Résultats de l’enquête du 1er trimestre de 2023 | Vol. 20.1 | 3 avril 2023
Selon les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises du premier trimestre de 2023, et ceux des enquêtes Le Pouls des entrepreneurs de janvier à mars 2023, les perspectives de ventes sont modérées et les intentions d’accroissement des dépenses en immobilisations sont modestes. Le marché du travail demeure tendu, mais les pressions, bien que toujours élevées, se sont atténuées.
Vue d’ensemble
- Les entrevues de l’enquête sur les perspectives des entreprises ont été réalisées avant l’augmentation des pressions sur le système bancaire mondial au début mars. Les résultats du Pouls des entrepreneurs laissent penser que la confiance des entreprises n’a pas beaucoup changé depuis.
- Comme lors des enquêtes récentes, les entreprises prévoient un rythme de croissance des ventes plus lent. Pour bon nombre d’entre elles, ce ralentissement fera suite à la période de vigueur exceptionnelle de la dernière année. Les répondants attribuent également leurs attentes quant à la croissance plus faible des ventes aux hausses de taux d’intérêt, à l’inflation élevée et aux craintes d’une récession. Certaines entreprises, surtout celles dont les ventes dépendent de l’activité dans le secteur du logement et de la consommation des ménages, s’attendent à des reculs de leurs ventes, mais le pourcentage de ces entreprises a baissé depuis la dernière enquête.
- En général, les entreprises ont l’intention d’accroître leurs investissements au cours des douze prochains mois. Toutefois, ces intentions ont légèrement baissé à chacun des trimestres depuis le début de 2022, ce qui s’explique par l’impact des hausses des taux d’intérêt et la peur d’une récession.
- Les entreprises continuent d’observer des tensions sur le marché du travail, malgré l’atténuation des pénuries de main-d’œuvre et des pressions sur la croissance des salaires. La demande de main-d’œuvre a diminué au cours des derniers trimestres, mais elle demeure robuste – plus de la moitié des entreprises prévoient toujours d’accroître leurs effectifs au cours des douze prochains mois.
- Les attentes d’inflation des entreprises se sont modérées, mais la plupart des entreprises croient toujours que l’inflation restera bien au-dessus de 2 % au moins jusqu’en 2025.
- Les répondants s’attendent à ce que les hausses des prix de leurs intrants et extrants demeurent plus importantes et plus fréquentes qu’à l’habitude au cours de la prochaine année. Cependant, puisque l’offre et la demande continuent de revenir à la normale, ils prévoient que l’ampleur et la fréquence des hausses de prix des extrants diminueront comparativement aux douze derniers mois. Cela semble indiquer que les entreprises reviennent graduellement à leurs pratiques normales de fixation des prix.
L’indicateur de l’enquête a encore diminué
L’indicateur de l’enquête a encore baissé (graphique 1)1. Cette diminution est généralisée dans l’ensemble des régions et des secteurs. Elle reflète des attentes de croissance des prix plus lente et une atténuation des pressions sur la capacité par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés, qui découlent en partie de l’amélioration des conditions de l’offre. Toutefois, les pressions sur les prix et la capacité – y compris celles induites par le manque de main-d’œuvre – demeurent présentes. Comme au dernier trimestre, les répondants s’attendent à un ralentissement de la croissance de leurs ventes.
Les entreprises qui ont participé au Pouls des entrepreneurs continuent d’être très préoccupées par les pressions sur les coûts, les pénuries de main-d’œuvre et l’incertitude qu’entraînent les taux d’intérêt et l’inflation élevés (graphique 2).
Graphique 1 : L’indicateur de l’enquête continue de baisser à mesure que les attentes relatives aux prix et les pressions sur la capacité diminuent
Graphique 2 : Les pressions sur les coûts demeurent la principale préoccupation des entreprises
En moyenne, la confiance des entreprises qui ont participé au Pouls des entrepreneurs au premier trimestre de 2023 est semblable à celle du trimestre précédent (graphique 3). Les résultats portent à croire que les conditions commerciales n’ont pas vraiment changé depuis que les pressions sur le système bancaire mondial se sont intensifiées.
Bien qu’environ la moitié des répondants aient incorporé le risque de récession au cours des douze prochains mois à leurs plans d’affaires, ils estiment qu’une possible récession serait modérée. Certaines entreprises qui se préparent à cette possibilité s’attendent à une croissance plus lente de la demande et sont moins susceptibles d’embaucher du personnel et d’accroître leurs dépenses d’investissement. Cependant, la plupart d’entre elles n’apportent pas actuellement de changements majeurs à leurs activités.
