Rapport sur la politique monétaire – Octobre 2024 – Économie canadienne
La croissance économique au Canada devrait s’accélérer graduellement pour atteindre 2¼ % en moyenne au cours de la période de projection. De son côté, l’inflation devrait rester proche de la cible de 2 %.
L’activité économique devrait être stimulée par les taux d’intérêt plus bas, qui feront augmenter les dépenses des ménages et des entreprises. On s’attend également à ce que les exportations soutiennent la croissance.
Activité économique
La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait s’accélérer sur l’horizon de projection. Après s’être contracté depuis le premier trimestre de 2023, le PIB par habitant devrait commencer à augmenter au premier trimestre de 2025. On prévoit que la croissance de la production potentielle se modérera en 2025 et 2026, et que l’offre excédentaire se résorbera graduellement.
La croissance du PIB devrait se renforcer graduellement
La croissance du PIB devrait se poursuivre à un rythme avoisinant 2 % au cours de la première moitié de 2025, avant d’augmenter légèrement pour atteindre environ 2½ % dans la deuxième moitié. Cette accélération devrait être due en grande partie à l’augmentation des dépenses de consommation et des investissements des entreprises, soutenue par les baisses de taux d’intérêt. On s’attend à ce que la croissance des exportations soit favorisée par une hausse des exportations d’énergie et une demande étrangère robuste. Durant le reste de la période de projection, la croissance du PIB devrait rester autour de 2¼ %.
L’évolution de la croissance économique au cours de la période de projection reflète l’effet net de deux forces :
- La croissance démographique devrait ralentir, passant d’environ 2½ % dans la deuxième moitié de 2024 à une moyenne trimestrielle de 1½ % sur le reste de l’horizon de projection. Ce ralentissement signifie que moins de nouveaux consommateurs et de nouveaux travailleurs entreraient dans l’économie1.
- La croissance du PIB par habitant devrait passer d’environ -¾ % dans la deuxième moitié de 2024 à un peu plus de ¾ % en moyenne en 2025 et 2026 (graphique 13). Cette reprise escomptée s’explique en grande partie par le raffermissement attendu de la consommation par habitant.
Étant donné que le moment exact du ralentissement de la croissance démographique et de l’amélioration du PIB par habitant est incertain, la trajectoire de la croissance économique pourrait s’avérer plus irrégulière que prévu.
L’offre excédentaire devrait se résorber graduellement
La croissance de la production potentielle devrait se modérer, passant de 2,4 % en 2024 à 1,9 % en moyenne en 2025 et 2026. De son côté, la croissance de la productivité tendancielle du travail devrait s’accélérer en 2025 et 2026, compensant partiellement le ralentissement de l’expansion démographique.
On s’attend à ce que l’offre excédentaire se maintienne à environ 1 % jusqu’à la fin de la première moitié de 2025, le PIB augmentant à peu près au même rythme que la production potentielle. À partir de la deuxième moitié de 2025, l’offre excédentaire devrait se résorber graduellement.
La consommation par habitant devrait progresser de façon constante
La croissance de la consommation devrait se modérer dans la première moitié de 2025 en raison d’un ralentissement de l’expansion démographique. Elle devrait ensuite s’accélérer pour atteindre environ 2 % sur le reste de la période de projection.
Après avoir reculé pendant cinq trimestres consécutifs, les dépenses de consommation par habitant devraient augmenter. On prévoit que la croissance redeviendra positive dans la deuxième moitié de 2025 et continuera ensuite à se renforcer progressivement. Cette reprise devrait être soutenue par les taux d’intérêt plus bas et par l’augmentation de la richesse des ménages.
En particulier, la baisse des taux d’intérêt soutient la consommation par habitant en réduisant le coût du financement des nouveaux emprunts. Elle réduit également les coûts du service de la dette pour certains emprunteurs ayant contracté des prêts à taux variable et à court terme. Cela dit, la plupart des ménages renouvelant des prêts hypothécaires à taux fixe de cinq ans seront confrontés à une augmentation des coûts du service de la dette au cours de l’horizon de projection, ce qui tempérera leurs dépenses de consommation2.
À mesure que les conditions économiques générales se raffermiront, les dépenses des jeunes travailleurs et des travailleurs à faible revenu devraient augmenter. On devrait également assister à un regain graduel de la confiance des consommateurs.
L’investissement résidentiel devrait se redresser
La croissance de l’investissement résidentiel devrait s’accélérer pour atteindre à peu près 6 % en 2025 et 2026.
- La revente et la rénovation devraient se redresser à la faveur de la baisse des taux d’intérêt. Les rénovations devraient également être soutenues par la hausse prévue des prix des logements.
- Les changements récents apportés aux règles de l’assurance hypothécaire du gouvernement devraient stimuler la demande de logements.
- Malgré le ralentissement attendu de la croissance de la population, la demande devrait demeurer robuste et soutenir la construction de nouveaux logements.
