Le gouverneur Tiff Macklem explique que les hausses de taux d’intérêt font bel et bien baisser l’inflation, mais prévient que le retour à la cible de 2 % pourrait prendre un certain temps. Il parle également des tensions observées récemment dans le secteur bancaire mondial, et de la façon dont la stabilité financière et la stabilité des prix sont interreliées.

Le gouverneur Macklem s’adresse à la Chambre de commerce du Grand Toronto. Lisez le discours complet.

Restaurer la stabilité des prix prendra du temps

L’inflation, qui avait atteint un sommet de 8,1 % l’année dernière, s’est établie à 4,3 % en mars 2023. Nous nous attendons à ce qu’elle baisse encore et à ce qu’elle avoisine 3 % cet été. C’est une bonne nouvelle et cela montre que les hausses de taux d’intérêt rééquilibrent l’économie. Mais il y a encore du travail à faire pour voir le plein effet de la politique monétaire.

Une inflation basse, stable et prévisible est essentielle au bien-être économique du Canada. C’est pourquoi l’inflation doit être axée sur la cible de 2 %.

Le retour à cette cible prendra du temps et comporte des risques, notamment celui que l’augmentation des prix des services soit plus forte et persistante que prévu. L’inflation dans ce secteur doit ralentir assez pour permettre le retour de l’inflation globale à la cible. Et pour cela, trois choses doivent se produire :

  • Le marché du travail doit se rééquilibrer et la progression des salaires, se modérer.
  • Les entreprises doivent diminuer le rythme et l’ampleur de leurs modifications de prix.
  • Les attentes d’inflation doivent diminuer – trop de gens pensent encore que l’inflation dépassera les prévisions de la Banque au cours des deux années à venir.

Nous sommes sur la bonne voie, mais il se peut que ces ajustements prennent plus de temps que prévu. L’inflation risquerait alors de rester coincée au-dessus de 2 %.

Mais je ne suis pas ici pour vous parler en détail du chemin parcouru jusqu’à maintenant pour faire baisser l’inflation. Je vais plutôt aborder la façon de garder le cap sur la stabilité des prix et de ramener l’inflation à la cible de 2 %. Il y a encore du travail à faire pour voir le plein effet de la politique monétaire. »

Pourquoi une cible d’inflation de 2 %? Consultez notre document explicatif sur le ciblage de l’inflation.

Le parcours pour passer de 3 % à 2 % est plus incertain

Il n’a pas été facile de s’ajuster aux hausses de taux d’intérêt, mais l’autre possibilité – une inflation constamment élevée – est pire. Le maintien d’une cible d’inflation faible et stable de 2 % permet aux entreprises et aux ménages canadiens de prévoir leurs dépenses, d’épargner et d’investir en toute confiance.

Nous avons maintenu les taux d’intérêt depuis janvier pendant que nous évaluons s’ils sont suffisamment élevés pour ramener l’inflation à la cible. Nous nous attendons à ce que l’inflation descende rapidement cet été, mais la faire passer de 3 à 2 % devrait s’avérer plus lent et difficile. Mais, si nous constatons qu’elle risque de rester coincée au dessus de la cible, nous sommes prêts à relever les taux d’intérêt à nouveau.

La stabilité financière influence la stabilité des prix

Les tensions récentes dans le secteur bancaire international n’ont pas vraiment eu de conséquences ici, au Canada. Cependant, si elles devaient s’aggraver, elles pourraient déclencher une récession mondiale qui toucherait le pays — surtout si l’on tient compte du niveau élevé d’endettement des ménages.

Le stress financier entraîne un resserrement des conditions financières, ce qui signifie essentiellement qu’obtenir des prêts devient plus difficile et plus coûteux. La montée des taux d’intérêt a aussi cet effet. L’augmentation du taux directeur de 0,25 % à 4,5 %, a pour effet de :

  • ralentir le flux de crédit
  • faire baisser la demande de biens et de services pour que l’offre puisse la rattraper

C’est pourquoi nous surveillons de près les risques qui pèsent sur la stabilité financière. Ils pourraient faire dévier notre trajectoire vers la cible d’inflation de 2 % – nous devons donc en tenir compte pour la conduite de la politique monétaire.

… si le stress financier devait conduire à un resserrement plus important que prévu et persistant, nous devrions en tenir compte dans nos décisions concernant le taux directeur dans le but d’atteindre notre cible d’inflation. »

Le gouverneur Macklem répond aux questions des médias après son discours.

Vous pourriez aussi aimer

Trouver un équilibre dans le marché hypothécaire

La première sous-gouverneure Carolyn Rogers parle du marché hypothécaire canadien et de son évolution au fil du temps.
6 novembre 2024

Prise d’une décision de politique monétaire

Nicolas Vincent, sous-gouverneur externe à la Banque du Canada, lève le voile sur la façon dont le Conseil de direction arrive à ses décisions de politique monétaire, et les explique.
19 septembre 2024
Aller à la page

Sur cette page
Table des matières