La réforme financière mondiale est essentielle pour assurer des emplois durables, selon le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney
La mondialisation change la nature de la production et fait augmenter la demande de travailleurs spécialisés dans les économies avancées, dont le Canada, a déclaré aujourd’hui le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, dans un discours prononcé à l’occasion du congrès des Travailleurs canadiens de l’automobile.
« Nous devons tous reconnaître que les emplois durables et bien payés de l’avenir dans le secteur manufacturier seront offerts par des entreprises qui investissent dans l’outillage et la formation de leurs travailleurs et qui participent pleinement à l’économie mondiale », a affirmé le gouverneur Carney.
Selon M. Carney, la première vague de mondialisation, à la fin du siècle dernier, a fait reculer les coûts de transport de façon spectaculaire, et le nombre grandissant de grosses usines a favorisé la concentration de la production et de l’emploi dans le secteur manufacturier. Dans la présente vague, qui a débuté vers la fin des années 1980, les énormes progrès des communications et de l’informatique ont abaissé radicalement les coûts de coordination entre les différentes étapes de production. Cela a contribué à décentraliser les activités vers les régions offrant la plus grande efficience. Par conséquent, l’avantage concurrentiel sera de plus en plus concentré au niveau des étapes de production plutôt qu’au niveau du secteur d’activité.
Pour que le Canada puisse prospérer, les travailleurs, les entreprises et les gouvernements doivent tirer parti des avantages qu’offre le pays, notamment des politiques budgétaire et monétaire saines; un secteur financier résilient; le fait que des inefficiences à l’intérieur de nos frontières peuvent être éliminées afin de favoriser l’emploi et le profit; des possibilités sous-exploitées dans les économies les plus dynamiques du monde et, surtout, une main-d’œuvre dotée d’une formation rigoureuse, avide d’apprendre de nouvelles compétences.
Les efforts déployés à l’échelle internationale pour renforcer la stabilité financière mondiale - qui comprennent la création d’institutions financières résilientes, le règlement du problème des institutions trop grosses pour faire faillite, la création de marchés ouverts en continu et le renforcement de la réglementation du secteur bancaire parallèle -, contribueront à ce que les entreprises disposent du capital dont elles ont besoin pour investir et embaucher, tout en aidant à protéger le Canada des chocs soudains provoqués par la conjoncture à l’étranger. « Au cours de la dernière crise, le Canada a appris que mettre de l’ordre dans ses propres affaires ne suffit pas. Il faut aussi que les autres mettent la barre plus haut. Voilà pourquoi le Conseil de stabilité financière se concentre de plus en plus sur une mise en œuvre rapide et cohérente de l’ensemble des réformes convenues », a précisé le gouverneur.
M. Carney a indiqué que le contexte mondial demeure difficile. Ces derniers mois, on a observé un ralentissement généralisé de l’activité dans les économies avancées et émergentes. L’Europe est retombée en récession et la crise qu’elle vit, bien que contenue, reste aiguë. L’économie américaine continue de croître modestement, étant restreinte par la réduction des leviers d’endettement en cours et par l’incertitude considérable entourant le précipice budgétaire et la situation européenne.
Bien que les vents contraires extérieurs freinent l’activité économique au Canada et que certains facteurs spéciaux à court terme pèsent sur la croissance, l’économie progresse actuellement à peu près au même rythme que la production potentielle. Ce rythme devrait s’accélérer au cours de 2013.