La Banque du Canada relève le taux directeur de 25 points de base, et poursuit le resserrement quantitatif
La Banque du Canada a annoncé aujourd’hui qu’elle augmente le taux cible du financement à un jour pour le faire passer à 5 %. Le taux officiel d’escompte s’établit à 5¼ %, et le taux de rémunération des dépôts, à 5 %. De même, la Banque poursuit sa politique de resserrement quantitatif.
À l’échelle mondiale, l’inflation descend sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et du taux d’augmentation des prix des biens. Cependant, la robustesse de la demande et les tensions sur les marchés du travail entraînent des pressions inflationnistes persistantes dans le secteur des services. La croissance économique a été plus forte que prévu, surtout aux États-Unis, où les dépenses des consommateurs et des entreprises ont été d’une résilience surprenante. En Chine, la croissance économique se modère après avoir bondi au début de 2023, reflétant un ralentissement des exportations et un secteur immobilier encore affaibli. Dans la zone euro, l’économie a essentiellement arrêté de progresser : alors que le secteur des services continue de prendre de l’expansion, celui de la fabrication se contracte. Les conditions financières mondiales se sont resserrées, et les rendements obligataires en Amérique du Nord et en Europe s’inscrivent en hausse, les grandes banques centrales indiquant que de nouvelles augmentations de taux d’intérêt pourraient être nécessaires pour combattre l’inflation.
Selon la projection du Rapport sur la politique monétaire de juillet, l’économie mondiale devrait croître d’environ 2,8 % cette année et 2,4 % en 2024, puis de 2,7 % en 2025.
L’économie canadienne a été plus vigoureuse que prévu, la demande ayant affiché un plus fort dynamisme. La croissance de la consommation a été étonnamment élevée, atteignant 5,8 % au premier trimestre. Même si la Banque s’attend à ce que la consommation ralentisse face aux hausses cumulatives de taux d’intérêt, les données récentes – y compris sur les ventes au détail – indiquent que la demande excédentaire pourrait persister plus longtemps qu’anticipé. En outre, l’activité sur le marché du logement s’est un peu raffermie. La construction résidentielle et les inscriptions traînent derrière la demande, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les prix. Sur le marché du travail, les conditions restent tendues malgré des signes d’un nombre accru de travailleurs disponibles, et la croissance des salaires s’est située autour de 4-5 % pour plusieurs mois. La forte expansion démographique découlant de l’immigration contribue tant à l’offre qu’à la demande : les nouveaux arrivants aident à pallier la pénurie de main-d’œuvre et, en même temps, stimulent les dépenses de consommation et soutiennent la demande de logements.
À mesure que les effets des taux d’intérêt plus élevés continueront de se faire sentir dans l’économie, la croissance économique devrait ralentir pour avoisiner 1 % en moyenne durant la seconde moitié de 2023 et la première de 2024. Cela implique une croissance du produit intérieur brut réel de 1,8 % en 2023 et de 1,2 % en 2024. L’économie commencera à afficher une modeste offre excédentaire au début de l’an prochain, jusqu’à ce que la croissance s’accélère et passe à 2,4 % en 2025.
L’inflation au Canada a diminué pour s’établir à 3,4 % en mai. Ce recul considérable par rapport au sommet de 8,1 % atteint l’été dernier est une bonne nouvelle. L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé généralement comme prévu jusqu’à présent cette année, reflétant davantage les prix plus bas de l’énergie qu’une diminution de l’inflation sous-jacente. Maintenant que les fortes hausses de prix de l’an dernier n’apparaissent plus dans les données sur douze mois, le mouvement à la baisse de l’inflation devrait ralentir à court terme. De plus, avec les mesures de l’inflation fondamentale qui se situent autour de 3½-4 % depuis septembre dernier, les pressions sous-jacentes qui s’exercent sur les prix semblent plus persistantes qu’anticipé. Les résultats des enquêtes menées par la Banque auprès d’entreprises indiquent d’ailleurs que celles-ci continuent d’augmenter leurs prix plus souvent que la normale.
D’après la projection du Rapport de juillet, l’inflation mesurée par l’IPC devrait tourner autour de 3 % pour l’année à venir, puis baisser graduellement et atteindre 2 % au milieu de 2025. Ce retour à la cible est plus tardif que dans les projections de janvier et d’avril. Le Conseil de direction reste préoccupé par le risque que la progression vers la cible de 2 % puisse stagner, ce qui viendrait compromettre le rétablissement de la stabilité des prix.
Sur la base de l’accumulation de données montrant que la demande excédentaire et l’inflation fondamentale élevée sont plus persistantes que prévu, et tenant compte de sa projection révisée pour l’activité économique et l’inflation, le Conseil de direction a décidé de monter le taux directeur à 5 %. Le resserrement quantitatif appuie la posture restrictive de la politique monétaire et normalise le bilan de la Banque. Le Conseil de direction va continuer d’évaluer la dynamique de l’inflation fondamentale et les perspectives de l’inflation mesurée par l’IPC. Il évaluera particulièrement si l’évolution de la demande excédentaire, les attentes d’inflation, la croissance des salaires et les pratiques de fixation des prix des entreprises sont compatibles avec l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %. La Banque reste déterminée à rétablir la stabilité des prix pour la population canadienne.
Note d’information
La prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour est le 6 septembre 2023. La Banque publiera sa prochaine projection complète pour l’économie et l’inflation, ainsi qu’une analyse des risques connexes, dans le Rapport qui paraîtra le 25 octobre 2023.