver leurs parts de marché.
  • L’expansion du conflit au Moyen-Orient – et surtout l’éventualité qu’il s’étende jusqu’à perturber la production pétrolière de l’Iran – a généré une pression à la hausse sur les prix.

Dans l’ensemble, le prix du baril de Brent a oscillé autour de 77 $ US en moyenne depuis la parution du Rapport de juillet. On suppose que cette moyenne se situera à 75 $ US au cours de la période de projection, soit 10 $ de moins que dans la projection du Rapport de juillet.

L’indice des prix des produits de base non énergétiques de la Banque du Canada reste essentiellement inchangé.

Conditions financières

Les conditions financières mondiales se sont adoucies, suivant les réductions de taux directeurs des banques centrales et les attentes des marchés, qui entrevoient d’autres réductions.

Depuis la parution du Rapport de juillet, les communications des banques centrales ont amené les marchés à anticiper d’autres réductions des taux directeurs. En conséquence, les rendements des obligations d’État ont diminué à l’échelle mondiale – surtout ceux des obligations à courte échéance, soit les plus sensibles aux attentes à court terme entourant l’évolution des taux directeurs (graphique 20).


Au Canada, puisque l’inflation continue de baisser, les marchés s’attendent à d’autres baisses de taux. C’est notamment pour cette raison que les rendements à court terme ont affiché une baisse relativement plus marquée du côté des titres canadiens que de ceux des autres pays. Les rendements canadiens à long terme ont eux aussi diminué, quoique dans une moindre mesure. Cette diminution est semblable à celle observée dans d’autres pays, ce qui montre l’importance des facteurs d’ampleur mondiale dans le comportement des titres à longue échéance.

La baisse des rendements des obligations d’État à l’échelle mondiale a aussi contribué à assouplir les conditions financières de façon plus généralisée. Les indices boursiers aux États-Unis et au Canada ont récemment atteint des sommets historiques. En ce qui concerne les obligations de sociétés, les écarts sont plus faibles et les émissions ont été robustes.

Le dollar canadien s’est situé autour de 73 cents américains en moyenne, comme au moment de la publication du Rapport de juillet.

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