Graphique 3 : La confiance des entreprises reste essentiellement inchangée
Les entreprises s’attendent à un ralentissement de la croissance des ventes
Pour le cinquième trimestre consécutif, les répondants prévoient une croissance plus modérée de leurs ventes (graphique 4, barres bleues). Pour bon nombre d’entre eux, ce ralentissement arrive après une période de fortes augmentations des ventes au cours de la dernière année. Les attentes quant à la modération des ventes s’étendent à toutes les régions et les entreprises (quelle que soit leur taille), et à la plupart des secteurs. Les indicateurs des ventes futures (p. ex., les demandes de renseignements et les carnets de commandes) ne se sont que légèrement améliorés par rapport à il y a douze mois, ce qui laisse présager une atténuation prochaine de la croissance de la demande (graphique 4, ligne rouge).
Plusieurs répondants, surtout ceux touchés par l’activité sur le marché du logement, continuent de s’attendre à ce que le relèvement des taux d’intérêt ait une incidence négative directe sur la demande. Ceux qui prévoient un ralentissement de la croissance de leurs ventes mentionnent également les causes suivantes :
- les inquiétudes quant à une possible récession
- les répercussions de l’inflation élevée sur le revenu disponible des consommateurs
Malgré les signes de ralentissement, la plupart des entreprises – plus que dans l’enquête précédente – prévoient une croissance de leurs ventes, qu’elles attribuent à différents facteurs, notamment les suivants :
- La demande de services dans les secteurs de l’hôtellerie, du tourisme et du voyage continue de revenir à la normale, principalement en raison de la reprise des activités commerciales (p. ex., les voyages d’affaires, les conférences) et du retour des visiteurs étrangers.
- L’activité dans le secteur des ressources naturelles s’intensifie grâce aux prix favorables des produits de base.
- Les entreprises développent de nouveaux produits, réduisent leur exposition aux marchés où la demande est moins forte et s’efforcent de s’implanter dans de nouveaux marchés.
Au cours des derniers trimestres, les entreprises indiquaient que les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement se résolvent et qu’ils ont moins d’incidence sur les ventes.
Graphique 4 : Les entreprises s’attendent à une croissance plus lente de leurs ventes
Après avoir diminué pendant quatre trimestres consécutifs, l’indicateur des intentions d’investissement des entreprises s’est stabilisé près de sa moyenne historique (graphique 5). De nombreux répondants au Pouls des entrepreneurs et à l’enquête sur les perspectives des entreprises ont déjà réduit, ou prévoient réduire, leurs dépenses en immobilisations parce qu’ils craignent une récession ou parce qu’ils y sont contraints par les taux d’intérêt plus élevés et le resserrement des conditions de crédit. Les faibles intentions d’investissement dans le centre du Canada sont contrebalancées par les fortes intentions dans les Prairies, où les prix élevés des produits de base continuent de stimuler l’activité économique. En général, les entreprises continuent d’inclure des intentions d’investissement dans leurs plans à long terme, surtout en ce qui a trait à la numérisation et à l’automatisation. Cependant, elles sont moins nombreuses à le faire depuis le ralentissement de l’économie.
Graphique 5 : Les intentions d’investissement des entreprises se sont stabilisées après une récente tendance à la baisse
Le marché du travail demeure tendu, mais les pressions se sont atténuées
Les résultats de l’enquête indiquent que le marché du travail est encore tendu :
- Les pénuries de main-d’œuvre continuent d’être le deuxième problème en importance auquel sont confrontées les entreprises (graphique 2).
- L’augmentation salariale moyenne attendue se maintient bien au-dessus de la moyenne historique, mais est inférieure au sommet atteint (graphique 6). Parallèlement, les travailleurs du secteur privé qui ont participé à l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada pensent que le taux d’augmentation de leur salaire sera plus élevé dans la prochaine année.
- • La demande de main-d’œuvre demeure robuste. Plus de la moitié des entreprises prévoient d’accroître leurs effectifs au cours des douze prochains mois. Celles désireuses d’embaucher du personnel ont mentionné vouloir :
- s’ajuster à l’expansion attendue des ventes ou étendre leurs activités
- profiter de l’amélioration de l’offre de main-d’œuvre et de la diminution de la concurrence pour la main-d’œuvre afin de recruter des travailleurs pour les postes difficiles à pourvoir
Graphique 6 : Les entreprises s’attendent à ce que les augmentations salariales restent élevées
Cependant, des signes laissent supposer que les pressions sur le marché du travail et la croissance des salaires s’atténuent :
- La proportion d’entreprises faisant état de contraintes de main-d’œuvre qui leur permettraient difficilement de répondre à une hausse inattendue de la demande a chuté abruptement pour s’établir aux niveaux d’avant la pandémie (graphique 7, ligne jaune).
