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Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Deuxième trimestre de 2024

Résultats de l’enquête du 2e trimestre de 2024 | Vol. 5.2 | 15 juillet 2024

La présente enquête a été menée auprès d’un panel en ligne du 26 avril au 15 mai 2024. Des entrevues de suivi ont été réalisées par téléphone du 14 au 23 mai 2024.

Vue d’ensemble

  • Par rapport à l’enquête du trimestre précédent, les perceptions des consommateurs concernant l’inflation courante n’ont pas changé, mais les attentes d’inflation pour les 12 prochains mois ont sensiblement diminué. Même si on constate une grande amélioration pour ces deux mesures au cours des derniers trimestres, elles demeurent supérieures à ce qu’elles étaient avant la pandémie de COVID‑19. La plupart des répondants continuent de penser que des facteurs nationaux – en particulier la vigueur des dépenses publiques et les coûts élevés du logement – contribuent à la forte inflation.
  • La confiance des consommateurs est aussi modérée qu’au dernier trimestre, la forte inflation et les taux d’intérêt élevés pesant encore sur le budget des ménages. Les tensions financières perçues restent élevées, la majorité des répondants continuent d’indiquer qu’ils réduisent leurs dépenses, et le pessimisme persiste quant aux conditions économiques à venir. Les intentions d’achat d’un logement se situent toutefois près de leur moyenne historique, soutenues par les fortes intentions d’achat des nouveaux arrivants.
  • La perception du marché du travail qu’ont les consommateurs s’est détériorée ce trimestre, surtout chez les employés du secteur privé. Toutefois, dans l’ensemble, les attentes de croissance des salaires ont atteint un nouveau sommet, alimentées par les travailleurs du secteur public qui s’attendent à ce que leur salaire rattrape le niveau plus élevé du coût de la vie.

Les attentes d’inflation se sont modérées, mais demeurent plus élevées qu’avant la pandémie

Par rapport à l’enquête du trimestre précédent, les perceptions des consommateurs concernant l’inflation courante n’ont pas changé (graphique 1, ligne bleue), mais les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont sensiblement diminué, après avoir stagné pendant quatre trimestres (graphique 1, ligne jaune). Il y a eu un très net progrès pour ces deux mesures, depuis qu’elles ont chacune atteint leur pic en 2022. Ces dernières évoluent généralement en parallèle puisque les perceptions de l’inflation courante ont tendance à influencer les attentes d’inflation à court terme1.

Dans les entrevues de suivi, certains répondants ont fait remarquer que les prix n’augmentaient plus autant qu’avant. L’un d’eux a dit : « J’achète souvent les mêmes choses et quand je compare mes factures, je trouve que les prix sont plutôt stables par rapport à il y a quelques mois. »

Graphique 1 : Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an se sont modérées

Lorsqu’on demande aux participants ce qui influence leur perception et leurs attentes en matière d’inflation, les évolutions des prix des aliments, des prix de l’essence et des taux d’intérêt sont les facteurs les plus cités. Un répondant a déclaré durant une entrevue de suivi : « De toute façon, tout est lié au prix de l’essence : si l’essence augmente, tout augmente. »

Les consommateurs perçoivent encore l’inflation courante comme étant plus forte que l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation, et les attentes d’inflation pour les 12 prochains mois demeurent élevées. Selon eux, des facteurs nationaux – en particulier la vigueur des dépenses publiques et les coûts élevés du logement (graphique 2) – sont les principales causes de la forte inflation, et ils sont moins nombreux qu’au trimestre précédent à penser que ces facteurs se résorberont à court terme.

Graphique 2 : Les consommateurs continuent de penser que des facteurs nationaux sont les principaux moteurs de l’inflation

Ces résultats cadrent avec le fait que les attentes en matière de croissance des prix pour certains biens essentiels et services clés, dont les loyers – une composante importante des coûts du logement –, sont toujours élevées (graphique 3). Selon les résultats de l’enquête, les consommateurs s’attendent encore à ce que les prix des services clés, comme les repas au restaurant et les divertissements, augmentent plus que ceux des biens essentiels, comme la nourriture et l’essence. Néanmoins, les attentes relatives à la croissance des prix de ces biens et services au cours des 12 prochains mois se sont quelque peu modérées ces 12 derniers mois.

Graphique 3 : Les consommateurs s’attendent encore à ce que les prix des services augmentent plus que ceux des biens

Les perceptions de l’inflation courante et les attentes d’inflation à court terme sont toujours plus élevées qu’avant la pandémie, mais les attentes d’inflation à long terme demeurent essentiellement inchangées et restent ancrées. Comparativement au trimestre précédent, les consommateurs sont moins nombreux à anticiper une déflation et plus nombreux à s’attendre à ce que l’inflation se situe à l’intérieur de la fourchette de 1 à 3 % visée par la Banque du Canada.