Les taux d’intérêt plus bas pourraient aussi favoriser une certaine augmentation de l’offre de logements en faisant baisser les coûts de financement. Toutefois, les contraintes liées à la quantité de terrains disponibles pour de nouveaux logements, les restrictions de zonage et le manque de main-d’œuvre qualifiée devraient limiter le rythme de la construction, en particulier à court terme. Par conséquent, on s’attend à ce que la croissance de la demande de logements soit supérieure à celle de l’offre.
Contrairement aux autres secteurs de l’économie qui affichent une offre excédentaire, le marché du logement devrait demeurer tendu. On prévoit que les prix des logements augmenteront, mais à un rythme qui sera probablement limité parce que certains acheteurs seront confrontés à des problèmes d’abordabilité.
Les investissements des entreprises et les exportations devraient augmenter
Les investissements des entreprises devraient s’accroître au cours de la période de projection, soutenus par les taux d’intérêt plus bas et une demande plus forte. De plus, l’augmentation de la capacité pipelinière et de la capacité d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) devrait favoriser les investissements dans le secteur de l’énergie.
Après avoir diminué depuis 2020, la quantité de capital par travailleur devrait se redresser sous l’effet d’un renforcement des investissements et d’un ralentissement de la croissance de la main-d’œuvre. Il devrait en résulter une amélioration de la productivité du travail.
La croissance des exportations portée par l’énergie
La croissance des exportations devrait augmenter en 2025, stimulée par le réseau agrandi d’oléoducs Trans Mountain. En 2026, les exportations d’énergie devraient être soutenues par de nouvelles capacités dans la filière du GNL. On prévoit que la vigueur de la demande étrangère, en particulier en provenance des États-Unis, dynamisera les exportations hors produits de base.
La croissance des importations devrait s’accélérer pour atteindre environ 3½ % en moyenne en 2025 et 2026, en phase avec la croissance de la demande intérieure et des exportations.
La croissance des dépenses publiques devrait ralentir
La croissance des dépenses publiques devrait ralentir, en accord avec les budgets du gouvernement fédéral et des provinces pour 2024.
Perspectives d’inflation
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) devrait rester proche de 2 % au cours de la période de projection (graphique 14). De son côté, l’inflation fondamentale devrait se modérer graduellement.
L’inflation est tombée à 1,6 % en septembre. Dans les mois à venir, on s’attend à ce qu’elle augmente pour atteindre un peu plus de 2 %, principalement parce que l’effet modérateur exercé par les prix de l’énergie s’atténuera (graphique 15).
De façon générale, la Banque est encore d’avis que des forces opposées façonnent les perspectives d’inflation.
Tout d’abord, l’offre excédentaire, qui tire l’inflation à la baisse, devrait se résorber progressivement à mesure que les taux d’intérêt plus bas soutiendront la croissance. La réduction de l’écart de production devrait se traduire par une accélération modeste du rythme d’augmentation des prix, particulièrement ceux de nombreux biens, qui ont tendance à s’ajuster plus fréquemment (Point de mire : Incidence de la fréquence des modifications de prix sur l’inflation).
Ensuite, l’augmentation des prix des services hors logement qui demeurent élevés devrait continuer à ralentir progressivement, en partie parce que ces prix changent moins fréquemment. De plus, beaucoup de ces services sont à forte intensité de main-d’œuvre, et les salaires tendent à s’ajuster lentement. Avec la détente du marché du travail, on prévoit que la croissance des salaires se modérera, ce qui, avec le temps, devrait contribuer à freiner la progression des prix de ces services.
Enfin, on s’attend à ce que la hausse des frais de logement se modère graduellement par rapport son niveau élevé.
- La croissance du coût de l’intérêt hypothécaire devrait redescendre de son niveau élevé à la faveur de la baisse des taux d’intérêt.
- L’inflation dans la composante des loyers de l’IPC devrait diminuer lentement, reflétant un ajustement graduel aux hausses antérieures des nouveaux loyers.
- En revanche, les composantes de l’IPC liées aux prix des logements devraient augmenter.
Les pressions sur ces composantes respectives devant s’estomper pendant la période de projection, l’inflation devrait demeurer près du point milieu de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque. Toutefois, comme le rythme exact de ces ajustements est incertain, la trajectoire de l’inflation pourrait ne pas être aussi lisse que dans la projection.
Notes
- 1. Voir Banque du Canada, « Encadré 3 : Évaluation des effets produits par les nouveaux arrivants sur l’économie et l’inflation au Canada », Rapport sur la politique monétaire (juillet 2024) : 16-17.[←]
- 2. Certains ménages qui renouvellent leur prêt hypothécaire à cinq ans pourraient être en mesure de compenser une partie de l’augmentation des coûts, par exemple en optant pour un produit à plus court terme ou à taux variable.[←]