Système financier

La Banque du Canada joue un rôle essentiel en favorisant et en préservant la stabilité et l’efficience du système financier canadien. Ce travail aide à soutenir la croissance économique et à améliorer le niveau de vie de la population.

En 2023, les banques centrales ont continué d’augmenter leur taux directeur en réaction à la forte inflation persistante. Ces taux d’intérêt élevés, bien que nécessaires pour réduire l’inflation, ont mis à l’épreuve la résilience du système financier mondial.

En mars, par exemple, les secteurs bancaires des États-Unis et de la Suisse ont subi des tensions aiguës. Les autorités de ces pays ont réagi rapidement afin de limiter les effets de débordement. Ces événements ont toutefois mis en évidence la nécessité pour les participants au système financier de s’adapter, après plus d’une décennie de faibles taux d’intérêt. Ils nous ont rappelé aussi que les risques peuvent se manifester et se propager rapidement, ce qui exige une vigilance accrue de la part des organismes de réglementation et des banques centrales.

Le Système financier est l’une des cinq grandes sphères de responsabilité de la Banque. Découvrez les grandes fonctions de l’institution.

S’adapter aux taux d’intérêt élevés et aux conditions financières qui se sont resserrées

Les conditions financières mondiales se sont resserrées considérablement, sous l’effet des mesures de politique monétaire prises pour réduire l’inflation. L’intervention vigoureuse des banques centrales, notamment de la Banque du Canada, a contribué à faire redescendre l’inflation du sommet qu’elle avait atteint en juin 2022. Mais cette intervention a également mis au jour des faiblesses au sein du système financier mondial, particulièrement celles qui sont inhérentes aux modèles d’affaires reposant largement sur de bas taux d’intérêt et une faible volatilité.

Les tensions qui sont apparues dans le secteur bancaire international en mars 2023 ont mis en évidence ces faiblesses. Au Canada, cependant, le système financier s’est montré résilient, en partie parce que les banques canadiennes avaient une exposition directe limitée aux institutions suisses et américaines en difficulté. En outre, les banques canadiennes sont assujetties aux normes réglementaires les plus élevées dans le monde et à une supervision rigoureuse.

Les banques canadiennes – comme celles d’un peu partout – sont généralement plus résilientes aujourd’hui qu’avant la crise financière mondiale de 2008-2009. Les institutions financières ont apporté des améliorations notables à leurs amortisseurs financiers et à leurs pratiques de gestion des risques. Les organismes de réglementation ont aussi pris des mesures importantes pour veiller à ce que le système financier canadien reste robuste. Toutefois, si les tensions financières mondiales refont surface et persistent, la stabilité du système financier canadien pourrait être mise à l’épreuve.

Soutenir la fonction Système financier de la Banque

La Banque mène des recherches et des analyses rigoureuses afin de guider ses efforts visant à favoriser la stabilité et l’efficience du système financier. Elle collabore également avec les autorités fédérales, provinciales et internationales, ainsi qu’avec le secteur financier.

Évaluer les vulnérabilités et les risques

Dans la Revue du système financier de 2023, la Banque a présenté les résultats de son évaluation des principales vulnérabilités et des principaux risques qui pèsent sur le système financier. Le thème abordé était l’ajustement aux fortes hausses des taux d’intérêt. Tout au long de l’année, la Banque a continué d’exploiter des microdonnées pour suivre l’évolution de cet ajustement du côté des ménages et du secteur financier. Selon les principaux indicateurs de vulnérabilités financières de la Banque, les premiers signes de tension financière étaient apparus.

Comparativement aux années passées, il y a eu en 2023 relativement peu de tensions financières graves chez les ménages. Mais une profonde récession pourrait nuire à la capacité de ceux-ci d’honorer leurs versements hypothécaires, et donc potentiellement entraîner des pertes de crédit chez les prêteurs.

En outre, la Banque a analysé les bilans des banques et d’institutions financières non bancaires. Elle a constaté que ces institutions avaient fait bonne figure en 2023, mais que des risques subsistent, notamment en ce qui concerne le coût et la disponibilité du financement.

Comme il est indiqué dans la Revue du système financier, la Banque a continué de surveiller l’évolution d’autres risques et vulnérabilités, comme ceux qui sont associés aux changements climatiques et à la numérisation. Le personnel a d’ailleurs publié des travaux de recherche et d’analyse sur :

  • les sources de financement des organisations canadiennes qui déclarent leurs émissions de gaz à effet de serre
  • les risques d’inondation et leur incidence sur les prêts immobiliers résidentiels
  • les risques liés à la transition climatique et leur incidence sur le système financier
  • la finance décentralisée

Pour en savoir plus sur les travaux dans ces domaines, consulter le portail sur le système financier de la Banque.

Analyser le lien entre la politique monétaire et la stabilité financière

Le système financier joue un rôle important dans la transmission de la politique monétaire. En 2023, la Banque a continué à évaluer la façon dont cette transmission se produit dans le contexte actuel de taux d’intérêt. Par exemple, les microdonnées sur les versements hypothécaires l’ont aidée à comprendre dans quelle mesure les taux d’intérêt plus élevés ont réduit – et devraient réduire – le revenu disponible des emprunteurs1.

Tenir compte des implications de l’activité des marchés financiers

Au fil des évolutions des marchés financiers, la Banque procède à des analyses systématiques pour comprendre comment ces changements peuvent se répercuter sur le système financier, y compris sur sa stabilité. En 2023, le personnel de l’institution a effectué divers travaux dans ce domaine.

Par exemple, le personnel a analysé les comportements de négociation qui ont été observés sur le marché des obligations du gouvernement du Canada en mars 2020, au plus fort des turbulences sur les marchés. Il a constaté que les fonds de couverture peuvent contribuer au caractère unilatéral des marchés et amplifier les baisses de la liquidité.

