Bruno Feunou Kamkui est directeur au département des Marchés financiers de la Banque du Canada. Il a auparavant travaillé à l'Université Duke en tant qu'associé postdoctoral. Il a complété son doctorat à l'Université de Montréal.
Au moyen de notre nouvel outil quantitatif, nous montrons comment les risques pesant sur les perspectives d’inflation et de croissance ont évolué au cours de 2023.
Au Canada, les taux d’intérêt affichent une diminution séculaire depuis les années 1980. Les prévisions à long terme des taux tirées d’enquêtes ont également baissé, mais pas autant et plus graduellement. Nos estimations issues du modèle montrent une évolution de la prévision finale en trois phases : baisse entre 1990 et 1995, période de stabilité de 1996 à 2007 et nouvelle contraction depuis 2008. La valeur estimée actuelle du taux final demeure teintée d’incertitude et la question fait toujours l’objet de recherches actives.
Nous montrons que les nouvelles macroéconomiques expliquent une bonne part des mouvements trimestriels des rendements des obligations du gouvernement canadien, alors que leurs mouvements quotidiens tiennent principalement à d’autres facteurs. Nous montrons, en outre, que ce sont les nouvelles économiques américaines, et non pas canadiennes, qui expliquent l’essentiel des variations trimestrielles des rendements obligataires canadiens.
Bon nombre de rapports et d’analyses portent surtout sur l’effet de surprise causé par la publication de nouvelles données économiques (inflation globale, croissance du PIB réel, taux de chômage, etc.). Or, nous constatons que les nouvelles qui font les manchettes sont loin d’expliquer à elles seules les fluctuations des prix sur les marchés après la diffusion de nouvelles informations. En fait, les marchés réagissent en général plus fortement aux nouvelles imprévues qui ne se trouvent pas dans les gros titres (composition de la croissance du PIB, qualité des emplois créés, révisions apportées aux données antérieures, etc.). Il est donc essentiel de suivre l’incidence de ce type d’informations le jour de leur diffusion pour pouvoir analyser comment les marchés interprètent les nouvelles données économiques et y réagissent.
Dans la présente note, nous établissons que les participants au marché réagissent à un changement imprévu de ton dans les déclarations de la Banque du Canada sur la politique monétaire. Quand le marché considère que l’institution a l’intention de resserrer (ou bien d’assouplir) la politique monétaire plus tôt qu’il ne l’avait d’abord escompté, le dollar canadien s’apprécie (ou se déprécie) et le rendement à long terme des obligations de l’État canadien augmente (ou diminue). Le ton des déclarations revêt une importance particulièrement grande pour le marché dès lors que le taux directeur est resté inchangé pendant un certain temps.
Les flux d’investissements étrangers dans les obligations du gouvernement du Canada ont fortement augmenté depuis la crise financière. D’après notre analyse empirique, entre 2009 et 2012, les flux de capitaux étrangers, qui se chiffraient à 150 milliards de dollars, ont eu pour effet d’abaisser de 100 points de base le taux de rendement des obligations du gouvernement du Canada à dix ans.
La baisse des taux d’intérêt réels sans risque au cours des trois dernières décennies a relancé les discussions au sujet du taux d’intérêt neutre réel, « R* ». Nous nous intéressons aux déterminants et aux méthodes d’estimation du taux neutre ainsi qu’aux facteurs influant sur sa baisse et sa trajectoire future.
Cette étude quantifie les risques extrêmes présents dans les perspectives d’inflation et de croissance du PIB réel au Canada en estimant leur distribution conditionnelle quotidienne. Nous montrons que les probabilités de matérialisation de ces risques calculées à partir des distributions conditionnelles reflètent fidèlement les résultats obtenus au cours de la période de 2002 à 2022.
Nous décomposons le taux de change en nous basant sur un lien explicite entre le marché des titres à revenu fixe et le marché des devises. Nous isolons une prime de risque de change et démontrons qu’elle a un effet déterminant sur le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain, en particulier les jours où des annonces relatives à la politique monétaire et à la macroéconomie sont diffusées.
Partant de deux approches complémentaires, nous étudions l’influence des nouvelles macroéconomiques américaines sur les fluctuations à basse fréquence dans la structure par terme des taux d’intérêt au Canada, en Suède et au Royaume-Uni. Nous constatons que les nouvelles macroéconomiques des États-Unis jouent un rôle particulièrement important dans les variations de la composante d’anticipation des taux courts nominaux, des taux courts réels et du taux d’inflation au sein des petites économies ouvertes.
