Fiscal Policy in the Age of COVID-19: Does It “Get in All of the Cracks”?

Disponible en format(s) : PDF

La pandémie de COVID-19 a causé une récession hors du commun qui a nécessité des mesures budgétaires souvent novatrices et d’une ampleur exceptionnelle. Les confinements imposés par les autorités ont provoqué un engorgement important des chaînes d’approvisionnement dans certains secteurs de l’économie. Par ailleurs, la distanciation physique a entraîné un bouleversement spectaculaire des tendances dans les dépenses de consommation. Certains secteurs, notamment celui du commerce de détail en ligne, ont profité de ces changements. D’autres, comme ceux de la restauration et des voyages, ont vu leur survie menacée par la perte de clientèle et les contraintes liées aux mesures de confinement et au télétravail. Face à cette nouvelle réalité, de nombreux gouvernements ont mis en place des programmes de soutien budgétaire importants à l’intention des ménages et des entreprises.

Dans cette étude, nous analysons si la politique budgétaire est parvenue à protéger les entreprises de la faillite et à stimuler l’activité dans les secteurs de l’économie affichant des capacités excédentaires. Nous posons deux questions et nous proposons deux approches pour y répondre. Premièrement, la politique budgétaire a t elle permis d’appuyer efficacement les entreprises? Deuxièmement, a-t-elle stimulé l’activité économique? Pour notre première approche, nous utilisons les données de bilan d’entreprises et un modèle structurel pour estimer l’évolution des flux de trésorerie des entreprises durant la pandémie. Pour notre deuxième approche, nous modélisons le réseau de production mondial à l’aide de données concernant 65 pays et 35 secteurs. Nous examinons ensuite comment la relance budgétaire mondiale a aidé les pays et leurs voisins à stimuler l’activité économique en réponse à la pandémie.

D’après nos résultats, à l’échelle mondiale, sans aucun soutien, le taux de faillite des entreprises aurait été de 9 points de pourcentage plus élevé en 2020 qu’en l’absence de pandémie. Au lieu de cela, grâce au soutien public fourni aux entreprises, ce taux n’a été que de 4,3 points de pourcentage plus élevé. Dans les économies avancées, le soutien offert a été suffisamment important pour que les taux de faillite soient moins élevés de 0,47 points de pourcentage que durant une année typique. Par contraste, dans les économies de marché émergentes, qui ont adopté des trains de mesures budgétaires de moindre ampleur, le taux de faillite des entreprises a été supérieur de 9,28 points de pourcentage au taux hors pandémie, malgré le soutien budgétaire. Au niveau macroéconomique, nous constatons que 70 % des secteurs de l’économie mondiale subissent un engorgement des chaînes d’approvisionnement dû à la pandémie, et qu’ils ne peuvent donc pas être stimulés par la politique budgétaire. Malgré tout, la politique budgétaire a réussi à rediriger les dépenses vers les autres secteurs de l’économie et à résorber les capacités excédentaires dans 10 % de l’économie. Nous notons que les retombées budgétaires entre les pays sont limitées, ce qui donne à penser qu’un soutien budgétaire offert de manière continu dans les économies avancées représente un obstacle pour les économies de marché émergentes, à l’heure où les taux d’intérêt et les primes de risque augmentent dans le monde.

DOI : https://doi.org/10.34989/swp-2022-45