Gestion des risques
Tout au long de 2022, les risques auxquels la Banque du Canada est exposée ont évolué rapidement. Cela s’explique en grande partie par un contexte extérieur de plus en plus complexe et volatile, marqué par une forte inflation, la guerre en Europe et des tensions géopolitiques à plus large échelle.
Gérer les risques dans un contexte incertain
Étant donné la situation difficile, la gestion des risques est demeurée essentielle aux décisions de la Banque et à ses actions entourant l’établissement de politiques en 2022. Son cadre de gestion des risques a été crucial, tout comme ses trois lignes de défense, notamment pour :
- analyser de nouvelles propositions afin d’adopter des opérations, des programmes et des mécanismes, de les ajuster ou d’y mettre fin (première ligne)
- s’assurer que les mesures proposées cadrent avec son appétit pour le risque et favorisent la prise de décisions qui tiennent compte des risques (deuxième ligne)
- procéder régulièrement à des vérifications afin de trouver des données à l’appui d’un cycle d’amélioration continue plus exhaustif (troisième ligne)
Quand le gouvernement du Canada a imposé des sanctions en réponse à l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie, la Banque a vite mis en place un outil de contrôle automatisé qui permet de vérifier que chaque paiement qu’elle traite respecte ces sanctions.
Évaluer les risques auxquels la Banque est exposée
La Banque évalue et gère quatre grandes catégories de risques :
- les risques financiers
- les risques opérationnels
- les risques stratégiques
- les risques environnementaux et liés aux changements climatiques
Afin d’étayer son évaluation des risques, la Banque a mis à jour certains de ses énoncés sur l’appétit pour le risque. Ces énoncés sont importants, car ils déterminent le niveau de risque que la Banque est prête à accepter dans le cadre de ses activités. La Banque a aussi continué d’améliorer ses pratiques et ses outils relatifs à la gestion des risques. Elle a par exemple étendu ses séances d’information et de formation sur les risques à l’intention des employés, qui jouent un rôle clé dans la gestion des risques.
Risques financiers
En 2022, l’exposition de la Banque aux risques financiers a continué d’évoluer. La taille de son bilan s’est considérablement accrue pendant la pandémie. Les risques liés à cette augmentation découlent des opérations et programmes exceptionnels, comme l’assouplissement quantitatif, qu’elle a mis en place dans l’exercice de ses mandats dans les domaines de la politique monétaire et de la stabilité financière.
La Banque a géré ses risques de marché au moyen de conventions d’indemnisation conclues avec le gouvernement du Canada. Néanmoins, après avoir eu un revenu supérieur à la moyenne en 2020 et en 2021, elle a enregistré une perte nette en 2022. La raison en est que la somme des intérêts versés sur le passif (soldes de règlement) était supérieure à celle des intérêts reçus sur l’actif (constitué surtout d’obligations du gouvernement du Canada). Après une période marquée par des pertes nettes, la Banque renouera avec un résultat net positif. Le moment où cela se produira dépend de plusieurs facteurs, dont la trajectoire que prendront les taux d’intérêt ainsi que l’évolution de l’économie et du bilan de la Banque.
Dans le cadre de sa surveillance et de sa gestion des risques financiers, la Banque a mené des analyses quantitatives supplémentaires et des tests de résistance relativement à son résultat net. Elle s’est également fondée sur les politiques et les cadres d’autres banques centrales.
Parallèlement, la Banque a continué d’améliorer la gouvernance entourant la gestion des risques financiers. Elle a également entamé un examen des outils de surveillance et de communication employés en matière de risques financiers.
Risques opérationnels
En 2022, la pandémie de COVID‑19 s’est poursuivie et a compliqué encore la gestion des risques opérationnels. Plus particulièrement, la Banque a continué de réaliser d’importants volumes d’opérations en appui à la politique monétaire et au bon fonctionnement des marchés financiers. Afin d’atténuer les risques découlant du volume élevé d’opérations, la Banque a :
- effectué rapidement des changements dans ses systèmes informatiques
- mis en œuvre un traitement intégré des opérations ainsi que des solutions d’automatisation des processus par la robotique
- mis en place des stratégies afin de faire face aux risques liés à son personnel et à sa capacité fonctionnelle
Comme beaucoup d’autres employeurs au pays, la Banque a vu les risques liés à son personnel augmenter. Cette situation découle en grande partie de la concurrence accrue entourant certaines compétences spécialisées qui lui sont nécessaires. Elle est aussi liée à la transformation en cours des milieux de travail qui résulte de la pandémie. Pour atténuer ces pressions, la Banque a :
- mis en place de nouvelles modalités de travail flexibles dans le cadre de son modèle de travail hybride
- apporté des améliorations ciblées à ses avantages sociaux
- surveillé de plus près les tendances sur le plan du recrutement et de la fidélisation du personnel afin de mieux réagir lorsqu’il le faut
La Banque a franchi deux jalons importants quant à sa gouvernance des risques opérationnels.
- Elle a mis en place son Programme de gestion des risques associés aux tiers, et entamé un suivi continu autour des activités de ses principaux partenaires externes.
- Elle a adopté une politique et un cadre visant à gérer les risques associés à ses principaux modèles.
Risques stratégiques
Les risques stratégiques ont souvent trait au mandat et aux fonctions de la Banque. Les risques d’atteinte à la réputation – qui peuvent entraver sa capacité à remplir son mandat – font partie de cette catégorie.
En 2022, l’attention que porte le public à la Banque s’est considérablement accentuée en raison de l’inflation élevée, des mesures exceptionnelles de politique monétaire prises en conséquence et des pertes encourues à cause de ces mesures. Pour mieux gérer ces risques, la Banque s’est rapprochée de la population en communiquant plus fréquemment. Elle a utilisé des canaux de communication supplémentaires à cette fin.
Risques environnementaux
La Banque a aussi poursuivi les projets lancés pour mieux comprendre et gérer les risques liés aux changements climatiques. Elle a continué de prendre une part active dans les discussions avec des partenaires étrangers et canadiens, et contribué à établir des pratiques exemplaires pour les banques centrales et d’autres participants au secteur financier.
En 2022, la Banque a amélioré son approche en matière d’évaluation et de communication de ses propres expositions aux risques liés aux changements climatiques. À cette fin, elle a mis sur pied un processus et un cadre servant à quantifier ses expositions physiques, opérationnelles et financières.
Activités à venir
En 2023, la gestion des risques restera une partie intégrante du processus décisionnel à la Banque. Poursuivre la mise en œuvre de la stratégie de gestion des risques d’entreprise sera aussi un axe privilégié. De plus, la Banque :
- continuera de gérer les risques liés à ses opérations exceptionnelles sur les marchés et de travailler avec des partenaires externes en vue de renforcer la résilience du secteur financier
- mènera des recherches et choisira une solution technologique qui favorisera la numérisation de sa gestion des risques
- publiera ses premières informations financières relatives aux risques climatiques, et continuera d’élaborer de nouveaux indicateurs pour ces risques, notamment l’analyse de scénarios climatiques touchant les actifs financiers