Résultats de l’enquête du 3e trimestre de 2022 | Vol. 19.3 | 17 octobre 2022

Selon les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises du troisième trimestre de 2022, et ceux des enquêtes Le Pouls des entrepreneurs de juillet à octobre 2022, la confiance des entreprises s’est affaiblie. Les entreprises sont nombreuses à s’attendre à un ralentissement de la croissance de leurs ventes à mesure que les taux d’intérêt montent et que le rythme d’augmentation de la demande revient plus près des niveaux prépandémiques. Les premiers signes indiquent que les pressions sur les prix et les salaires ont commencé à se résorber, mais les attentes d’inflation des entreprises demeurent élevées.

Vue d’ensemble

  • Les répondants s’attendent à ce que la croissance de leurs prix se modère à cause des pressions à la baisse sur les prix des produits de base et des autres intrants à la production. Ils s’attendent aussi à ce que les hausses salariales redescendent des niveaux élevés. Les attentes d’inflation à court terme des répondants demeurent au-dessus de la cible d’inflation de la Banque du Canada.
  • Les perspectives de ventes des entreprises se sont amoindries. Les entreprises dont les ventes sont liées à l’activité dans le secteur du logement et à la consommation des ménages prévoient une croissance des ventes moins vigoureuse à cause des taux d’intérêt à la hausse. D’autres répondants s’attendent à une croissance des ventes robuste, mais moins rapide que plus tôt durant la phase de reprise postpandémique. Les signes précurseurs d’une modération de la croissance de la demande ont tempéré les plans d’investissements et d’embauche des entreprises par rapport aux niveaux précédemment élevés.

La confiance des entreprises a diminué, mais demeure présente

Les résultats du Pouls des entrepreneurs montrent que les entreprises demeurent optimistes, mais que leur confiance s’est effritée depuis avril (graphique 1). L’indicateur de l’enquête sur les perspectives des entreprises a également reculé ce trimestre (graphique 2), les résultats de plusieurs questions ayant redescendu de leurs niveaux élevés. Une partie de la baisse de confiance des entreprises est attribuable à la modération de leurs perspectives de ventes. Certaines entreprises liées à l’activité dans le secteur du logement s’attendent à ce que les taux d’intérêt plus élevés nuisent à leurs ventes. Après une reprise postpandémique rapide, d’autres répondants anticipent maintenant une croissance des ventes un peu plus lente – quoique tout de même robuste.

Graphique 1 : La confiance des entreprises est en baisse

Avril 202267 %
Mai 202256 %
Juin 202247 %
Juillet 202258 %
Août 202249 %
Octobre 202225 %

Graphique 2 : L’indicateur de l’enquête a diminué

Les attentes d’inflation à court terme ont légèrement diminué, mais demeurent élevées

Les attentes d’inflation à court terme des entreprises ont diminué ce trimestre, mais elles demeurent au-dessus de la cible de la Banque (graphique 3). Les répondants continuent de lier les pressions inflationnistes à :

  • des facteurs mondiaux
    • prix élevés des produits de base souvent attribués à la guerre qui se poursuit en Ukraine
    • problèmes persistants au sein des chaînes d’approvisionnement
  • des influences intérieures
    • forte demande
    • coûts élevés de la main-d’œuvre

Les attentes d’inflation à long terme des entreprises se situent bien plus près de la cible et sont demeurées stables au cours des derniers trimestres. La plupart des répondants qui s’attendent à une inflation beaucoup plus élevée que 2 % estiment qu’elle retournera à la cible au cours des trois prochaines années. Ils ont mentionné diverses conditions nécessaires pour que cela se produise :

  • des taux d’intérêt plus élevés
  • une baisse des prix des produits de base, que certains associent à la fin de la guerre en Ukraine
  • l’amélioration des chaînes d’approvisionnement

Graphique 3 : Les attentes d’inflation à court terme des entreprises demeurent élevées

Les entreprises s’attendent à ce que la croissance des prix des intrants et des prix de vente soit plus lente qu’au cours des 12 derniers mois (graphique 4 et encadré 1). Elles relient leurs anticipations de ralentissement de la croissance des prix des intrants et des extrants à la baisse des pressions sur les prix des produits de bases et autres intrants à la production, y compris ceux touchés par des perturbations des chaînes d’approvisionnement (graphique 5). La demande moins vigoureuse, entraînée par la hausse des taux d’intérêt, limite également les anticipations d’augmentation des prix des extrants des entreprises dont les ventes sont liées à l’activité dans le secteur du logement et à la consommation des ménages. Les répondants prévoient des pressions stables sur les coûts des services, comme le transport et le fret. Plusieurs entreprises s’attendent à des pressions haussières sur le prix de leurs extrants tandis qu’elles continuent à répercuter sur leurs clients les coûts plus élevés de la main-d’œuvre.

