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Les différences de revenu, de richesse et d’endettement entre les ménages revêtent de l’importance pour l’économie, pour la santé du système financier et pour la politique monétaire.

La sous-gouverneure Sharon Kozicki prononce un discours devant la Banque fédérale de réserve de San Francisco au sujet de l’importance des différences entre les ménages. Lisez le discours complet.

« Comme les autres banques centrales, la Banque du Canada établit la politique monétaire pour l’ensemble de l’économie. Mais ça ne veut pas dire que nos décisions touchent tout le monde de la même façon. Et ça ne veut pas dire non plus que nos décisions se répercutent de la même façon dans l’économie, sans égard aux caractéristiques et à la situation des gens qui en font partie. »

Sharon Kozicki, sous-gouverneure

Comment les différences entre les ménages peuvent influer sur la reprise économique

Les différences entre les ménages revêtent de l’importance, surtout en cas de ralentissement économique. Des facteurs comme l’âge, le genre et le niveau de revenu peuvent avoir une incidence sur la façon dont les particuliers et les ménages vivent une récession et sur la facilité avec laquelle ils s’en remettent. Et ces différences peuvent jouer sur l’ampleur et la durée du ralentissement.

Par exemple, les travailleurs à faible revenu :

  • ont tendance à moins bénéficier d’une sécurité d’emploi;
  • utilisent généralement une plus grande part de leur revenu pour acheter des biens et services.

En revanche, les personnes à revenu élevé épargnent habituellement davantage. À cause de ces différences, les inégalités de revenu augmentent souvent en période de récession. Et donc quand l’économie traverse une période difficile, la consommation a tendance à baisser. Les entreprises réduisent alors leur production, ce qui entraîne des pertes d’emploi supplémentaires et accentue le ralentissement.

Il est donc essentiel que les gouvernements et les banques centrales comprennent ce qui se passe du côté des ménages. Ils seront ainsi mieux en mesure de prendre des décisions qui permettront de réduire la durée et l’ampleur des récessions.

Ce que fait la Banque pour mieux comprendre les différences

À la Banque, nous étudions de près les différences entre les ménages et les effets inégaux des perturbations économiques. Par exemple, nous avons mis sur pied un laboratoire où des économistes, des experts en science des données et d’autres chercheurs analysent conjointement, comme dans un laboratoire scientifique :

  • comment les différences entre les ménages influent sur l’économie;
  • comment prendre en compte ces différences dans nos décisions de politique monétaire.

Cet exercice était important quand la pandémie de COVID‑19 a frappé parce que ses effets économiques sur la population canadienne étaient particulièrement inégaux.

L‘entente sur le cadre de politique monétaire qui a été renouvelée récemment avec le gouvernement fédéral tient compte des répercussions inégales des ralentissements économiques. Nous nous sommes engagés à examiner une plus vaste gamme d’indicateurs du marché du travail afin de déterminer le niveau d’emploi nécessaire pour maintenir l’inflation à la cible.

De meilleures données mènent à de meilleures décisions

Au cours des dernières années, nous avons investi dans notre capacité à utiliser des données fiables sur les ménages.

Les leçons que nous avons tirées de nos analyses approfondies des différences entre les ménages ont été cruciales pour notre compréhension des enjeux entourant :

  • le marché du travail;
  • les dépenses des ménages;
  • l’endettement des ménages.

Et ces leçons sont importantes à la fois pour la politique monétaire et pour le système financier.

Par exemple, depuis toujours, la Banque se préoccupe de l’endettement et se soucie de savoir qui est aux prises avec ce type de problème. C’est parce que les ménages qui ont un niveau d’endettement élevé peuvent être vulnérables aux hausses de taux d’intérêt, surtout si ce niveau est supérieur à celui de leur revenu. Et cette vulnérabilité peut entraîner des risques pour l’ensemble de l’économie.

Le niveau d’endettement des ménages a chuté au début de la pandémie, mais il a depuis dépassé celui d’avant la pandémie. La flambée des prix des logements y a contribué parce que de nombreux ménages ont contracté de nouveaux prêts hypothécaires d’un montant important par rapport à leur revenu. Ceux qui ont choisi des taux variables pour leur prêt hypothécaire pourraient voir leurs paiements augmenter avec la hausse des taux d’intérêt, ce qui en amènerait certains à réduire d’autres dépenses. Cette situation pourrait nuire à l’économie entière en freinant la croissance et peut-être même en augmentant le chômage.

Dans l’avenir, nous n’allons pas seulement présumer que les ménages sont en bonne posture financière. Grâce à de meilleures données, nous pourrons comprendre plus exactement comment les variations des taux d’intérêt toucheront les ménages qui ont des niveaux de revenu, d’endettement et de richesse différents.

La pandémie de COVID‑19 est un bon exemple de ralentissement qui a touché les Canadiens de différentes façons.

La plupart des gens qui pouvaient télétravailler pendant la pandémie ont conservé leur emploi, et leur revenu a peu changé ou pas du tout. En même temps, les mesures de santé publique instaurées pour limiter la propagation du virus ont particulièrement éprouvé certains secteurs, comme ceux de la restauration, de l’hébergement, des voyages et du divertissement, où beaucoup de travailleurs ont perdu leurs sources habituelles de revenu. Les employés faiblement rémunérés en ont subi davantage les effets, en particulier les femmes et les jeunes.

Les mesures de soutien inhabituelles mises en place par le gouvernement fédéral pendant la pandémie ont eu également des effets inégaux. Certaines personnes ont reçu une aide financière suffisante pour compenser leur perte de salaire, mais pas toutes. De même, certains ménages qui avaient moins d’occasions de dépenser sont parvenus à réduire leurs dettes, alors que d’autres les ont augmentées.

Au début de 2022, la plupart des effets inégaux que la pandémie avait eus sur l’emploi ont été neutralisés. En outre, quel que soit leur niveau de revenu, les ménages se trouvaient, en moyenne, en meilleure posture financière qu’avant la pandémie.

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