Présence internationale

La Banque du Canada et ses homologues internationales ont dû faire face à des défis importants dans l’orientation de leurs politiques en 2023. En voici les principaux :

  • L’inflation est restée trop forte dans de nombreux pays. La persistance de l’inflation sous-jacente a été un signe que les taux d’intérêt pourraient devoir rester élevés plus longtemps. Cette situation augmente le risque de difficultés à venir en matière de stabilité financière.
  • L’économie et le système financier à l’échelle mondiale s’ajustaient aux taux d’intérêt plus élevés nécessaires pour lutter contre l’inflation. Cette situation a soulevé des inquiétudes quant aux risques cachés, comme les tensions apparues dans le secteur bancaire en mars 2023.

Pendant ce temps, la guerre de la Russie contre l’Ukraine se poursuivait tandis que le Moyen-Orient est rentré en conflit. Les tensions géopolitiques se sont exacerbées à plus grande échelle, et les signes de fragmentation géoéconomique se sont multipliés.

Conjugués à des forces structurelles comme les changements climatiques, les effets potentiellement durables de ces défis semblaient indiquer que les économies devaient se préparer à une volatilité accrue et à des chocs d’offre plus fréquents.

Dans ces circonstances, la Banque a usé de son influence pour insister sur plusieurs points :

  • les banques centrales se doivent de poursuivre leurs efforts pour ramener l’inflation à la cible, sans quoi les défis observés s’amplifieront
  • les banques centrales ont les outils qu’il faut pour lutter contre l’inflation tout en maintenant la stabilité et la résilience du système financier mondial
  • les politiques monétaires, budgétaires, structurelles et commerciales doivent aller dans le même sens, sans se faire obstacle
  • la présence d’institutions multilatérales efficaces et légitimes est essentielle au bon fonctionnement du système monétaire et financier international

Échanger de l’information pour combattre la forte inflation

Le gouverneur Macklem et les gouverneurs d’autres banques centrales ont discuté de l’inflation dans le cadre de différents forums, dont la Banque des Règlements Internationaux, le Fonds monétaire international (FMI), le G7 et le G20.

Dans l’ensemble, les gouverneurs ont convenu que les hausses de taux d’intérêt produisaient l’effet escompté en contribuant à rééquilibrer l’offre et la demande et à diminuer les pressions inflationnistes. Ils ont également fait remarquer que l’inflation diminuait sans provoquer de récession ni d’augmentation importante du chômage. Cela dit, beaucoup d’entre eux partageaient une inquiétude face à la force persistante de l’inflation fondamentale et au fait qu’elle empêchait l’inflation de revenir à la cible.

La Banque a approché ses homologues internationales pour tâcher de cerner et de démêler les forces mondiales communes qui influent sur l’évolution de l’inflation dans leur pays respectif. Les banques centrales ont ainsi pu élaborer des politiques qui intègrent mieux les risques inflationnistes découlant de facteurs mondiaux.

Dans leurs communications publiques concertées, comme les communiqués du G7 et du G20, le gouverneur Macklem et ses homologues internationaux ont réaffirmé leur engagement partagé à rétablir la stabilité des prix.

Le gouverneur Tiff Macklem (à droite) à l’assemblée annuelle des conseils des gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech, au Maroc, en octobre.

Le gouverneur Tiff Macklem (à droite) à l’assemblée annuelle des conseils des gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech, au Maroc, en octobre.

Faire évoluer le système monétaire et financier international

La Banque a continué de plaider en faveur de changements dans le système monétaire et financier international, ce qui s’inscrit dans la vision exposée par le gouverneur Macklem lors d’un discours de 2021. La nécessité d’améliorer la résilience, l’agilité et l’inclusivité de ce système en décloisonnant le commerce et les investissements s’est montrée encore plus pressante en 2023.

Dans ce contexte, la Banque a profité de son colloque économique annuel pour réunir des universitaires et des décisionnaires afin de tracer la voie à suivre pour le système monétaire et financier international. Les discussions ont porté sur les moyens dont disposent les institutions pour orienter leurs politiques dans un contexte où l’environnement mondial est plus sujet aux chocs que par le passé. Voici quelques points importants à retenir :

  • le système monétaire et financier international s’est avéré résilient jusqu’à présent, mais continuera d’être mis à l’épreuve
  • le système doit s’adapter en prévoyant des réserves plus importantes, voire mieux réparties et plus efficientes
  • la résilience du filet de sécurité financier mondial exige un FMI solide

Favoriser la résilience transfrontalière

La résilience de l’économie et du système financier à l’échelle mondiale est demeurée un important domaine de collaboration en 2023.

Répondre aux défis posés par les changements climatiques et la chaîne d’approvisionnement mondiale

Sous la présidence japonaise du G7, la Banque et ses homologues internationales se sont engagées à mieux comprendre les répercussions macroéconomiques à court et à long terme des changements climatiques, notamment sur la politique monétaire. Cette compréhension englobe :

  • les effets de différentes politiques sur l’atténuation des changements climatiques
  • les répercussions transfrontalières ou autres contrecoups pouvant résulter des divergences d’objectifs et d’approches dans la gestion des changements climatiques entre différents pays

La Banque a soutenu avec force que la stabilité des prix et la stabilité financière, mandats principaux des banques centrales, étaient indispensables en vue d’une transition ordonnée vers la carboneutralité.