L’inflation et les taux d’intérêt continuent de freiner la consommation

Les consommateurs ressentent encore les effets négatifs de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés sur leur situation financière. Le pourcentage des répondants qui estiment que leur situation s’est détériorée reste élevé – ils sont presque deux fois plus nombreux à se dire davantage touchés par l’inflation que par les taux d’intérêt élevés (graphique 4). Les consommateurs continuent d’indiquer qu’ils ont pris ou ont l’intention de prendre des mesures en fonction de l’inflation et des taux d’intérêt. Les mesures les plus citées sont les suivantes :

  • Réduire les dépenses
  • Rembourser des dettes
  • Déplacer l’épargne vers des comptes à taux d’intérêt plus élevé
  • Augmenter le revenu du ménage

Graphique 4 : Beaucoup de consommateurs estiment que leur situation continue de se détériorer à cause de la forte inflation et des taux d’intérêt élevés

Le pessimisme des consommateurs quant à leur situation financière transparaît également dans plusieurs indicateurs des tensions financières perçues (graphique 5). Bien que ces indicateurs aient légèrement augmenté ce trimestre et restent supérieurs à la moyenne, ils demeurent inférieurs aux niveaux élevés de 20232. Ce trimestre, les perceptions de la sécurité d’emploi se sont détériorées et la probabilité de manquer un remboursement de dette a augmenté parmi les locataires interrogés. Quand on leur a demandé pourquoi ils pensaient que leur situation financière allait empirer au cours de la prochaine année, la majorité des répondants ont cité les facteurs suivants : une moins grande confiance dans la conjoncture économique à venir et une plus faible croissance du revenu (graphique 6).

Graphique 5 : Les tensions financières se sont intensifiées, mais les indicateurs demeurent inférieurs aux sommets recensés dans l’enquête

Graphique 6 : Les consommateurs s’attendent à ce que leur situation financière se détériore en raison d’une baisse de l’activité économique

La plupart des consommateurs continuent de dire que les hausses passées des taux d’intérêt auront un impact persistant sur leurs dépenses. Comme dans l’enquête précédente, près de 80 % des répondants ont déclaré que cet impact était le même ou plus grand qu’il y a six mois. Lors d’une entrevue de suivi, une personne a exprimé son découragement face à sa situation financière qui ne s’améliore pas, et beaucoup d’autres ont affirmé qu’il faudrait que les prix baissent pour alléger leur fardeau.

Face aux pressions persistantes sur leur situation financière, les consommateurs continuent d’ajuster leur consommation, ce dont témoignent notamment leurs projets de dépenses plus modestes. La proportion de ceux qui prévoient réduire globalement leurs dépenses et épargner davantage compte tenu de leurs attentes relatives aux taux d’intérêt et à l’inflation demeure proche des niveaux les plus élevés de l’enquête (graphique 7).

Bien que la croissance attendue des dépenses corrigées de l’inflation demeure négative, la part de répondants qui comptent effectuer de gros achats, comme des vacances ou un autre grand événement, au cours des six prochains mois est légèrement plus importante qu’au trimestre précédent. Même si de nombreux répondants disent encore avoir reporté ce type d’achats depuis un certain temps, la légère augmentation observée ce trimestre pourrait être due à l’approche des vacances d’été.

Graphique 7 : La plupart des consommateurs réduisent leurs dépenses en raison de leurs attentes relatives à l’inflation et aux taux d’intérêt

Après s’être améliorées au premier trimestre de 2024, les opinions des Canadiens sur les perspectives économiques n’ont pas changé : dans l’ensemble, ils demeurent aussi pessimistes qu’au premier trimestre. Par exemple, la proportion d’entre eux qui s’attendent à une baisse de l’activité économique au Canada au cours des 12 prochains mois demeure élevée (51 % ce trimestre, contre 52 % au trimestre passé), et la majorité d'entre eux ne sont pas certains de la direction que prendra l’économie. Quand on leur a demandé pourquoi ils trouvent les perspectives particulièrement difficiles à prédire en ce moment, la plupart ont invoqué les politiques gouvernementales, les tensions à l’échelle mondiale et les taux d’intérêt (graphique 8). L’incertitude pèse sur la confiance des consommateurs, et ceux qui sont moins certains des perspectives économiques font état de projets de consommation généralement plus modestes que ceux qui sont plus certains.

Graphique 8 : L’incertitude entourant l’économie a trait aux politiques gouvernementales, à des facteurs mondiaux et à la fluctuation des taux d’intérêt

De même, les attentes des consommateurs à l’égard des taux d’intérêt restent plus élevées qu’elles ne l’ont été par le passé et ont peu changé par rapport au trimestre dernier. Dans les entrevues de suivi (réalisées avant que la Banque du Canada abaisse son taux directeur, le 5 juin), les répondants ont exprimé de l’incertitude et des inquiétudes quant au moment où les taux d’intérêt pourraient être abaissés. Selon l’un deux : « [Les médias] ont beaucoup parlé des circonstances qui entraîneraient une baisse des taux, mais vu les tendances, ça prendra un certain temps. » Et un autre, de déclarer : « Je ne sais pas pourquoi la Banque du Canada est si prudente; ça fait déjà six mois qu’en théorie, elle aurait pu commencer à abaisser les taux d’intérêt. »

Bien que les détenteurs de prêts hypothécaires s’attendent toujours à ce que les taux d’intérêt restent élevés, la plupart demeurent convaincus qu’ils seront en mesure de faire face à des versements plus importants au moment du renouvellement de leur prêt. Ceux dont la date de renouvellement est plus rapprochée semblent légèrement plus inquiets que ceux qui renouvelleront leur prêt plus tard. Globalement, la probabilité pour les détenteurs de prêts hypothécaires de manquer un remboursement de dette demeure faible et inchangée depuis 2021.