Selon une autre étude sur le comportement des participants au marché, les assureurs vie canadiens n’ont pas été confrontés à des retraits de liquidité importants au cours des récentes périodes de tensions (comme la pandémie de COVID-19) et ils ont été en mesure de maintenir leurs activités de placement habituelles. En revanche, d’autres types de gestionnaires d’actifs ont vu leurs besoins de liquidités augmenter de manière significative, ce qui a probablement contribué aux tensions sur les marchés pendant ces périodes.

Le personnel de la Banque a aussi noté que les marchés des options peuvent donner une indication de l’appétit des investisseurs pour le risque pendant des périodes de tensions. Un examen des variations des prix des options sur les fonds négociés en bourse a révélé que les investisseurs n’avaient pas anticipé de scénario défavorable pour les grandes banques canadiennes ou l’économie lorsque des turbulences ont agité le secteur bancaire mondial en mars 2023.

Ces études ont permis de faire la lumière sur les différentes réactions des participants au marché dans des épisodes de tensions.

Promouvoir la résilience du système financier

En 2023, la Banque a collaboré étroitement avec les autorités fédérales et provinciales à la surveillance et à l’évaluation de la résilience du système financier canadien.

Pour l’institution, cette collaboration a aussi pris la forme d’un leadership soutenu au sein du Comité des responsables des organismes de réglementation et du Comité de surveillance du risque systémique. Par l’intermédiaire de ces instances de concertation fédérale-provinciale, elle a contribué à améliorer la mise en commun de l’information sur d’importants dossiers relatifs au système financier.

La Banque a poursuivi sa coopération avec le secteur financier par l’entremise du Forum canadien des titres à revenu fixe. Les efforts déployés visaient principalement à promouvoir un marché efficient et robuste pour les titres à revenu fixe au Canada. La Banque a également accepté de coprésider le Groupe consultatif sur l’infrastructure liée aux garanties et les pratiques de marché. Ce nouveau groupe de travail sectoriel veillera à favoriser l’efficacité opérationnelle sur les marchés canadiens des garanties et du financement par titres. Il cherchera aussi des possibilités d’amélioration et assurera la mise en œuvre et la promotion des solutions recommandées.

Assurer la solidité du régime canadien de taux de référence

Le Groupe de travail sur le taux de référence complémentaire pour le marché canadien (Groupe de travail sur le TARCOM), qui est également coprésidé par la Banque, a poursuivi ses travaux en 2023 pour faire avancer la réforme des taux de référence au Canada. Il a accompli la première étape de son plan de transition en deux étapes visant l’abandon du taux CDOR (Canadian Dollar Offered Rate). À la fin du mois de juin, les participants au marché avaient adopté une tarification fondée sur le taux CORRA (Canadian Overnight Repo Rate Average) pour presque toutes les nouvelles émissions de produits dérivés et de titres.

À l’appui de la seconde étape du plan – étant donné que le taux CDOR ne sera plus publié après juin 2024 –, la Banque a collaboré avec des membres du Groupe de travail sur le TARCOM pour encourager le marché des prêts à passer rapidement au taux CORRA. Le lancement, en 2023, du taux CORRA à terme aux échéances d’un et de trois mois du Groupe de travail sur le TARCOM aidera à franchir cette étape de la transition.

En octobre, le Forum canadien des titres à revenu fixe a annoncé le processus qu’il propose pour la cessation graduelle des émissions d’acceptations bancaires. Ce processus permettra au marché monétaire canadien de continuer à bien fonctionner. Depuis les dernières années, les acceptations bancaires constituent le deuxième instrument en importance au sein des marchés monétaires canadiens, derrière les bons du Trésor. Elles cesseront d’être émises après l’abandon du taux CDOR.

Surveiller les systèmes de paiement et les infrastructures de marchés financiers

La Banque est responsable de la surveillance des infrastructures de marchés financiers au Canada qui sont susceptibles d’engendrer un risque systémique ou un risque pour le système de paiement. En octobre 2023, la Banque a désigné quatre systèmes de paiement comme systèmes de paiement importants en vertu de la Loi sur la compensation et le règlement des paiements :

  • le système VisaNet de Visa inc.
  • le Global Clearing Management System de Mastercard International inc.
  • le Single Message System de Mastercard International inc.
  • le réseau intermembres d’Interac Corp.

De par cette désignation, ces systèmes sont assujettis à la surveillance officielle de la Banque et doivent, par conséquent, respecter les normes de gestion des risques de la Banque. Cela permet de s’assurer que les systèmes demeurent des modes de paiement sûrs, viables et efficaces pour la population.

Activités à venir

En 2024, la Banque continuera à :

  • surveiller de près la façon dont les ménages, les entreprises et le système financier s’adaptent à un environnement marqué par des taux d’intérêt plus élevés
  • utiliser des microdonnées pour enrichir sa compréhension des vulnérabilités financières et informer régulièrement le public sur l’évolution de ces vulnérabilités
  • entretenir des liens de coopération étroite avec ses partenaires canadiens et étrangers pour échanger de l’information et favoriser la résilience du système financier au Canada
  • finaliser la réforme des taux de référence afin d’assurer le bon fonctionnement des marchés canadiens en menant à bien et en facilitant la transition liée à l’abandon du taux CDOR

Renseignements complémentaires

Portail sur le système financier

Comités relatifs au système financier

Rapports du Fonds monétaire international sur la stabilité financière dans le monde


  1. 1. Voir M. teNyenhuis et A. Su, « L‘effet des hausses de taux d’intérêt sur les versements hypothécaires », note analytique du personnel 2023-19 de la Banque du Canada (décembre 2023).[]

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