Risques

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2024

La Banque recense deux grandes catégories de risques à la hausse et deux principaux risques à la baisse pour les perspectives d’inflation. Elle estime toutefois que les perspectives énoncées dans le scénario de référence constituent l’évolution la plus probable de l’inflation.

Dans l’ensemble, la Banque juge que les risques entourant l’inflation sont équilibrés.

Hypothèses et incertitudes

La croissance projetée du produit intérieur brut réel dépend fortement des hypothèses entourant la trajectoire de la croissance démographique (voir Principaux éléments de la projection, à la section Projections). Le gouvernement fédéral a annoncé des mesures visant à réduire les arrivées de résidents non permanents. Cependant, comme on en faisait état dans le Rapport d’avril, le moment de l’entrée en vigueur de ces changements reste incertain.

Les perspectives sont également soumises à une incertitude politique accrue dans bon nombre des plus grandes économies du monde. Les résultats des élections récentes et futures pourraient entraîner des modifications de la politique économique susceptibles de se répercuter sur les perspectives de croissance économique et les perspectives d’inflation, au Canada et à travers le monde.

Principaux risques à la hausse

On recense deux grandes catégories de risques à la hausse. D’une part, l’inflation dans le secteur des services pourrait être plus persistante que ce qui était prévu dans le scénario de référence. D’autre part, des événements géopolitiques dans le monde pourraient raviver les pressions inflationnistes.

L’inflation dans le secteur des services pourrait persister

Le scénario de référence prévoit que la hausse des frais de logement devrait rester nettement au-dessus de sa moyenne historique. Le taux d’inoccupation des logements est à un niveau plancher record, du fait d’une croissance de la population plus forte que d’ordinaire et d’une pénurie structurelle de nouveaux logements. Les conséquences de cette offre limitée pourraient être plus importantes qu’escompté, ce qui à son tour pourrait favoriser des pressions inflationnistes plus persistantes.

Dans le secteur des services hors logement, l’inflation n’est pas anormalement élevée. Toutefois, de nombreuses composantes de ce secteur connaissent des taux d’inflation bien supérieurs à leur moyenne historique. Dernièrement, des baisses plus importantes que d’habitude des prix des services de communication ont contrebalancé cette pression inflationniste. Cependant, si le rythme de ces baisses ralentissait plus qu’on l’escomptait ou que les coûts unitaires de main-d’œuvre demeuraient élevés, l’inflation dans le secteur des services hors logement pourrait ne pas se modérer autant qu’attendu.

Des changements géopolitiques pourraient alimenter l’inflation

De nouvelles perturbations du commerce international attribuables aux tensions et aux conflits géopolitiques, notamment les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine, pourraient influer sur les cours mondiaux des produits de base et entraver l’approvisionnement en biens échangeables. Les attaques sur les routes maritimes internationales ont fait grimper les frais de transport à leurs niveaux les plus élevés depuis la mi-2022. Si elles devaient persister ou s’aggraver, ces perturbations pourraient freiner l’offre et accentuer les coûts de production. Cela retarderait le retour de l’inflation à la cible.

En même temps, les tensions commerciales se sont intensifiées et une gamme de plus en plus large de biens et services sont visés par des mesures restrictives. Ces tensions pourraient causer des perturbations des chaînes d’approvisionnement et des flux commerciaux ainsi que des droits de douane supplémentaires, ce qui créerait des pressions à la hausse sur l’inflation.

Principaux risques à la baisse

Un ralentissement plus prononcé des dépenses des ménages au Canada et une économie mondiale moins vigoureuse sont les deux principaux risques à la baisse pesant sur l’inflation.

Les dépenses des ménages pourraient s’affaiblir

Les dépenses des ménages pourraient être plus faibles que ce qui était envisagé dans le scénario de référence. Un nombre accru d’emprunteurs seront confrontés à des coûts du service de la dette plus élevés à la suite de la vague prochaine de renouvellements hypothécaires. Les ménages pourraient se montrer plus prudents et réduire davantage leurs dépenses qu’anticipé, en particulier si les conditions du marché du travail s’avèrent plus dégradées que prévu. Les réponses des participants à nos enquêtes font ressortir un regain de prudence. En effet, notre enquête sur les attentes des consommateurs au Canada montre que les ménages s’inquiètent de plus en plus d’éventuelles mises à pied.

La croissance plus lente de la demande pourrait à son tour faire que les entreprises soient moins disposées à investir ou à recruter. Dans une économie déjà caractérisée par une offre excédentaire, un affaiblissement de l’activité viendrait intensifier les pressions à la baisse sur l’inflation.

L’activité mondiale pourrait ralentir

L’activité mondiale pourrait être plus faible que ce qui était prévu dans le scénario de référence. Les effets des hausses antérieures des taux d’intérêt dans les économies avancées pourraient être plus importants et plus longs qu’anticipé. En Chine, les niveaux élevés d’endettement et les difficultés concernant la gestion du risque de crédit pourraient freiner davantage le crédit et la croissance. Par ailleurs, une croissance mondiale moins rapide qu’attendu pourrait également entraîner une réévaluation du risque sur les marchés financiers. La diminution des cours boursiers et l’élargissement des écarts de crédit qui en résulteraient amplifieraient le ralentissement économique.

Par conséquent, les prix des produits de base et la demande d’exportations canadiennes en souffriraient. La croissance économique et l’inflation au Canada seraient tirées vers le bas si ces risques se matérialisaient.

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