Perspectives

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2024 – Économie canadienne

On s’attend à ce que la croissance économique au Canada se raffermisse à mesure que les taux d’intérêt baisseront graduellement et que la confiance des ménages et des entreprises s’améliorera.

On s’attend à ce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant s’accélère progressivement en 2025 et en 2026. En même temps, on suppose que l’expansion démographique ralentira au cours de cette période. L’offre excédentaire se résorbera peu à peu.

L’inflation fondamentale devrait diminuer graduellement pour se rapprocher de la cible (voir le tableau 2, à la section Projections). En parallèle, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) suivra une trajectoire irrégulière et devrait s’établir durablement à 2 % dans la deuxième moitié de 2025.

Perspectives économiques

La croissance du PIB devrait se renforcer, passant d’à peu près 1½ % dans la première moitié de 2024 à environ 2½ % dans la deuxième moitié. On prévoit que cette augmentation sera largement tirée par les exportations, en particulier celles des secteurs de l’énergie et des véhicules automobiles, ainsi que par un certain redressement des dépenses des ménages.

L’offre excédentaire commencera à diminuer

Contrairement à la croissance du PIB, la croissance de la production potentielle devrait se modérer, passant de 2½ à 1½ % dans la deuxième moitié de 2024, sous l’effet d’un ralentissement de l’expansion démographique. Avec la croissance de l’offre qui glissera en dessous de celle de la demande, l’offre excédentaire devrait commencer à décliner dans la deuxième moitié de 2024.

L’offre excédentaire devrait continuer à diminuer progressivement au cours de la période de projection, car on s’attend à ce que la croissance du PIB dépasse constamment celle de la production potentielle.

Le PIB par habitant devrait augmenter

Le PIB devrait progresser d’environ 2¼ % au cours de 2025 et 2026. La croissance sera tirée par la consommation et le logement, ce qui s’explique par une augmentation des dépenses des ménages par habitant (graphique 7).


La production potentielle devrait connaître une augmentation plus modeste de 2 % au cours de cette période.

  • L’incidence négative du ralentissement attendu de l’expansion démographique devrait être partiellement compensée par une reprise escomptée de la croissance de la productivité tendancielle du travail.
  • Cette dernière devrait devenir positive au premier trimestre de 2025 et atteindre 1 % d’ici la fin de 2026.

Consommation

Malgré le ralentissement de la croissance démographique, le rythme d’accroissement des dépenses de consommation devrait se situer autour de 1½ % en moyenne dans la première moitié de 2025. Puis, il devrait passer à 2¼ % dans la deuxième moitié et se stabiliser par la suite (voir Point de mire : Effets produits par les nouveaux arrivants sur l’économie canadienne).

La consommation par habitant devrait se raffermir à mesure que les taux d’intérêt plus bas allégeront le fardeau du remboursement de la dette de certains ménages et que la confiance des consommateurs s’améliorera.

Toutefois, ces perspectives sont entourées d’une grande incertitude compte tenu des réalités très différentes des ménages. Par exemple :

  • certains ménages voient leurs revenus augmenter en raison des taux d’intérêt plus élevés sur leurs placements, comme des certificats de placement garanti
  • certains pourraient commencer à voir leurs remboursements de dette diminuer à mesure que les taux d’intérêt baissent
  • certains seront confrontés à de fortes augmentations de leurs versements hypothécaires lorsqu’ils renouvelleront leur prêt à des taux à long terme plus élevés
  • une partie des détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable et à versements fixes feront face à des remboursements de capital plus élevés une fois qu’ils auront renégocié leur calendrier d’amortissement

Cette diversité de réalités fait qu’il est difficile de prévoir la force du rebond global.

Investissement résidentiel

La croissance de l’investissement résidentiel devrait atteindre près de 8 % en moyenne en 2025. Elle devrait ensuite se modérer pour s’établir à un niveau encore appréciable de 4 % d’ici la fin de 2026.

