Déclaration préliminaire à la conférence de presse suivant la décision de politique monétaire
Bonjour. Je suis ravi d’être ici en compagnie de la première sous-gouverneure Carolyn Rogers pour parler de l’annonce d’aujourd’hui concernant le taux directeur.
C’est la première fois que nous nous adressons à vous le jour d’une annonce de taux qui ne coïncide pas avec la publication du Rapport sur la politique monétaire (RPM), alors les choses ne sont pas tout à fait comme d’habitude. Nous voulons que les ménages, les entreprises et les collectivités comprennent les mesures que nous prenons et le pourquoi de nos décisions. Nous répondrons donc aux questions des médias après chaque décision, car cela fait partie de notre engagement à garder la population canadienne informée.
Le RPM que nous publions tous les trimestres contient une projection économique complète. Cette fois-ci, nos délibérations ont été basées sur l’évolution de l’économie et des risques pesant sur les perspectives par rapport à nos attentes de janvier.
Dans les six semaines qui se sont écoulées depuis notre décision de janvier, il n’y a pas eu de grandes surprises. La croissance économique est restée faible et l’inflation a de nouveau diminué, les taux d’intérêt plus élevés limitant la demande et allégeant les pressions sur les prix. Cependant, comme l’inflation est encore près de 3 % et que des pressions inflationnistes sous-jacentes persistent, le Conseil de direction est d’avis qu’il faut laisser aux taux plus élevés davantage de temps pour produire leurs effets.
Compte tenu de tout cela, le Conseil a décidé de maintenir le taux directeur à 5 %. Et la Banque poursuit sa politique de resserrement quantitatif.
En janvier, nous avons dit être plus confiants que notre taux directeur était assez élevé pour rétablir la stabilité des prix. Nous ne pouvions pas exclure la nécessité de relever encore les taux en cas de nouvelles poussées inflationnistes imprévues, mais nous avons mentionné que nos discussions se réorientaient. En effet, la question n’était plus tellement de voir si le taux directeur était assez restrictif pour ramener la stabilité des prix, mais plutôt combien de temps il faudrait le maintenir au niveau actuel.
La décision d’aujourd’hui a été prise parce que le Conseil estime qu’un taux directeur de 5 % reste approprié. Il est encore trop tôt pour penser à le baisser. Les données récentes semblent indiquer que la politique monétaire fonctionne essentiellement comme prévu. On s’attend néanmoins à ce que la progression de l’inflation soit graduelle et inégale, et des risques à la hausse demeurent. Le Conseil veut voir l’inflation fondamentale continuer de baisser de façon durable.
Avant de répondre à vos questions, je vais parler de l’évolution de l’économie.
L’expansion économique mondiale a ralenti et les pressions inflationnistes se sont encore atténuées. La croissance de l’économie américaine a aussi ralenti, mais est restée étonnamment robuste malgré la baisse continue de l’inflation.
Au Canada, l’expansion de l’économie a été un peu supérieure à la projection du RPM de janvier. Son rythme est toutefois demeuré faible et en dessous de son potentiel. Durant la deuxième moitié de 2023, la croissance a été proche de zéro, ce qui a permis à l’offre de rattraper la demande.
Les conditions du marché du travail ont continué de s’assouplir graduellement. Puisque l’emploi progresse plus lentement que la population, le marché est maintenant mieux équilibré. Le nombre de postes vacants est revenu à des niveaux plus normaux et le rythme d’embauche a été modeste. La croissance des salaires se situe dans une fourchette de 4 à 5 % depuis un moment, mais il y a maintenant des signes que les pressions sur les salaires pourraient être en train de s’atténuer.
L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) est descendue à 2,9 % en janvier. Cela reflète en grande partie le recul des prix de l’énergie, un ralentissement de l’augmentation des prix des aliments, ainsi que la faiblesse des prix des biens semi-durables, comme les vêtements et les chaussures. La hausse des frais de logement reste toutefois élevée et est encore le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale. Plus généralement, des pressions inflationnistes sous-jacentes persistent. Nos mesures privilégiées de l’inflation fondamentale ont diminué en janvier, mais restent au-dessus de 3 % sur un an et sur trois mois. De plus, la part des composantes de l’IPC dont la croissance est supérieure à 3 % a baissé, mais continue de dépasser la moyenne historique.
La Banque s’attend encore à ce que l’inflation s’établisse près de 3 % dans la première moitié de 2024, puis diminue durant le reste de l’année. Les prix de l’essence devraient continuer à faire augmenter la volatilité de l’inflation au cours des mois à venir, et les pressions sur les frais de logement vont probablement persister. Autrement dit, le retour à notre cible de 2 % sera lent et les progrès seront vraisemblablement inégaux.
Le Conseil a également discuté des risques pour l’économie et l’inflation. Les risques qui pèsent sur les prix mondiaux de l’énergie et les coûts de transport en raison de conflits restent élevés. Au pays, l’inflation pourrait s’avérer plus persistante que prévu. Nous ne voulons pas maintenir une politique monétaire aussi restrictive plus longtemps que nécessaire. Mais nous ne voulons pas non plus compromettre les progrès réalisés pour faire baisser l’inflation.
Le Conseil demeure préoccupé par la persistance de la forte inflation sous-jacente et veut voir l’inflation fondamentale continuer de diminuer au cours des prochains mois. Nous continuons à surveiller de près les indicateurs des pressions inflationnistes que nous avons déjà mentionnés. Les pressions exercées par la demande se sont atténuées et l’économie semble maintenant afficher une modeste offre excédentaire. Le marché du travail est en train de se rééquilibrer, et nous voulons voir d’autres signes que la croissance des salaires se modère. Avant notre décision d’avril, nous obtiendrons aussi de nouvelles données sur les pratiques d’établissement des prix des entreprises et les attentes d’inflation. Nous regarderons si la fréquence et l’ampleur des hausses de prix continuent de se normaliser, et si les attentes d’inflation à court terme diminuent encore.
Nous avons fait beaucoup de progrès dans notre lutte contre l’inflation élevée. La politique monétaire fonctionne – l’inflation baisse. Mais il est trop tôt pour détendre la politique restrictive qui nous a menés jusqu’ici. Une inflation basse et stable est la pierre angulaire d’une prospérité collective, et nous restons déterminés à rétablir la stabilité des prix.
Sur ce, la première sous-gouverneure et moi serons heureux de répondre à vos questions.