Projections

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2024

La croissance économique au Canada devrait s’améliorer dans la deuxième moitié de 2024 et se raffermir davantage en 2025 et 2026. L’inflation fondamentale devrait ralentir progressivement, tandis que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) suivra une trajectoire irrégulière.

Comparer les projections récentes de la Banque


Projection pour l’économie canadienne

La croissance du produit intérieur brut (PIB) canadien devrait s’accélérer au cours de la période de projection. En revanche, la croissance de la production potentielle devrait se modérer sous l’effet d’un ralentissement de l’expansion démographique.

Tableau 1 : Contribution à la croissance annuelle moyenne du PIB réel Points de pourcentage*
2023 2024 2025 2026
Consommation 0,9
(0,9)
1,1
(0,6)
0,7
(0,8)
1,4
(1,1)
Logement -0,9
(-0,9)
0,1
(0,4)
0,5
(0,6)
0,5
(0,5)
Administrations publiques 0,5
(0,5)
0,6
(0,7)
0,7
(0,7)
0,4
(0,4)
Investissements fixes des entreprises -0,1
(-0,1)
-0,1
(0,0)
0,4
(0,3)
0,5
(0,2)
Total partiel : demande intérieure finale 0,5
(0,5)
1,7
(1,7)
2,3
(2,4)
2,8
(2,2)
Exportations 1,8
(1,9)
0,6
(1,0)
1,2
(1,1)
0,7
(0,4)
Importations -0,3
(-0,3)
-0,4
(-0,6)
-1,0
(-1,0)
-0,9
(-0,6)
Stocks -0,8
(-1,0)
-0,7
(-0,6)
-0,4
(-0,3)
-0,2
(-0,1)
PIB 1,2
(1,1)
1,2
(1,5)
2,1
(2,2)
2,4
(1,9)
Pour mémoire (taux de variation) :
Fourchette de la production potentielle 1,4–3,2
(1,4–3,2)
2,1–2,8
(2,1–2,8)
1,1–2,4
(1,1–2,4)
0,9–2,2
(0,9–2,2)
Revenu intérieur brut réel -0,9
(-1,0)
1,1
(1,4)
0,7
(0,7)
2,0
(1,6)
Inflation mesurée par l’IPC 3,9
(3,9)
2,6
(2,6)
2,4
(2,2)
2,0
(2,1)
  1. * Les chiffres entre parenthèses sont tirés des projections présentées dans le Rapport précédent.[]
  2. † Parce que les chiffres sont arrondis, la somme des éléments ne correspond pas toujours au total.[]

Sources : Statistique Canada et calculs et projections de la Banque du Canada

Apprenez-en plus dans la section Perspectives.

Projection pour l’inflation

L’inflation devrait passer sous la barre des 2,5 % dans la deuxième moitié de 2024, puis retourner à la cible 2 % dans la deuxième moitié de 2025 et s’y maintenir par la suite.

Tableau 2 : Résumé des projections trimestrielles relatives à l’économie canadienne*
2023 2024 2024 2025 2026
T4 T1 T2 T3 T4 T4 T4
Inflation mesurée par l’IPC (taux de variation sur un an) 3,3
(3,3)
2,8
(2,8)
2,7
(2,9)
2,3 2,4
(2,2)
2,0
(2,1)
2,0
(2,1)
Inflation fondamentale (taux de variation sur un an) 3,4
(3,5)
3,1
(3,3)
2,7
(3,0)
2,5 2,4 2,0 2,0
PIB réel (taux de variation sur un an) 1,0
(0,9)
0,5
(1,0)
0,7
(1,2)
1,5 2,0
(2,1)
2,1
(2,2)
2,5
(1,9)
PIB réel (taux de variation sur un trimestre, chiffres annualisés) 0,1
(1,0)
1,7
(2,8)
1,5
(1,5)
2,8
  1. * Pour des précisions, voir Principaux éléments de la projection. Les chiffres entre parenthèses sont tirés des projections présentées dans le Rapport précédent.[]
  2. † L’inflation fondamentale est la moyenne de l’IPC-tronq et de l’IPC-méd.[]
  3. ‡ Le deuxième et le troisième trimestre de 2024 sont les seuls trimestres de la période de projection pour lesquels des données sur la croissance du PIB réel étaient disponibles au moment d’effectuer la projection. Les taux de variation sur un an au quatrième trimestre sont présentés pour fournir une perspective à plus long terme. Ils représentent les taux de croissance projetés de l’IPC et du PIB réel au cours d’une année donnée. Par conséquent, ils peuvent être différents des taux de croissance moyens annuels présentés au tableau 1.[]

Sources : Statistique Canada et calculs et projections de la Banque du Canada

Lisez la suite dans la section Perspectives.

