Dans l’enquête sur les perspectives des entreprises, on pose aux participants plusieurs questions sur les marchés du travail. On leur demande notamment s’ils s’attendent à une augmentation ou à une diminution de la croissance des salaires dans les douze prochains mois. Les réponses à cette question, couplées aux commentaires confidentiels connexes, donnent une idée des pressions qui pèsent sur les salaires dans l’économie. Ces informations, ainsi que les données sur les salaires et plusieurs indicateurs du marché du travail, renseignent la Banque sur les conditions du marché du travail.
Depuis l’enquête du quatrième trimestre de 2006, on demande aussi aux répondants d’estimer quelle sera l’augmentation salariale moyenne pour l’ensemble de leurs employés au cours de la prochaine année, exprimée sous forme de pourcentage. C’est ce qu’on appelle l’augmentation salariale moyenne attendue. Le présent document décrit les principaux éléments de cette question et la façon dont les réponses sont agrégées. Il décrit également les corrélations entre ces réponses agrégées et les mesures de la croissance des salaires.
Pour la question sur l’augmentation salariale attendue, on donne aux répondants les directives suivantes :
- exclure l’effet des incitatifs spéciaux, comme les primes ponctuelles et les formes de rémunération indirecte
- faire abstraction de tout changement dans la composition de leur effectif
- inclure les effets de toute mesure soutenant les salaires, comme la législation sur le salaire minimum et la Subvention salariale d’urgence du Canada
Le tableau 1 présente des statistiques historiques sommaires sur les réponses individuelles à cette question.
| Moyenne | 3,0 | Écart-type | 2,7 |
|---|---|---|---|
| Médiane | 2,5 | Maximum | 40,0 |
| Mode | 2,0 | Minimum | -35,0 |
Source : calculs de la Banque du Canada
Pour déterminer dans quelle mesure les réponses à cette question nous renseignent sur les pressions sur les salaires au Canada, nous comparons l’augmentation salariale moyenne attendue selon l’enquête avec deux mesures de la croissance des salaires basées sur des données de Statistique Canada.
- D’abord, nous utilisons salaires-comm, une mesure des pressions salariales sous-jacentes qui regroupe des données de diverses sources sur la croissance des salaires.
- Ensuite, nous utilisons une mesure de la croissance des salaires à pondération fixe tirée de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. Cette mesure garde la composition du marché du travail stable au fil du temps.
Les résultats sont présentés dans le tableau 2. Ils couvrent la période allant de l’introduction de cette question dans l’enquête jusqu’au quatrième trimestre de 2019, avant le début de la pandémie de COVID‑19. Les indicateurs les plus fortement corrélés avec l’augmentation salariale moyenne attendue selon l’enquête sont la mesure salaires-comm pour le même trimestre (t) et la mesure à pondération fixe de l’EPA à un horizon de quatre trimestres (t + 4). La pandémie a joué sur la corrélation entre l’augmentation salariale moyenne attendue et la mesure salaires-comm, en grande partie à cause des bouleversements profonds dans la composition de la population active. La force de la corrélation avec la mesure à pondération fixe de l’EPA est restée plutôt stable.
| Données de l’enquête au temps t | Mesure de la croissance des salaires | t - 2 | t - 1 | t | t + 1 | t + 2 | t + 3 | t + 4 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Augmentation salariale moyenne attendue selon l’enquête | Mesure à pondération fixe de l’EPA (%) | -0,10 | 0,09 | 0,20 | 0,34 | 0,57 | 0,69 | 0,76 |
| Salaires-comm (%) | 0,53 | 0,69 | 0,73 | 0,68 | 0,63 | 0,50 | 0,41 |
Nota : Les corrélations les plus fortes sont en caractères gras. L’enquête signifie l’enquête sur les perspectives des entreprises. EPA désigne l’Enquête sur la population active de Statistique Canada. Salaires-comm est une mesure composite de la croissance des salaires sur un an.
Source : calculs de la Banque du Canada
Le graphique 1 montre que l’augmentation salariale moyenne attendue suit généralement la même trajectoire que les autres mesures de la croissance des salaires, mais qu’elle tend à se maintenir au-dessus des autres mesures pour la plupart des trimestres. Ce pourrait être en partie parce que la moyenne est influencée par des valeurs aberrantes – les réponses de quelques entreprises qui s’écartent considérablement des autres. Ceci est particulièrement le cas lorsqu’il s’agit d’augmentations salariales anormalement élevées.