Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, expose le programme de réduction du risque systémique du G20
Les dirigeants des pays membres du G20 travaillent à l’élaboration de réformes internationales qui permettront de solidifier le système financier mondial, a déclaré aujourd’hui M. Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada.
Dans un discours prononcé à l’occasion de la réunion de l’Organisation internationale des commissions de valeurs, à Montréal, M. Carney a exposé le programme du G20 axé sur la réduction du risque systémique et la création d’un système financier mondial plus résilient.
« La crise financière mondiale a mis au jour le sophisme de composition selon lequel des institutions financières individuelles robustes garantissent collectivement la fiabilité et la solidité de l’ensemble du système, a noté le gouverneur. Même le régime réglementaire microprudentiel le plus rigoureux peut être mis à mal par les risques systémiques. »
Le gouverneur a énoncé trois stratégies clés visant l’atténuation du risque systémique : accroître la résilience des institutions financières; augmenter la robustesse des marchés financiers et réduire l’interdépendance entre les institutions et entre les institutions et les marchés. « Il s’agit non pas de changements mineurs, mais bien de changements radicaux », a précisé M. Carney.
La création d’institutions plus résilientes nécessite des capitaux en plus grande quantité et de meilleure qualité, une amélioration de la liquidité des bilans et une gestion accrue des risques, a mentionné le gouverneur. « Les propositions définitives concernant les fonds propres rendront le système financier mondial plus semblable à celui du Canada. Pour l’ensemble des pays, toutefois, les changements seront substantiels. »
L’ouverture permanente des marchés financiers est essentielle et, pour cela, il faut des politiques et une infrastructure qui favorisent la création de liquidité par le secteur privé en temps normal et permettent à la banque centrale de fournir un soutien en temps de crise. Une infrastructure solide repose sur des systèmes de compensation et de règlement dotés d’éléments de limitation des risques et sur une transparence accrue des transactions et des instruments financiers.
Pour réduire l’interdépendance entre les institutions, les organismes de réglementation devraient instituer des régimes d’intervention graduelle et les banques devraient élaborer des plans de liquidation ordonnée si elles venaient à faire faillite. On doit aussi disposer de moyens de reconstituer le capital d’une institution financière en difficulté sans avoir recours à l’argent des contribuables. « L’une des avenues prometteuses à cet égard consiste à intégrer un mécanisme de fonds propres conditionnels aux émissions de titres de dette et d’actions privilégiées des institutions financières », a signalé M. Carney.
Lors de leur dernière réunion à Busan, en Corée du Sud, les ministres des Finances et les gouverneurs de banque centrale des pays du G20 ont recentré leurs efforts sur les principales composantes du programme de réforme, à savoir les fonds propres, les mécanismes de résolution et l’infrastructure de marché, a dit M. Carney à l’auditoire. « Plus tard ce mois-ci, à Toronto, on peut s’attendre à ce que les dirigeants des pays membres du G20 renforcent cette décision, a‑t‑il souligné. Le temps des débats et des discussions tire à sa fin. Les autorités publiques doivent maintenant prendre des décisions et les mettre en oeuvre. »