Projection pour l’économie mondiale

L’économie mondiale devrait progresser à un rythme d’environ 3 % durant la période de projection.

Tableau 3 : Croissance projetée de l’économie mondiale
Croissance projetée* (en pourcentage)
Part du PIB mondial réel (en pourcentage) 2023 2024 2025 2026
États-Unis 16 2,5
(2,5)
2,3
(2,7)
2,1
(1,8)
2,2
(2,2)
Zone euro 12 0,6
(0,5)
0,7
(0,4)
1,3
(1,2)
1,6
(1,7)
Japon 4 1,8
(1,9)
0,0
(0,8)
1,1
(0,7)
0,7
(0,5)
Chine 18 5,2
(5,2)
4,7
(4,7)
4,3
(4,4)
4,0
(3,9)
Pays émergents importateurs de pétrole 34 3,9
(3,9)
3,9
(3,5)
3,8
(3,7)
3,9
(4,0)
Autres pays§ 16 1,4
(1,2)
1,8
(1,7)
2,5
(2,7)
2,5
(2,5)
Monde 100 3,1
(3,1)
2,9
(2,8)
3,0
(3,0)
3,0
(3,1)
  1. * Les chiffres entre parenthèses correspondent aux projections présentées dans le Rapport précédent.[]
  2. † La part de chaque pays ou groupe de pays est calculée d’après les estimations du Fonds monétaire international concernant les PIB mesurés en parité des pouvoirs d’achat pour 2022, publiées en octobre 2023 dans les Perspectives de l’économie mondiale. Parce que les chiffres sont arrondis, il se peut que la somme des pourcentages ne soit pas égale à 100.[]
  3. ‡ Le groupe des pays émergents importateurs de pétrole n’inclut pas la Chine. Il est composé des grands pays émergents d’Asie, d’Amérique latine, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique – comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud –, et de nouveaux pays industrialisés comme la Corée du Sud.[]
  4. § Le groupe « Autres pays » comprend des économies qui ne font pas partie des cinq premières régions. Il est composé des pays émergents exportateurs de pétrole (p. ex., Russie, Nigéria et Arabie saoudite) et des autres économies avancées (p. ex., Canada, Royaume-Uni et Australie).[]

Sources : sources nationales via Haver Analytics et calculs et projections de la Banque du Canada


Renseignez-vous davantage dans la section Économie mondiale.

Révisions des projections

La section qui suit présente l’évolution des perspectives pour les économies canadienne et mondiale ayant donné lieu à des révisions de la projection économique de la Banque depuis la parution du Rapport d’avril.

Perspectives mondiales

Les perspectives de croissance de l’économie mondiale sont largement conformes à celles du Rapport d’avril, malgré quelques différences compositionnelles à court terme. Les perspectives pour 2024 se sont embellies en ce qui concerne les pays émergents et la zone euro, mais se sont assombries s’agissant de l’économie américaine. Plus précisément :

  • La croissance dans les pays émergents a été révisée à la hausse, compte tenu du renforcement des investissements et des exportations.
  • Les perspectives de croissance dans la zone euro ont également été revues à la hausse, mais en raison d’une reprise de l’activité plus rapide qu’escompté dans le secteur des services.
  • L’expansion économique des États-Unis a pour sa part été révisée à la baisse, notamment en raison de l’affaiblissement des dépenses des ménages consacrées à la consommation et à l’investissement résidentiel.

Perspectives au Canada

Les perspectives de croissance démographique au Canada ont été révisées à la hausse. L’inflation devrait continuer à diminuer de manière généralement conforme à ce qu’on escomptait dans le Rapport d’avril.

