Effets produits par les nouveaux arrivants sur l’économie canadienne

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2024 – Point de mire

L’augmentation du nombre de nouveaux arrivants a stimulé la croissance démographique du Canada au cours des dernières années, contribuant tant à l’offre qu’à la demande. En examinant les effets de cette évolution sur l’économie, on peut dégager des constats sur les pressions inflationnistes.

Au cours des deux dernières années, la population totale du Canada a crû de 2,3 millions d’habitants (ou 6 %), quasi essentiellement en raison de l’afflux de nouveaux arrivants (graphique 21)1. La progression de ce groupe agit sur l’économie par trois principaux canaux : le marché du travail, la consommation et le logement.


Marché du travail

L’ajout de nouveaux arrivants à l’offre de main-d’œuvre au Canada a considérablement stimulé le potentiel de croissance non inflationniste de l’économie. Par exemple, entre le troisième trimestre de 2022 et le premier trimestre de 2024, on estime que les nouveaux arrivants ont ajouté 2½ % au niveau de la production potentielle.

Cela dit, beaucoup de nouveaux arrivants peinent à s’intégrer au marché du travail canadien2. En raison du ralentissement sur ce marché, ils ont encore plus de difficulté à trouver un emploi et à se greffer durablement à la population active (graphique 22).


Ayant du mal à faire reconnaître leur expérience et leurs titres étrangers, les nouveaux arrivants acceptent souvent des emplois où le profil recherché ne correspond pas à leurs compétences. Ce possible décalage pèse d’ailleurs sur la productivité.

Par conséquent, l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre venant des nouveaux arrivants pourrait être, initialement, quelque peu inférieure à ce qui aurait été attendu d’une telle progression de la population en âge de travailler3.

Consommation

Alors qu’il faut parfois un peu de temps pour que les nouveaux arrivants contribuent à l’offre globale, leur incidence sur la demande se fait sentir sur-le-champ. En effet, à leur arrivée, les immigrants s’attendent à dépenser nettement plus que les non-immigrants. Les nouveaux arrivants sont nombreux à venir s’installer avec une épargne substantielle pour fonder un ménage. Cette stimulation initiale de la demande peut survenir bien avant que nombre d’entre eux trouvent un emploi.

Dans l’ensemble, d’après leurs profils de consommation et d’emploi, les nouveaux arrivants contribuent un petit peu plus à la demande qu’à l’offre durant leurs premières années au Canada.

Logement

La forte croissance démographique des dernières années a stimulé la demande de logements. Cela accentue les pressions sur les prix des logements et les loyers.

L’accroissement de la demande attribuable aux nouveaux arrivants se fait sentir parmi tous les types de logements, mais l’essentiel des pressions initiales tend à se manifester dans les marchés locatifs, parce que la plupart des gens concernés s’installent au pays comme locataires. Selon les résultats d’enquêtes, il est moins probable qu’un immigrant se déclare propriétaire d’un logement jusqu’à environ 10 ans après son arrivée au Canada (graphique 23).


L’offre de logements n’a pas assez progressé pour suivre la forte hausse de la demande, le niveau d’activité de la construction étant à peu près le même qu’avant la pandémie. Parmi les défis structurels de longue date à surmonter pour accélérer cette croissance, notons :

  • les restrictions de zonage municipal
  • les frais d’aménagement élevés
  • les processus longs et coûteux entourant la délivrance des permis
  • la pénurie de main-d’œuvre qualifiée

Dans le contexte actuel, les promoteurs se disent aussi freinés par l’ampleur des coûts de financement et de construction.

Résumé

À moyen terme, les effets de la croissance démographique accrue sur l’offre et la demande globales sont censés en grande partie s’équilibrer entre eux. Toutefois, les nouveaux arrivants influencent la demande avant l’offre, et ce décalage contribue aux pressions inflationnistes dans certains secteurs. Il y a en particulier de nouvelles pressions à la hausse qui s’exercent sur les prix des logements et sur les loyers.

  1. 1. On entend par « nouveaux arrivants » les résidents non permanents et les immigrants arrivés dans les cinq dernières années, et par « immigrants » les personnes qui ont obtenu la résidence permanente ou la citoyenneté canadienne.[]
  2. 2. Pour en savoir plus, voir J. Champagne, E. Ens, X. Guo, O. Kostyshyna, A. Lam, C. Luu, S. Miller, P. Sabourin, J. Slive, T. Taskin, J. Trujillo et S. Wee, « Évaluation des effets de la hausse de l’immigration sur l’économie et l’inflation au Canada », note analytique du personnel 2023-17 de la Banque du Canada (décembre 2023).[]
  3. 3. Pour en savoir plus, voir l’encadré 2 de T. Devakos, C. Hajzler, S. Houle, C. Johnston, A. Poulin-Moore, R. Rautu et T. Taskin, « La production potentielle au Canada : évaluation de 2024 », note analytique du personnel 2024-11 de la Banque du Canada (avril 2024).[]

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