Conjoncture

Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2024 – Économie canadienne

L’économie canadienne évolue essentiellement comme prévu. L’inflation se situe maintenant près du point milieu de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada.

La croissance trimestrielle du produit intérieur brut (PIB) a avoisiné 2 %, tandis que le marché du travail continue de se détendre. L’économie, elle, demeure en situation d’offre excédentaire.

L’inflation est passée de 2,7 % en juin à 1,6 % en septembre, principalement en raison des prix de l’énergie plus bas. La hausse des frais de logement a fléchi, mais elle reste élevée. Les pressions sur les prix d’un large éventail d’autres biens et services se sont modérées. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque – l’IPC‑méd et l’IPC‑tronq – ont aussi baissé et se situent à 2,3 et 2,4 %, respectivement.

Activité économique

L’économie canadienne a progressé d’environ 2 % dans la première moitié de l’année, et les données disponibles laissent présager un taux de croissance légèrement inférieur – de l’ordre de 1½ % – au troisième trimestre (graphique 1).


On estime que le rythme de progression de la demande intérieure s’est modéré au troisième trimestre, en raison d’une croissance plus faible des investissements des entreprises et des dépenses publiques. En revanche, on estime que la croissance des exportations s’est accélérée.

La progression du PIB s’explique par l’expansion démographique toujours vigoureuse et un autre recul du PIB par habitant. Au troisième trimestre :

  • on estime que l’expansion démographique a avoisiné 2¾ %, en légère baisse par rapport au taux d’à peu près 3 % affiché dans la première moitié de l’année
  • le PIB par habitant a vraisemblablement diminué d’environ 1¼ %, soit un déclin un peu plus prononcé que la moyenne observée dans la première moitié de l’année

La progression de la demande intérieure a ralenti

Selon les estimations, le rythme de progression de la demande intérieure finale a ralenti, passant de 2,75 % dans la première moitié de l’année à 1,5 % au troisième trimestre. Ce ralentissement s’explique par une décélération des investissements des entreprises et des dépenses publiques.

Les données disponibles indiquent que la croissance de la consommation a avoisiné 1¾ % au troisième trimestre, ce qui correspond à peu près au taux observé dans la première moitié de l’année. Par contre, on estime que les dépenses de consommation par habitant ont encore diminué (graphique 2).


Cette diminution des dépenses par habitant tient sans doute aux effets restrictifs des hausses antérieures des taux d’intérêt et à la détente du marché du travail. Par exemple, les jeunes – qui consacrent habituellement une plus grande part de leur revenu à la consommation que la plupart des autres Canadiennes et Canadiens – ont connu, avec le ralentissement du marché du travail, une hausse du chômage plus importante que les autres groupes d’âge.

Les hausses antérieures des taux d’intérêt ont également une incidence sur le taux d’épargne, qui a atteint environ 8 % au troisième trimestre. Ce taux est nettement supérieur au taux moyen d’environ 3 % observé entre 2010 et 2019. Cette augmentation s’explique par deux principaux facteurs : le rendement relativement élevé de l’épargne et le fait que certains ménages pourraient avoir accumulé un surplus d’épargne en prévision du renouvellement de leurs prêts hypothécaires à des taux plus élevés.

La croissance s’est modérée tant du côté des investissements des entreprises que des dépenses publiques

On estime que les investissements des entreprises ont légèrement diminué au troisième trimestre. Cette baisse est attribuable à un renversement de la forte hausse des investissements en matériel de transport au deuxième trimestre ainsi qu’à la faible confiance des entreprises (graphique 3).


On estime également que la croissance des dépenses publiques a ralenti par rapport à sa forte cadence.

Selon les estimations, l’investissement résidentiel a repris au troisième trimestre après s’être contracté pendant trois trimestres consécutifs.

  • La revente et la construction neuve ont commencé à se redresser, en partie sous l’effet des baisses récentes des taux d’intérêt et de la demande refoulée.
  • Toutefois, les coûts élevés des matériaux et de la main-d’œuvre et la croissance modeste des prix des logements semblent encore peser sur la rénovation, ce qui pourrait limiter la reprise de l’investissement résidentiel à court terme.

La croissance des exportations s’est raffermie

Selon les estimations, la croissance des exportations a augmenté légèrement au troisième trimestre. La capacité accrue du réseau agrandi d’oléoducs Trans Mountain alimente la hausse des exportations d’énergie. Mais cette hausse est contrebalancée en partie par la faiblesse des exportations de pièces automobiles, qui ont été touchées par les fermetures de maintenance temporaires d’usines de production aux États-Unis.

Les résultats des plus récentes enquêtes de la Banque auprès des entreprises canadiennes montrent que les exportations sont devenues une source de croissance (graphique 4). Les entreprises liées aux ressources naturelles s’attendent d’ailleurs à ce que le redressement de la croissance des exportations se poursuive.

On estime que les importations sont faibles, en raison de la diminution des importations de véhicules automobiles observée après un pic au deuxième trimestre ainsi que d’un recul des investissements en machines et matériel.


Pressions sur la capacité

L’économie canadienne demeure en situation d’offre excédentaire. La part des entreprises faisant état de pénuries de main-d’œuvre est d’ailleurs inférieure à la moyenne historique (graphique 5).