  • Les changements dans la population devraient faire gonfler à la fois l’offre et la demande de façon similaire et avoir un effet à peu près neutre sur l’écart de production. La Banque postule maintenant que le taux de croissance de la population en âge de travailler sera plus élevé d’approximativement 0,2 point de pourcentage en 2024 et d’environ 0,6 point de pourcentage en 2025-2026 (voir Principaux éléments de la projection).
  • La croissance du PIB au premier trimestre de 2024 a été environ 1 point de pourcentage plus faible que projeté. Cela tient en partie au niveau plus bas qu’escompté des exportations de véhicules automobiles, les effets du réoutillage dans cette industrie s’étant fait sentir précocement. Les chiffres relatifs à l’investissement résidentiel ont aussi été en deçà des attentes, en grande partie à cause d’un ralentissement dans la construction neuve.
  • En 2025, le taux de croissance devrait être à peu près le même que projeté dans le Rapport d’avril, mais il a été revu à la hausse de ½ de point de pourcentage pour 2026. Ce changement tient surtout à la révision à la hausse des hypothèses concernant l’expansion démographique, laquelle devrait décélérer, mais pas aussi rapidement que prévu précédemment.
  • En revanche, la croissance du PIB par habitant devrait être inférieure d’environ ¾ de point de pourcentage en 2025 et demeurer à peu près inchangée en 2026. Les dépenses des ménages devraient être plus faibles, conformément aux résultats d’enquêtes qui montrent que les consommateurs restent prudents face aux prix et aux taux d’intérêt plus élevés. Par conséquent, l’offre excédentaire devrait être légèrement plus importante au cours de la période de projection.

L’inflation mesurée par l’IPC s’est révélée inférieure aux attentes de 0,2 point de pourcentage au second trimestre de 2024.

  • La progression des prix des biens hors aliments et énergie a décéléré plus vite que prévu, suivant davantage la croissance du coût des intrants.
  • En 2025, l’inflation devrait être supérieure de 0,2 point de pourcentage à la projection présentée dans le Rapport d’avril, en raison notamment des effets plus importants qu’anticipé des hausses d’impôts fonciers. Et en 2026, elle devrait y être inférieure de 0,1 point de pourcentage.
  • En revanche, la Banque s’attend maintenant à ce que l’inflation fondamentale soit moins élevée de 0,1 point de pourcentage en 2025 et en 2026, à cause d’une offre excédentaire légèrement plus grande au cours de la période de projection.

Principaux éléments de la projection

La projection de la Banque repose sur plusieurs éléments clés et sur des hypothèses concernant leur trajectoire future. La Banque réexamine périodiquement ces hypothèses et ajuste sa projection économique en conséquence.

Croissance démographique

Au moment où le Rapport d’avril a été publié, on présumait que la croissance de la population âgée de 15 ans et plus ralentirait et passerait de 3,3 % durant la première moitié de 2024 à 1,0 %, en moyenne, sur la période de 2025 et 2026. Cette hypothèse prenait en compte une baisse marquée de l’afflux de résidents non permanents à partir de la seconde moitié de cette année1. Le 21 mars 2024, le gouvernement fédéral a annoncé des mesures visant à réduire le solde des résidents non permanents, l’objectif étant de faire passer leur poids démographique au pays de 6,2 à 5 % d’ici trois ans. En fin de compte, ces mesures feraient ralentir le taux annuel de croissance démographique d’environ 2 points de pourcentage en 2025 et 2026.

Les résidents non permanents représentaient 6,8 % de la population au début d’avril, une proportion beaucoup plus élevée qu’au moment de l’annonce du gouvernement en mars. Cette proportion devrait continuer d’augmenter à court terme, ce qui donne à penser que les mesures prévues mettront plus de temps à réduire l’afflux de résidents non permanents en vue d’atteindre l’objectif de 5 % (graphique 17). Dans l’ensemble, la Banque postule maintenant que le taux de croissance de la population âgée de 15 ans et plus sera de 3,3 % en 2024 et de 1,7 % en 2025 et 2026. Comparativement à ce qui était présumé dans le Rapport d’avril, il s’agit de hausses de :

  • 0,2 point de pourcentage en 2024
  • 0,7 point de pourcentage en 2025
  • 0,6 point de pourcentage en 2026

Une grande incertitude subsiste encore quant à la trajectoire du solde des résidents non permanents2. Des précisions sur les modifications touchant la majorité des programmes de permis de séjour temporaire ne sont attendues que plus tard cette année. La Banque ajustera son scénario lorsque d’autres mesures seront annoncées et que des précisions sur les modifications des programmes seront dévoilées.