Graphique 4 : Les entreprises prévoient un ralentissement de la croissance des prix de leurs intrants et de leurs extrants

Graphique 5 : Le coût de la main-d’œuvre demeure une source de pressions à la hausse sur les anticipations des entreprises quant aux prix des extrants

 2021T22021T32021T42022T12022T22022T3Moyenne†
Coûts de main-d’œuvre répercutés713193528227,3
Coûts autres que de main d’œuvre répercutés1914302016-58,1
Coûts des produits de base répercutés157383-185,3
Environnement concurrentiel-18-4-2-1-11-8-10,1
Coûts des services répercutés1118172221-214,5

Encadré 1 : Les entreprises reprennent leurs pratiques de fixation des prix d’avant la pandémie

Pendant la reprise de l’après pandémie, les entreprises ont été nombreuses à changer leurs comportements en matière de fixation des prix pour réagir à un environnement caractérisé par :

  • une croissance élevée des coûts
  • une forte demande
  • des contraintes d’approvisionnement généralisées

Étant donné que les entreprises et leurs concurrents étaient confrontés à des difficultés similaires liées à leurs chaînes d’approvisionnement, les consommateurs étaient plus enclins à accepter des prix plus élevés, faute de choix. La capacité pour les entreprises de faire porter la hausse des coûts à leurs clients a donc augmenté. Dans ces conditions, les entreprises ont procédé à des augmentations de prix plus marquées et plus fréquentes qu’à l’habitude. Comme avant la pandémie, les entreprises fixent leurs prix en se fondant principalement sur leurs propres coûts et sur la concurrence, et non sur l’inflation passée ou attendue. Autrement dit, durant la reprise, les attentes d’inflation des entreprises – même lorsqu’elles étaient élevées – n’ont pas joué un rôle important dans leurs décisions en matière de fixation des prix.

Au troisième trimestre, la plupart des entreprises qui avaient ajusté leurs pratiques de fixation des prix ont déjà repris, ou reprendront bientôt, leurs comportements d’avant la pandémie, notamment :

  • changer les prix de façon peu fréquente
  • attendre des signes concrets d’augmentation des coûts
  • surveiller de près les prix de la concurrence

Certains répondants s’attendent tout de même à ce que les comportements inhabituels en matière de fixation des prix se poursuivent jusqu’à ce que les problèmes de chaînes d’approvisionnement et de stocks soient résolus.

L’augmentation salariale moyenne attendue par les entreprises a baissé (graphique 6). De nombreuses entreprises, mais moins que durant les trimestres récents, prévoient une croissance plus rapide des salaires pour les aligner sur la croissance du coût de la vie, ou pour attirer et retenir des travailleurs. Près de la moitié des répondants estiment que la croissance anormalement élevée des salaires ne devrait pas s’étendre sur une période dépassant les 12 prochains mois, étant donné que la demande devrait ralentir à cause de la montée des taux d’intérêt et que les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement devraient commencer à s’estomper.

Graphique 6 : L’augmentation salariale moyenne attendue par les entreprises a baissé

Les pressions sur la capacité demeurent élevées, mais commencent à montrer des signes de modération

Les pressions sur la capacité de production des entreprises demeurent élevées. Les principaux goulots d’étranglement continuent d’être liés aux contraintes de main-d’œuvre et aux problèmes de chaîne d’approvisionnement (graphique 7). Toutefois, les résultats de l’enquête font ressortir des signes précurseurs d’une atténuation des pressions sur la capacité :

  • Pour la première fois dans les cinq derniers trimestres, les entreprises déclarent que leurs chaînes d’approvisionnement se sont améliorées par rapport à il y a trois mois.
  • Plusieurs entreprises – plus que dans les trimestres récents – ont noté un allègement des tensions sur le marché du travail. Elles disent constater une diminution de la concurrence pour la main-d’œuvre, notamment moins de sollicitation, par rapport à il y a douze mois.