Les attentes relatives aux taux d’intérêt sont encore élevées, mais l’activité sur le marché du logement reste relativement vigoureuse. Les indicateurs d’activité se situent au même niveau que la moyenne de l’enquête sur 10 ans, ou au-dessus (graphique 9). La proportion de répondants qui envisagent d’acheter un logement est proche de la moyenne de l’enquête, et plus élevée que la moyenne des quatre trimestres précédents. Ce plus haut niveau des intentions d’achat tient encore notamment aux nouveaux arrivants, qui font généralement preuve d’intentions plus fortes que le reste de la population3. Quand on leur a demandé quels facteurs motivaient leurs intentions d’achat, les participants à l’enquête ont le plus souvent cité :

  • une perception d’amélioration de l’abordabilité des logements
  • la hausse des loyers, ce qui rend les paiements hypothécaires plus attrayants
  • des raisons personnelles

De plus, les attentes relatives à la croissance des prix des logements ont augmenté pour un deuxième trimestre consécutif et restent supérieures à la moyenne, à environ 5 %.

Graphique 9 : Plus de gens prévoient acheter un logement

La perception du marché du travail s’est affaiblie

La perception qu’ont les consommateurs du marché du travail a recommencé à se détériorer après avoir semblé se stabiliser le trimestre passé. La probabilité de perte d’emploi dont ont fait état les répondants est plus élevée que dans l’enquête précédente, particulièrement en ce qui concerne les nouveaux arrivants. Les personnes à la recherche d’un emploi continuent d’y consacrer plus de temps que d’habitude (graphique 10). Comme l’a indiqué un répondant dans une entrevue de suivi : « On parlait beaucoup de pénuries de main-d’œuvre pendant la pandémie, mais la réalité est bien différente aujourd’hui. Plein d’emplois sont supprimés, et c’est de plus en plus dur d’en trouver un. »

Ce résultat cadre avec la tendance récente à penser que le marché du travail s’est considérablement tempéré au cours des 12 derniers mois, en particulier parmi les personnes qui travaillent dans le secteur privé. Le pourcentage de répondants déclarant qu’il est devenu plus difficile de trouver un emploi dans leur secteur d’activité est passé de 38 % il y a un an à 50 % ce trimestre.

Cela dit, d’autres indicateurs du marché du travail se sont améliorés au cours du trimestre. Les attentes à l’égard de la croissance des salaires ont légèrement augmenté, atteignant un sommet pour l’enquête – pour un quatrième trimestre consécutif –, et les travailleurs ont fait état d’une plus grande probabilité de quitter volontairement leur emploi, notamment pour améliorer leurs possibilités de gagner davantage. Cependant, ces résultats masquent des différences entre les secteurs, les employés du secteur privé présentant plus de signes de perte de confiance que ceux du secteur public.

Graphique 10 : La perception du marché du travail qu’ont les consommateurs s’est modérée

Les attentes des répondants relativement à la croissance des salaires dans le secteur privé se sont modérées depuis le trimestre passé (graphique 11). Par contraste, les attentes des travailleurs du secteur public ont augmenté, et se rapprochent maintenant de celles du secteur privé. Cela s’explique par le fait que davantage d’employés du secteur public s’attendent à ce que leurs salaires rattrapent l’inflation, à la faveur du renouvellement de leurs conventions collectives.

Graphique 11 : Les attentes de croissance des salaires des travailleurs du secteur public continuent de progresser


  1. 1. Voir N. Rai et P. Sabourin, « Why Consumers Disagree About Future Inflation », document d’analyse du personnel 2023-11 de la Banque du Canada (juin 2023).[]
  2. 2. Voir N. Bédard et P. Sabourin, « Measuring household financial stress in Canada using consumer surveys », note analytique du personnel 2024-5 de la Banque du Canada (avril 2024).[]
  3. 3. Voir J. Champagne, E. Ens, X. Guo, O. Kostyshyna, A. Lam, C. Luu, S. Miller, P. Sabourin, J. Slive, T. Taskin, J. Trujillo et S. Lin Wee, « Évaluation des effets de la hausse de l’immigration sur l’économie et l’inflation au Canada », note analytique du personnel 2023-17 de la Banque du Canada (décembre 2023).[]

L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille l’opinion des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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