Autres éléments importants

Voici les autres éléments importants de la projection :

  • La croissance de la production potentielle au Canada devrait ralentir et passer d’à peu près 2,4 % en 2024 à environ 1,9 % en moyenne sur la période de 2025 et 2026. Par rapport à ce qui avait été avancé en avril, elle a été revue à la baisse de 0,1 point de pourcentage pour 2024 et à la hausse de 0,1 et 0,5 point de pourcentage, respectivement, pour 2025 et 2026.
    • La croissance de la population âgée de 15 ans et plus a été revue à la hausse de 0,2 point de pourcentage en 2024; 0,7 point de pourcentage en 2025; et 0,6 point de pourcentage en 2026.
    • Ces hausses sont compensées par la révision à la baisse de la croissance de la productivité tendancielle du travail de 0,4 point de pourcentage en moyenne en 2024 et 2025. Cette révision baissière découle en partie des contraintes structurelles liées à la construction de logements, comme la disponibilité des terrains, les restrictions de zonage et le manque de travailleurs qualifiés.
  • La croissance du PIB réel devrait avoisiner 1,5 % au deuxième trimestre de 2024. Par conséquent, la Banque situe l’écart de production entre -0,75 et -1,75 % au même trimestre, une fourchette pratiquement identique à celle postulée au premier trimestre de 20243.
  • La projection intègre les données des budgets fédéral et provinciaux qui ont déjà été déposés au moment de la rédaction du Rapport.
  • Au cours de la période de projection, le prix du baril de pétrole est situé à 85 $ US pour le Brent, à 80 $ US pour le West Texas Intermediate et à 65 $ US pour le Western Canadian Select. Ces prix sont les mêmes que ceux qui avaient été postulés en avril.
  • Par convention, la Banque ne fait pas de prévision sur le taux de change dans le Rapport sur la politique monétaire. Elle prend pour hypothèse que le dollar canadien demeurera à 73 cents américains pendant la période de projection, ce qui est proche du niveau moyen observé récemment et l’amène à 1 cent sous l’hypothèse d’avril.
  • Comme dans le Rapport d’avril, la Banque estime que le taux d’intérêt nominal neutre au Canada se situe dans une fourchette de 2¼ à 3¼ %. Le taux d’intérêt nominal neutre correspond par définition au taux neutre réel majoré de 2 % pour tenir compte de l’inflation. La projection repose sur l’hypothèse que le taux neutre correspond au point médian de cette fourchette. Le taux neutre réel correspond quant à lui au niveau que le taux directeur devrait atteindre à long terme lorsque la production se maintient durablement à son niveau potentiel et que l’inflation est à la cible (soit après dissipation de tous les chocs cycliques). Il s’agit d’un concept d’équilibre à moyen et à long terme.
  1. 1. Les résidents non permanents incluent les travailleurs étrangers temporaires, les étudiants étrangers et les demandeurs d’asile.[]
  2. 2. Si les résidents non permanents continuent de quitter le Canada ou d’obtenir le statut de résident permanent selon les taux enregistrés depuis 2021, il faudrait, pour réaliser l’objectif fixé par le gouvernement, réduire d’environ 70 à 80 % par année en moyenne au cours des trois prochaines années l’afflux brut de nouveaux arrivants faisant partie de différents programmes, dont le Programme des travailleurs étrangers temporaires, le Programme de mobilité internationale et les programmes à l’intention des demandeurs d’asile. Ces réductions s’ajouteraient à celles découlant de la baisse du nombre de permis d’études délivrés aux étudiants étrangers et de la fin de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine.[]
  3. 3. L’écart de production du premier trimestre de 2024 a été revu et élargi de 0,2 point de pourcentage pour tenir compte de la croissance plus faible que prévu.[]

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