  • La croissance démographique et la détente progressive des taux d’intérêt vont stimuler la demande pour la construction neuve. Même si les programmes gouvernementaux devraient contribuer à accroître l’offre, il subsiste des contraintes de capacité structurelles.
  • Les coûts de financement élevés qui freinent actuellement la construction devraient devenir moins contraignants à moyen et à long terme avec la baisse des taux d’intérêt.
  • La croissance des dépenses de rénovation devrait se redresser au cours de la période de projection en raison de l’assouplissement des conditions financières et de l’augmentation plus rapide des revenus.

La demande robuste et l’offre limitée ont conduit à un taux d’inoccupation historiquement bas. Ce déséquilibre devrait soutenir la croissance des prix des logements et des loyers.

Investissements des entreprises et exportations

La croissance des investissements des entreprises devrait s’établir à 4¼ % en moyenne au cours de la période de projection.

Dans le secteur de l’énergie, l’ajout de capacité pipelinière devrait amener les entreprises à accroître leurs investissements dans la production pétrolière et gazière. Les projets d’investissement des entreprises laissent également entrevoir une augmentation des dépenses en projets liés aux véhicules électriques et aux produits pétrochimiques.

Sur l’horizon de projection, cette hausse des dépenses d’investissement sera soutenue par l’assouplissement des conditions financières et la reprise attendue de la croissance économique.

La croissance des exportations devrait augmenter pour atteindre 6¼ % en moyenne dans la deuxième moitié de 2024. Cette augmentation sera tirée par les exportations de pétrole, soutenues par la capacité ajoutée par l’agrandissement du réseau d’oléoducs Trans Mountain. De plus, les exportations de véhicules automobiles devraient rebondir lorsque l’effet modérateur du réoutillage des usines s’atténuera. À mesure que l’incidence de ces facteurs s’estompera, la croissance devrait se modérer progressivement pour atteindre environ 2 % d’ici la fin de 2025, s’alignant ainsi sur l’expansion de la demande étrangère.

Perspectives d’inflation

L’inflation devrait passer sous la barre des 2,5 % dans la deuxième moitié de 2024 (graphique 10). Dans le même temps, l’inflation fondamentale devrait diminuer plus graduellement. L’inflation mesurée par l’IPC sera temporairement tirée en dessous de l’inflation fondamentale, en grande partie à cause des effets de glissement annuel sur les prix de l’essence.


Les progrès seront inégaux

L’inflation mesurée par l’IPC devrait ensuite augmenter légèrement, à mesure que ces effets de glissement annuel s’estomperont et que les taux d’augmentation des prix de certains biens remonteront par rapport à leurs creux récents. Elle devrait s’élever à 2½ % en moyenne dans la première moitié de 2025 à cause de la vigueur de la croissance des prix des services.

La hausse des frais de logement devrait demeurer importante en raison du coût élevé de l’intérêt hypothécaire et du fort taux d’augmentation des loyers. Toutefois, ces deux facteurs devraient s’atténuer quelque peu. La croissance des prix de certains services demeurera élevée, mais devrait ralentir à mesure que la progression des salaires se modérera.

La croissance des prix des biens hors énergie devrait rester faible en raison de l’expansion modeste de la demande mondiale et de la croissance modérée des coûts des intrants.

L’inflation va retourner à la cible

Même si la trajectoire pourrait être irrégulière, on s’attend à ce que l’inflation renoue durablement avec la cible de 2 % dans la deuxième moitié de 2025 (graphique 11).


Les déséquilibres du marché du logement et la croissance des coûts de main-d’œuvre devraient rester une source constante de pressions à la hausse sur l’augmentation des frais de logement et des prix des services hors logement, et ce, sur la majeure partie de l’horizon de projection. Ces pressions à la hausse devraient être compensées par une offre excédentaire modérée.

D’ici la fin de la période de projection, les pressions inflationnistes sont appelées à s’estomper, et l’économie à revenir à l’équilibre.

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