- Pour la première fois en plus de deux ans, l’indicateur d’intensité des pénuries de main-d’œuvre s’est établi à un niveau nettement négatif (graphique 8, ligne rouge). Dans l’ensemble, les entreprises considèrent que les pénuries de main-d’œuvre sont moins intenses qu’il y a un an alors qu’elles atteignaient des niveaux extrêmement élevés. Elles ont mentionné qu’il est maintenant plus facile de trouver les travailleurs dont elles ont besoin. Selon elles, cette situation s’explique par la diminution de la concurrence pour la main-d’œuvre et l’amélioration de l’offre de main-d’œuvre (p. ex., les nouveaux arrivants au Canada qui s’intègrent à la population active).
- Le pourcentage d’entreprises disant souffrir de pénuries de main-d’œuvre a encore baissé et se situe maintenant à sa moyenne historique (graphique 8, barres bleues).
- Les répondants au Pouls des entrepreneurs pensent que la croissance des salaires ralentira considérablement au cours des douze prochains mois et qu’elle se maintiendra ensuite durant deux ou trois ans.
Graphique 7 : Le nombre d’obstacles liés à la main-d’œuvre a chuté
Graphique 8 : Les entreprises indiquent que les tensions sur le marché du travail s’atténuent
Les entreprises prévoient une atténuation des pressions inflationnistes
Même si elles demeurent élevées, les attentes d’inflation à court terme des entreprises se sont légèrement modérées (graphique 9). D’après les répondants, les pressions inflationnistes persistantes tiennent principalement aux coûts élevés de la main-d’œuvre et à la forte demande intérieure. Comparativement aux dernières enquêtes, moins d’entreprises ont signalé ce trimestre les problèmes de chaîne d’approvisionnement et les prix de l’énergie comme sources d’inflation future.
Malgré la modération des attentes d’inflation à court terme, la plupart des entreprises pensent toujours que l’inflation restera nettement au-dessus de la cible de 2 % visée par la Banque du Canada au moins jusqu’en 2025 (graphique 10). Parmi les entreprises qui s’attendent à ce que l’inflation retourne à 2 % avant 2025, bon nombre croient que le retour à la cible découlera des mesures de politique monétaire prises par la Banque au cours des douze derniers mois.
Graphique 9 : Les attentes d’inflation à court terme des entreprises ont légèrement diminué, mais restent élevées
Graphique 10 : La plupart des entreprises prévoient que l’inflation sera bien au-dessus de 2 % au moins jusqu’à 2025
Conformément à leurs perspectives d’inflation à court terme, les entreprises entrevoient aussi des pressions désinflationnistes sur les prix de leurs intrants et extrants (graphique 11). Selon elles, la modération des hausses de prix des extrants sera notamment causée par :
- une baisse des prix des produits de base
- un ralentissement de la croissance des prix des biens hors produits de base
- un tassement de la demande
- une atténuation des pressions sur les prix en raison de l’amélioration des chaînes d’approvisionnement
Pour la première fois depuis plusieurs trimestres, les répondants ne s’attendent plus à ce que les coûts de la main-d’œuvre exercent des pressions haussières sur les prix des extrants.
Depuis 2021, la forte demande, jumelée aux contraintes d’offre, a occasionné des augmentations de prix plus fréquentes et plus marquées pour de nombreuses entreprises2. Les entreprises continuent de prévoir des hausses plus grandes et plus fréquentes de leurs prix de vente au cours des douze prochains mois comparativement à avant la pandémie. Elles associent la persistance de ces pressions principalement aux délais de transmission de la croissance passée des prix des intrants. Comme l’offre et la demande ont commencé à se normaliser, les répondants au Pouls des entrepreneurs entrevoient que l’ampleur et le rythme des modifications de prix diminueront progressivement au cours de la prochaine année (graphique 12). Ces résultats tendent à indiquer que les entreprises reprennent graduellement leurs pratiques normales de fixation des prix.
Graphique 11 : Les entreprises s’attendent à ce que la croissance de leurs prix de vente ralentisse
Graphique 12 : Les répondants prévoient que l’ampleur et la fréquence des modifications de leurs prix reviendront progressivement à la normale
Notes
- 1. L’indicateur de l’enquête comprend maintenant le pourcentage des entreprises qui déclarent des baisses des ventes passées. Celui-ci remplace le solde des opinions relatif à la croissance passée des ventes, qui a été abandonné au premier trimestre de 2023. Les révisions apportées à l’indicateur de l’enquête sont mineures. La raison et les conséquences du changement seront fournies dans une note d’information à venir, qui sera publiée sur le site Web de la Banque.[←]
- 2. Voir R. Asghar, J. Fudurich et J. Voll (2023), Firms’ inflation expectations and price-setting behaviour in Canada: Evidence from a business survey, note analytique du personnel 2023-3, Banque du Canada.[←]
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone, par vidéoconférence et dans le cadre d’entrevues en personne entre le 6 et le 24 février 2023. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.