Politique monétaire

En 2021, l’économie canadienne a continué à se remettre des effets de la pandémie de COVID-19. À mesure que les taux de vaccination ont augmenté et que les restrictions sanitaires ont été assouplies, la croissance s’est généralisée – y compris dans les secteurs des services où la distanciation est difficile.

Le marché du travail a aussi affiché des gains impressionnants et les incidences très inégales de la pandémie sur l’emploi chez les femmes et les jeunes se sont en grande partie dissipées. À la fin de l’année, l’emploi avait retrouvé son niveau prépandémie.

Même si la reprise a été solide en 2021, la réouverture de l’économie a posé de nouveaux défis. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales ont fait monter les prix de nombreux biens. Et cette situation, conjuguée aux prix plus élevés de l’énergie et des aliments, a contribué à la hausse de l’inflation au Canada et dans d’autres pays. Ces problèmes d’approvisionnement ont également freiné l’activité économique.

L’incertitude demeurait élevée à la fin de 2021. La propagation de nouveaux variants de la COVID‑19 a encore prolongé la pandémie. Les perspectives de croissance du produit intérieur brut (PIB) et de la production potentielle restaient difficiles à évaluer en raison :

  • des perturbations de l’approvisionnement
  • des changements structurels en cours, comme la numérisation
La Politique monétaire est l’une des cinq grandes sphères de responsabilité de la Banque. Découvrez les grandes fonctions de l’institution.

Soutenir la reprise après le choc de la pandémie

La Banque a pris plusieurs mesures importantes en 2021 pour favoriser la reprise.

Suivre la situation économique durant cette deuxième année de pandémie

L’activité économique mondiale a continué à s’améliorer en 2021, mais la progression est restée volatile et inégale. À la fin de l’année, les bases de la reprise étaient plus solides dans les économies avancées que dans les pays émergents en raison surtout des meilleurs taux de vaccination et des mesures plus expansionnistes.

La forte demande de biens, qui a stimulé l’activité manufacturière et le commerce à l’échelle du globe, a soutenu la croissance mondiale. Toutefois, l’engorgement des infrastructures de transport ainsi que les pénuries de semi-conducteurs et de matériaux de construction ont limité la production dans certains secteurs importants pour les exportations canadiennes, comme ceux des véhicules et pièces automobiles et de la construction.

La reprise de l’économie canadienne, qui s’était amorcée durant la seconde moitié de 2020, s’est poursuivie en 2021. Les progrès ont cependant stagné au deuxième trimestre étant donné la réintroduction de mesures visant à limiter la propagation du virus, les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement et un ralentissement du marché du logement.

À mesure que la propagation du virus s’est atténuée et que les taux de vaccination ont grimpé, les restrictions sanitaires ont été allégées et la croissance a été robuste pendant la seconde moitié de l’année.

Le marché du travail canadien s’est redressé fortement, et à la fin de l’année :

  • le taux de chômage approchait son niveau prépandémie
  • l’emploi était revenu à son niveau d’avant la pandémie

Dans ce contexte, les entreprises ont eu plus de difficulté à embaucher, surtout de la main‑d’œuvre qualifiée pour exercer des métiers spécialisés ou occuper des emplois axés sur le numérique. Dans bien des branches du secteur des services qui ont été durement touchées, les employeurs ont aussi eu du mal à trouver des travailleurs assez rapidement pour répondre à la flambée de la demande qui a suivi la réouverture de l’économie.

Comprendre les facteurs qui poussent l’inflation au-dessus de la cible

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a dépassé la fourchette cible de la Banque. Quatre facteurs clés ont contribué à l’augmentation des prix :

  • l’effet de glissement annuel1
  • les prix plus élevés des biens, y compris les aliments, en raison des perturbations nationales et internationales de l’approvisionnement et de la forte demande
  • les prix plus élevés de l’énergie
  • un rebond de la demande dans les secteurs où la distanciation est difficile, à mesure que les restrictions liées à la pandémie étaient allégées

La hausse de l’inflation a entraîné un accroissement des attentes d’inflation à court terme, mais les attentes à long terme sont demeurées bien arrimées. Cet arrimage est essentiel pour la conduite de la politique monétaire, puisque les décisions économiques que prennent les particuliers et les entreprises aujourd’hui sont influencées par leurs attentes quant à l’évolution des prix. Ces décisions se répercutent ensuite sur le taux réel d’augmentation des prix.

Atteinte de la cible relative à l’inflation mesurée par l’IPC
Principaux indicateurs Niveau de référence 2017 2018 2019 2020 2021
Inflation mesurée par l’IPC (%) 2,0 1,6 2,3 1,9 0,7 3,4
Inflation moyenne mesurée par l’IPC depuis 2001 (%) 1,9
Attentes d’inflation sur dix ans (%) 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0

Fournir de la détente au moyen de la politique monétaire

Dans l’ensemble, l’économie a dû recevoir un appui considérable de la politique monétaire en 2021. La Banque a donc maintenu le taux directeur à sa valeur plancher de 0,25 %, et elle est restée engagée à le maintenir à ce niveau jusqu’à ce que les capacités excédentaires se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable.

La Banque a ajusté son programme d’assouplissement quantitatif pendant l’année. Elle a réduit le montant des nouveaux achats nets d’obligations du gouvernement du Canada en avril, puis en juillet, avant de cesser ces achats à la fin d’octobre. La Banque a ensuite amorcé une phase de réinvestissement et indiqué qu’elle continuerait d’acheter des obligations d’État pour remplacer celles arrivant à échéance, de façon à garder son portefeuille global assez stable. Cette phase va se poursuivre au moins jusqu’à ce que la Banque commence à relever le taux directeur.

