Conjoncture

Rapport sur la politique monétaire – Juillet 2024 – Économie canadienne

La croissance économique au Canada s’est accélérée, mais demeure faible par habitant. L’inflation au Canada est inférieure à 3 % depuis janvier, et les mesures de l’inflation fondamentale ont aussi fléchi.

Les pressions sur les capacités se sont atténuées et de la capacité inutilisée a émergé dans certains segments du marché du travail, et l’offre excédentaire s’est accrue au sein de l’économie.

Les pressions inflationnistes généralisées s’atténuent. La part des prix qui augmentent de plus de 3 % est maintenant près de sa moyenne historique. Toutefois, il y a encore des pressions sur les frais de logement et les prix de certains services hors logement.

Évolution récente

Après avoir stagné dans la deuxième moitié de 2023, le produit intérieur brut (PIB) a progressé au premier trimestre de 2024, tiré par la forte croissance démographique (voir le tableau 1, à la section Projections).

Par contre, le PIB par habitant s’est contracté pour un quatrième trimestre consécutif en raison de la faiblesse persistante des dépenses des ménages.

Le PIB est en voie de progresser de 1½ % au deuxième trimestre de 2024 (graphique 2).


Comme la croissance de la population canadienne avoisine 3 %, cela signifie que le PIB par habitant devrait se contracter d’environ 1½ %, soit à peu près au même rythme qu’au premier trimestre de l’année.

La consommation par habitant reste faible

L’attente d’une telle contraction du PIB par habitant tient surtout à une forte réduction des dépenses de consommation individuelles pour les raisons suivantes :

  • La demande de véhicules automobiles et de services de voyages à l’étranger ralentit à mesure que la demande refoulée due à la pandémie s’estompe (graphique 3).
  • Les ménages consacrent une plus grande part de leur revenu au remboursement de leurs dettes, ce qui leur laisse moins d’argent pour des dépenses non essentielles, comme les repas au restaurant et les vêtements et chaussures.

L’investissement résidentiel a chuté

L’investissement résidentiel semble aussi être faible, reculant de 2½ % pour le trimestre. Ce recul s’explique par la lenteur affichée par le marché de la revente au printemps et par les dépenses de rénovation plus modestes attribuables principalement aux taux d’intérêt encore élevés.

En revanche, la croissance des dépenses publiques devrait s’accélérer, et les investissements des entreprises sont en voie d’augmenter de 3½ %, poussés en grande partie par les importantes activités de forage pétrolier et gazier.

Pressions sur la capacité de production

La demande excédentaire affichée par l’économie canadienne en 2022 a fait place à une offre excédentaire. Ainsi, au deuxième trimestre de 2024, on estime que l’écart de production se situera entre -0,75 et -1,75 %.

Les contraintes de capacité signalées par les entreprises ont également chuté par rapport à leur sommet de 2022 (graphique 4).


Le marché du travail s’est tempéré

Après une période de surchauffe, le marché du travail s’est considérablement tempéré. Ce relâchement est attribuable en grande partie à la baisse du nombre de postes vacants, qui se situe maintenant près de sa moyenne historique, ainsi qu’à un taux d’obtention d’un emploi beaucoup plus bas (graphique 5). Par ailleurs, le taux de chômage s’est accru, passant d’un creux d’environ 5 % en 2022 à 6,4 % en juin 2024. Cette situation touche particulièrement les jeunes et les nouveaux arrivants (voir Point de mire : Effets produits par les nouveaux arrivants sur l’économie canadienne).


Le taux de chômage chez les nouveaux arrivants et les jeunes est passé à 11,6 % et à 13,5 % respectivement, après avoir atteint un creux de 6,9 % et de 9,3 % en 2022. Le taux d’activité des jeunes a chuté parce qu’il est plus difficile de trouver du travail. En revanche, le taux de chômage chez les travailleurs dans la force de l’âge a connu une hausse plus modérée, passant de 3,9 à 5,3 % au cours de la même période. Dans l’ensemble, le marché du travail est passé en situation d’offre excédentaire.

Diverses mesures de la croissance des salaires envoient des signaux contrastés, mais on note certains signes de modération (graphique 6). Néanmoins, la croissance des salaires demeure élevée par rapport à celle de la productivité.


Le taux de postes vacants étant maintenant revenu à la normale, un ralentissement plus marqué de la croissance de l’emploi se traduirait probablement par une hausse du chômage plutôt que par une diminution du nombre de postes vacants.

Inflation

L’inflation mesurée par l’IPC est passée de 3,4 % en décembre à 2,7 % en juin (figure 1). Cette baisse reflète une évolution divergente de l’inflation dans le secteur des biens par rapport à celle dans le secteur des services.

L’inflation du côté des biens est passée de 2,4 à 0,3 %, alors que celle du côté des services est passée de 4,3 à 4,8 %.


L’inflation est de moins en moins généralisée

La part des biens dont le prix augmente de plus de 3 % s’établit maintenant à 26 %, soit en dessous de sa moyenne historique de 28 %. En revanche, la part des services dont le prix progresse de plus de 3 % se chiffre à 47 %, soit au-dessus de sa moyenne historique de 35 % (graphique 7).


La baisse du taux d’augmentation des prix des biens s’observe dans les biens non énergétiques. Elle est attribuable à une réduction des coûts, notamment des prix à l’importation et des frais de transport passés, ainsi qu’au ralentissement de la demande intérieure. La forte progression des prix des services reflète l’évolution de la hausse des frais de logement et des prix des services hors logement (voir Point de mire : Facteurs derrière l’augmentation des prix des biens et services compris dans la mesure de l’inflation fondamentale).

Le taux d’augmentation des frais de logement devrait rester élevé

L’inflation du côté des services liés au logement se situe autour de 7 %. Elle est près de son niveau de décembre 2023 et nettement supérieure à sa moyenne historique. La croissance des loyers a aussi augmenté, passant d’un peu moins de 8 % à près de 9 %. Les pressions sur les loyers ont été exacerbées par la forte expansion démographique dans un contexte de contraintes structurelles sur l’offre. De même, l’augmentation du coût de l’intérêt hypothécaire est encore très marquée, mais elle a légèrement ralenti depuis le début de 2024.

L’inflation dans le secteur des services hors logement a atteint 2,9 % en juin 2024. Elle est maintenant près de sa moyenne historique, après s’être maintenue en deçà de 2 % pendant la majeure partie de l’année. Cette remontée est attribuable au ralentissement des baisses de prix de certaines composantes, en particulier les services de communication. Cette évolution a plus que contrebalancé le recul de la croissance des prix d’autres composantes, comme la restauration.

L’inflation fondamentale a ralenti

Les mesures de l’inflation fondamentale se sont établies autour de 2¾ % en juin 2024, comparativement à environ 3,5 % à la fin de 2023.

Les attentes d’inflation à court terme ont diminué de façon générale, mais elles restent élevées par rapport aux niveaux historiques (graphique 8). Les attentes d’inflation des ménages, elles, ont fortement baissé au deuxième trimestre après avoir stagné pendant près d’un an. Par ailleurs, les pratiques d’établissement des prix des entreprises sont en grande partie revenues à la normale.

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