Les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales du G7 ont également discuté des moyens de développer la résilience des chaînes d’approvisionnement mondiales, compte tenu :

  • des leçons tirées de la pandémie de COVID‑19 et de la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine
  • des blocages potentiels qui pourraient survenir à mesure que les entreprises du monde entier s’efforcent de verdir les chaînes d’approvisionnement pour favoriser la transition climatique

La présidence japonaise du G7 a lancé le partenariat pour des chaînes d’approvisionnement résilientes et inclusives afin d’aider les économies de marché émergentes et les économies en développement à accroître la fabrication de produits d’énergie propre et à intensifier leur participation dans l’industrie des minéraux.

Réglementer les cryptoactifs pour renforcer la résilience du système financier

La Banque a aidé la présidence indienne du G20 à trouver un plan de réglementation des cryptoactifs qui fait consensus. Le FMI et le Conseil de stabilité financière (CSF) ont également collaboré à ces travaux, qui intégraient les perspectives macroéconomiques et réglementaires tout en tenant compte des risques propres aux économies de marché émergentes et aux économies en développement1.

La Banque a d’ailleurs participé activement à plusieurs groupes de travail du CSF axés sur les cryptoactifs. En plus de ses autres contributions, elle a assisté le CSF dans la formulation de ses recommandations générales concernant la réglementation, la supervision et la surveillance tant des activités et marchés de cryptoactifs que des dispositifs de cryptomonnaies stables internationales23.

En 2023, le CSF a prolongé le mandat du gouverneur Macklem à la coprésidence de son Groupe consultatif régional pour les Amériques. Ce forum favorise le dialogue entre membres et non-membres du CSF. Il joue également un rôle important dans la promotion des recommandations du CSF auprès des non-membres, ce qui peut prévenir des cas d’arbitrage réglementaire.

Soutenir les marchés de financement lors des épisodes de tensions financières

Au cours des épisodes de tensions observés dans les secteurs bancaires suisse et américain en mars 2023, la Banque et cinq autres grandes banques centrales ont annoncé une action concertée pour améliorer l’injection de liquidités dans les marchés de financement mondiaux en établissant des accords de swap4. Ces accords de swap entre banques centrales sont des mécanismes permanents qui servent de filets de sécurité importants dans le système financier mondial lorsque les tensions sont vives sur les marchés.

Faciliter les paiements transfrontaliers

En étroite collaboration avec ses collègues du CSF et d’autres organismes internationaux, la Banque a poursuivi ses efforts pour que les paiements transfrontaliers soient moins coûteux, plus rapides, plus inclusifs et plus transparents qu’ils le sont actuellement.

Après la publication de la feuille de route du G20 pour améliorer les paiements transfrontaliers (en anglais seulement) en 2020, la communauté internationale s’est tournée vers sa mise en œuvre. Cette concrétisation nécessite la collaboration étroite des secteurs public et privé. En 2023, le CSF a créé un nouveau groupe de travail qui se penche sur les questions juridiques, réglementaires et prudentielles. C’est la première sous-gouverneure de la Banque, Carolyn Rogers, qui préside ce groupe de travail dont l’objectif est de favoriser le dialogue avec les entités du secteur privé.

Activités à venir

En 2024, la Banque :

  • travaillera de près avec la Banque d’Italie pour soutenir la présidence italienne au G7 de 2024 et faciliter la transition vers la présidence canadienne en 2025
  • continuera de collaborer avec ses homologues internationales pour évaluer les risques actuels et futurs entourant la croissance mondiale ainsi que l’évolution des facteurs internationaux qui agissent sur l’inflation
  • renforcera ses partenariats pour mieux comprendre l’incidence des changements climatiques sur les économies canadienne et mondiale et la façon dont les banques centrales pourraient accomplir leurs principaux mandats tout au long de la transition vers la carboneutralité
  • appuiera les efforts internationaux visant à renforcer la réglementation prudentielle des banques et à promouvoir des cadres décisionnaires internationaux cohérents pour les actifs et les paiements numériques

Renseignements complémentaires

Sans l’ombre d’un doute : pourquoi la Banque est déterminée à ramener l’inflation à 2 % (discours de l’ancien sous-gouverneur Paul Beaudry)

The International Monetary and Financial System: Current and Future Challenges (Conférence commémorative John Kuszczak présentée par Pierre-Olivier Gourinchas à l’occasion du colloque annuel de la Banque du Canada, avec remarques préliminaires de la sous-gouverneure Sharon Kozicki; en anglais seulement)

Communiqué de Niigata des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 (Niigata, Japon, mai 2023)

Communiqué de la quatrième réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 (Marrakech, Maroc, octobre 2023; en anglais seulement)


  1. 1. Fonds monétaire international et Conseil de stabilité financière, « IMF-FSB Synthesis Paper: Policies for Crypto-Assets » (septembre 2023).[]
  2. 2. Conseil de stabilité financière, « FSB finalises global regulatory framework for crypto-asset activities » (juillet 2023).[]
  3. 3. Conseil de stabilité financière, « High-level Recommendations for the Regulation, Supervision and Oversight of Global Stablecoin Arrangements: Final report  » (juillet 2023).[]
  4. 4. Banque du Canada, « Mesure concertée de banques centrales visant à améliorer l’octroi de liquidités en dollars américains », communiqué de presse (19 mars 2023).[]

Sur cette page
Table des matières