Graphique 7 : Les obstacles liés à la main-d’œuvre et les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement pourraient avoir atteint leur pic

Les entreprises s’attendent à un ralentissement de la croissance des ventes

Les entreprises s’attendent à ce que leurs ventes progressent à un rythme plus lent au cours des douze prochains mois (graphique 8, barres bleues). De plus, elles ont été plus nombreuses que dans la dernière enquête à déclarer que leurs indicateurs de ventes futures (carnets de commandes, demandes de renseignements, etc.) se sont détériorés par rapport à il y a un an (graphique 8, ligne rouge). Les entreprises dont les ventes sont directement ou indirectement liées à l’activité dans le secteur du logement et à la consommation des ménages s’attendent à une croissance des ventes plus faible en raison des hausses des taux d’intérêt. Même son de cloche dans l’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada, où les personnes, en particulier celles ayant un niveau d’endettement élevé, indiquent être négativement touchées par la montée des taux d’intérêt. D’autres répondants à l’enquête sur les perspectives des entreprises, incluant ceux qui œuvrent dans les services où la distanciation est difficile, s’attendent à ce que la croissance de leurs ventes demeure robuste, mais se modère pour revenir plus près de la normale après la période de vigueur exceptionnelle qu’ils viennent de vivre. Les entreprises liées aux produits de base ou aux technologies continuent d’avoir des perspectives de ventes favorables.

Graphique 8 : Beaucoup d’entreprises signalent une détérioration de leurs indicateurs de ventes futures

La plupart des répondants à l’enquête Le Pouls des entrepreneurs croient que la probabilité d’une récession au Canada dans les douze prochains mois est d’au moins 50 % (graphique 9). Bien que de nombreuses entreprises anticipent une récession, celles qui ne sont pas liées à l’activité dans le secteur du logement et à la consommation des ménages ne s’attendent pas à ce qu’elle ait une forte incidence sur la demande pour leurs produits ou services. Quand on leur demande quel serait l’élément déclencheur d’une récession, les chefs d’entreprise citent les hausses importantes des taux d’intérêt et la réduction de la consommation causée par les prix plus élevés comme étant les facteurs les plus probables (graphique 10).

Graphique 9 : La plupart des entreprises croient qu’une récession est probable

Moins de 30 %21 %
De 30 % à 50 %18 %
De 50 % à 80 %35 %
De 80 % à 100 %23 %
Ne sait pas3 %

Graphique 10 : Les entreprises voient la montée des taux d’intérêt et les prix élevés comme les principaux éléments déclencheurs d’une récession

Augmentation substantielle des taux d’intérêt73 %
Les prix élevés affectent la capacité des consommateurs à dépenser69 %
Perte de confiance en l’économie47 %
Les salaires ne suivent pas l’inflation43 %
Insuffisance de l’épargne des ménages pour soutenir la demande des consommateurs33 %
Chute des prix dans l’immobilier27 %
Affaiblissement du marché du travail14 %

Les intentions d’investissement et d’embauche se sont légèrement modérées

Les intentions d’investissement des entreprises demeurent positives, mais se sont modérées pour un troisième trimestre consécutif (graphique 11). Les entreprises qui comptent investir davantage sont surtout celles qui sont confrontées à des contraintes de capacité. Elles ont l’intention d’investir dans la technologie et l’automatisation pour augmenter leur capacité de production – en particulier dans le contexte des graves pénuries de main-d’œuvre. Les plans des entreprises d’augmenter leurs dépenses en immobilisations demeurent soutenus par leurs intentions d’investissement à long terme et par la demande robuste pour leurs produits et services. Parallèlement, avec la hausse des taux d’intérêt et les signes d’affaiblissement de la demande, certaines autres entreprises qui n’ont pas besoin d’augmenter leur capacité investissent à peu près autant que dans les douze derniers mois.

Face à une demande vigoureuse et à des contraintes de capacité, les participants à l’enquête sur les perspectives des entreprises disent que la montée des coûts d’investissement et les hausses supplémentaires attendues des taux d’intérêt ne freinent pas encore leurs projets d’investissement. Toutefois, les résultats de l’enquête Le Pouls des entrepreneurs dénotent une part d’incertitude à cet égard. En juillet, deux répondants sur cinq indiquaient qu’ils retarderaient ou réduiraient certains investissements si les coûts d’emprunt devaient augmenter de deux points de pourcentage.

Graphique 11 : Les entreprises confrontées à des pressions sur la capacité ont des plans d’investissement solides

Le nombre d’entreprises qui comptent embaucher est redescendu de ses niveaux élevés. Une minorité croissante d’entreprises, dont celles liées à l’activité dans le secteur du logement, déclarent qu’elles ont l’intention de maintenir la taille de leur effectif à un niveau stable au cours des douze prochains mois en raison de signes d’affaiblissement de la demande. La plupart des autres entreprises prévoient embaucher – leurs plans continuent d’être soutenus par la vigueur persistante de la demande. Cependant, certaines de ces entreprises indiquent que leurs plans d’embauche pourraient être compromis par des difficultés à trouver de la main-d’œuvre, en particulier des travailleurs qualifiés (technologies de l’information, génie, métiers, etc.).



Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies par téléphone, par vidéoconférence et dans le cadre d’entrevues en personne entre le 15 août et le 9 septembre 2022. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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