On estime que l’écart de production demeure à peu près inchangé, se situant entre -1,75 et -0,75 % au troisième trimestre.


Le marché du travail est moins tendu

Le marché du travail continue de se détendre. L’emploi a connu une légère croissance, alors que la population active s’accroît encore à la faveur de la forte expansion démographique (graphique 6). Par ailleurs, le taux d’obtention d’un emploi a baissé dans un contexte où les intentions d’embauche des entreprises restent modérées. En septembre, le taux de chômage se situait à 6,5 %.


Depuis que le marché du travail a commencé à se modérer au début de 2023, la hausse du taux de chômage s’est concentrée chez les nouveaux arrivants et les jeunes (Point de mire : Facteurs à l’origine de la hausse du chômage et graphique 7)1. Dans l’ensemble, le marché du travail est en situation d’offre excédentaire.

Par ailleurs, la croissance des salaires reste élevée, se situant autour de 4 % (graphique 8).


Inflation

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) avoisine maintenant 2 %, et les pressions inflationnistes ne sont plus généralisées (graphique 9). Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque – l’IPC-méd et l’IPC-tronq – se situent à 2,3 et 2,4 %, respectivement.


Le ralentissement de l’inflation depuis la parution du Rapport de juillet est en grande partie attribuable à la baisse des prix de l’énergie. Cependant, l’augmentation des prix d’autres composantes de l’IPC continue aussi de se modérer. La hausse des frais de logement montre également des signes de ralentissement, mais elle reste le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale.

L’inflation est plus dispersée que d’habitude

L’inflation mesurée par l’IPC est passée de 2,7 % en juin à 1,6 % en septembre. L’augmentation des prix de nombreuses composantes de l’IPC, en particulier les biens, est inférieure aux moyennes historiques (graphique 10, barres bleues). En même temps, les prix de quelques composantes, surtout les services, affichent une hausse supérieure aux moyennes historiques (graphique 10, barres rouges).


Une autre façon d’analyser la dispersion de l’inflation consiste à examiner la distribution pondérée des composantes de l’IPC et à comparer la distribution de septembre 2024 à celle observée de 1995 à 2019 (graphique 11). La comparaison montre que les composantes nettement supérieures et inférieures à 2 % sont en train de pousser l’inflation à la hausse et à la baisse davantage qu’à l’habitude.

Graphique 11 : La distribution du taux d’inflation présente une plus grande dispersion qu’avant la pandémie

Densité du taux de variation sur un an, données mensuelles

Septembre 2024 -20 % -10 % 0 % 10 % 20 % 1995 - 2019

L’inflation reste basse du côté des biens

L’inflation mesurée par l’IPC est tirée vers le bas par les prix des biens, qui ont diminué de 1 % en septembre. Cette diminution de l’inflation est le reflet de pressions à la baisse généralisées, notamment un ralentissement de l’augmentation des prix des biens non durables et un recul des prix de l’énergie, ainsi que des biens durables et semi-durables. Les baisses passées des pressions induites par les coûts à l’échelle mondiale et l’offre excédentaire freinent la croissance des prix des biens.

L’inflation a diminué du côté des services

L’inflation dans la catégorie des services hors logement est passée d’un peu moins de 3 % au moment de la publication du Rapport de juillet à 2,3 % en septembre. Elle s’est maintenue essentiellement dans sa moyenne historique ou en dessous au cours de la dernière année. Cette situation s’explique par la faiblesse importante de certaines composantes (c.-à-d. les télécommunications et les services Internet), qui vient contrebalancer la vigueur d’autres composantes. L’inflation dans cette catégorie a aussi été touchée par la forte volatilité des composantes liées aux voyages et aux loisirs.

Pour bon nombre des autres composantes, l’augmentation des prix demeure supérieure à la moyenne historique. En outre, la progression des salaires réels – un important facteur dans les coûts de production de beaucoup de ces services – reste élevée comparativement à la croissance de la productivité.

La hausse des frais de logement a commencé à se modérer

La hausse des prix des services liés au logement a ralenti, passant d’un sommet de 7,2 % en mars 2024 à 5,8 % en septembre.

  • L’augmentation du coût de l’intérêt hypothécaire a ralenti au cours des derniers trimestres, mais elle demeure élevée.
  • La croissance des loyers reste forte
    • Des données récentes donnent à penser que la croissance des loyers des nouveaux locataires a ralenti dans de nombreux marchés.
    • La vigueur de l’augmentation globale des loyers reflète surtout l’ajustement graduel et continu aux hausses antérieures des nouveaux loyers.
  • En revanche, la progression des composantes liées aux prix des logements reste basse.

Les attentes d’inflation s’approchent de la normale

Les attentes d’inflation des entreprises et des ménages ont continué de se normaliser (graphique 12). Les entreprises pensent maintenant que l’inflation se situera à l’intérieur de la fourchette cible de la Banque pour tous les horizons, et les attentes des consommateurs ont encore diminué.

Graphique 12 : La plupart des mesures des attentes d’inflation à court terme ont continué à baisser

Données trimestrielles et mensuelles


  1. 1. On entend par « nouveaux arrivants » les résidents permanents et les citoyens naturalisés qui sont arrivés dans les cinq dernières années ainsi que les résidents non permanents.[]

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