Document de travail du personnel 2023-40Bruno Feunou
Nous présentons les processus gamma autorégressifs généralisés (GARG), une catégorie de processus autorégressifs et moyennes mobiles où la dynamique de chacun des moments conditionnels est influencée par une différente moyenne mobile identifiable de la variable d’intérêt. Nous montrons que l’utilisation de processus GARG réduit les erreurs d’évaluation de façon nettement plus importante que les processus gamma autorégressifs existants.
Nous étudions les forces économiques qui expliquent la baisse séculaire des rendements obligataires. Avant l’ancrage des attentes d’inflation, au milieu des années 1990, les chocs nominaux agissaient sur l’inflation, la production et les rendements obligataires. Depuis, leurs effets sont beaucoup moins importants.
Nous étudions l’incertitude liée au rendement des actions pour différents horizons de placement. Comme le rendement est soit une perte, soit un gain, nous classons l’incertitude liée au rendement dans l’une ou l’autre de ces deux catégories : l’incertitude liée à une perte et l’incertitude liée à un gain. Nous utilisons ensuite ces deux catégories pour évaluer le placement.
Les spécifications relatives au taux cible de la Réserve fédérale comportant des caractéristiques plus réalistes atténuent le risque de surajustement à l’intérieur de l’échantillon et sont privilégiées dans les données.
Nous décomposons la variance totale en ses éléments positifs et négatifs et mesurons les primes associées à leurs fluctuations à partir de données sur les actions et les options, données tirées d’un vaste échantillon représentatif d’entreprises.
Dans cette étude, nous proposons une méthodologie nouvelle pour estimer les modèles d’évaluation d’options, fondée sur les moments neutres à l’égard du risque. Nous synthétisons la distribution extraite de notre échantillon de prix d’options et exploitons les relations linéaires qui existent entre les cumulants neutres à l’égard du risque et les variables latentes dans le cadre d’un modèle affine à volatilité stochastique en temps continu.
Grâce aux avancées dans le domaine de l’analyse des écarts, il est possible de diviser la variation quadratique totale d’un processus de diffusion à sauts en composantes à la hausse et à la baisse. Selon de récentes études, cette division améliore les prévisions de volatilité et fait ressortir que la différence entre les variances à la hausse et à la baisse constitue un facteur d’asymétrie dans les distributions des cours des actions.
Nous estimons un modèle en temps continu à volatilité stochastique et à probabilité dynamique de krach appliqué à l’indice S&P 500. D’après nos conclusions, l’illiquidité du marché supplante les autres facteurs lorsqu’il s’agit d’expliquer le risque d’effondrement boursier.
Nous présentons un nouveau cadre qui facilite la modélisation de la structure par terme des taux d’intérêt en tenant compte à la fois des taux d’intérêt positifs et des dynamiques flexibles associées aux séries chronologiques.
L’incertitude qui entoure l’évolution future du taux directeur de la Banque du Canada est mesurée à l’aide de la volatilité implicite, qui s’obtient au moyen des prix des options sur taux d’intérêt, et de la volatilité réalisée, calculée à partir des prix intrajournaliers des contrats à terme sur taux d’intérêt. Ces deux indicateurs montrent que l’incertitude a diminué après l’adoption par la Banque des grandes mesures de politique visant à contrer la crise financière de 2007–2009. Les résultats indiquent aussi que l’incertitude baisse généralement après la publication du taux directeur de la Banque.
« Secular Economic Changes and Bond Yields », (avec la collaboration de Jean-Sebastien Fontaine), The Review of Economics and Statistics, 2023, vol. 105, no 2, p. 408–424.
« Which Model to Forecast the Target Rate? », (avec la collaboration de Jean-Sebastien Fontaine et Jianjian Jin), Studies in Nonlinear Dynamics & Econometrics(SNDE), vol. 25, no 1, février 2021, numéro d'article : 20190005.
« Downside Variance Risk Premium », (avec la collaboration de Jahan-Parvar Mohammad et Cedric Okou), Journal of Financial Econometrics, vol. 16, no 3, juin 2018, p. 341–383.
« Implied Volatility And Skewness Surface », (avec la collaboration de Romeo Tedongap et Jean-Sebastien Fontaine), Review of Derivatives Research, (juillet 2017) vol. 20, no 2, p. 167-202.
« Modeling Market Downside Volatility », (avec la collaboration de Jahan-Parvar Mohammad et Romeo Tedongap), Review of Finance, (janvier 2013), vol. 17, no 1, p. 443-481.