Soutenir la fonction Politique monétaire de la Banque

Des analyses approfondies menées en temps utile ont appuyé les décisions de politique monétaire tout au long de l’année. Le personnel de la Banque a continué d’évaluer les effets de la pandémie sur les économies mondiale et canadienne.

Malgré les forces très complexes s’exerçant sur l’offre et la demande globales, la Banque avait correctement prévu que la croissance du PIB ralentirait durant la première moitié de 2021, avant de se renforcer au cours des six derniers mois de l’année. La hausse de l’inflation au second semestre a toutefois été plus importante que prévu.

S’appuyant sur de l’information tirée de nouvelles sources de données, le personnel a modifié les questions posées dans le cadre des enquêtes de la Banque pour mieux étayer la formulation des prévisions économiques et la prise de décisions de politique publique2. Mais l’incertitude entourant les prévisions économiques mondiales et nationales est restée inhabituellement élevée, une situation en grande partie attribuable au caractère imprévisible de la pandémie et au choc économique sans précédent qu’elle a causé. Si certaines des perturbations qui en ont découlé ont été conformes aux attentes, d’autres, comme l’étendue et la durée des perturbations de l’offre, ont été beaucoup plus prononcées qu’on l’avait anticipé.

Le personnel de la Banque a élaboré un cadre complet pour mesurer les capacités excédentaires sur le marché du travail qui s’applique précisément dans ce contexte de reprise après le choc de la pandémie3. Le cadre utilise une approche détaillée qui permet de voir où se concentrent la faiblesse et la vigueur du marché du travail.

Le personnel a également eu recours à des données transactionnelles à haute fréquence afin de mieux comprendre les habitudes de paiement des consommateurs durant la pandémie4. La Banque a ainsi pu prévoir avec précision la vigueur du rebond au deuxième semestre.

Par ailleurs, le personnel a analysé des scénarios de transition climatique dans le cadre du projet pilote mené par la Banque avec des institutions financières canadiennes. La Banque est parmi les premières banques centrales à évaluer les risques de transition en combinant des modèles climat-économie et des modèles macroéconomiques.

Renouvellement du cadre de conduite de la politique monétaire de la Banque

À la suite d’un vaste processus d’examen et de consultation, la Banque a renouvelé, en 2021, son entente avec le gouvernement fédéral sur la conduite de la politique monétaire.

Activités à venir

En 2022, la Banque s’emploiera à surveiller la reprise de l’offre et de la demande, ainsi qu’à comprendre les conséquences économiques à moyen et à long terme de la pandémie. De plus, elle :

  • poursuivra l’amélioration des modèles macroéconomiques actuels, notamment grâce à une caractérisation plus poussée des marchés du travail et à des spécifications plus réalistes pour les attentes
  • élaborera de nouveaux outils de prévision en s’appuyant sur des sources de données non traditionnelles
  • améliorera ses enquêtes et ses activités de liaison pour mieux comprendre l’évolution de l’économie. En particulier, elle mènera une nouvelle enquête en ligne auprès d’entreprises et cherchera à approfondir ses connaissances de l’économie autochtone en étudiant les caractéristiques et les conditions du secteur des entreprises autochtones
  • continuera d’étudier les effets de la numérisation, de l’automatisation et de l’adoption de technologies de pointe ainsi que leurs incidences sur l’économie canadienne, en portant une attention particulière aux marchés du travail et à la productivité
  • évaluera l’incidence des risques physiques liés aux changements climatiques et des risques liés à la transition vers une économie sobre en carbone

Renseignements complémentaires

La reprise du marché du travail au sortir de la pandémie de COVID-19

Déclaration commune du gouvernement du Canada et de la Banque du Canada concernant le renouvellement du cadre de politique monétaire

Renouvellement du cadre de politique monétaire


  1. 1. L’inflation mesurée par l’IPC est calculée en comparant le prix du panier de l’IPC du mois courant avec le prix d’il y a 12 mois, qui constitue la base de comparaison. Ainsi, quand le prix des articles dans le panier change beaucoup, cette mesure devient volatile. Autrement dit, elle inverse sa trajectoire d’une année à l’autre. Ce revirement est ce qu’on appelle l’effet de glissement annuel. Pour en savoir plus, consulter le document explicatif de la Banque sur l’indice des prix à la consommation.[]
  2. 2. Par exemple, une nouvelle base de données de l’organisation Indeed a permis au personnel d’en savoir plus sur l’évolution des offres d’emplois publiées en ligne pour des postes liés aux technologies numériques durant la pandémie (voir la livraison de juillet du Rapport sur la politique monétaire de la Banque). De nouveaux éléments ont aussi été ajoutés à l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, notamment des entretiens de suivi pour mieux comprendre les attentes d’inflation et comment se porte le marché du travail. En outre, le personnel a élaboré une nouvelle enquête, Le Pouls des entrepreneurs, menée auprès d’un large éventail d’entreprises pour obtenir de l’information sur la situation et les attentes des entreprises.[]
  3. 3. E. Ens, L. Savoie-Chabot, K. See et S. L. Wee (2021), Assessing Labour Market Slack for Monetary Policy, document d’analyse du personnel nº 2021-15, Banque du Canada.[]
  4. 4. T. Dahlhaus et A. Welte (2021), Payment Habits During COVID‑19: Evidence from High-Frequency Transaction Data, document de travail du personnel nº 2021‑43, Banque du Canada.[]

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