From He-Cession to She-Stimulus? The Labor Market Impact of Fiscal Policy Across Gender
Malgré une sensible amélioration du sort des femmes sur le marché du travail au cours des dernières décennies, les écarts de salaire et de taux d’emploi entre hommes et femmes restent importants. Par ailleurs, ces écarts sont sujets à des variations cycliques en raison de la répartition sectorielle inégale des emplois entre les sexes, puisque les hommes tendent à occuper des emplois sensibles au cycle économique. En effet, les récessions frappent plus durement les hommes jeunes, moins scolarisés, qui occupent des emplois d’ouvriers. On constate dans la littérature un intérêt croissant pour le rôle de la politique budgétaire dans la réduction des inégalités, mais moins d’attention a été porté à la dimension hommes-femmes.
Notre étude met en évidence l’importance de la composition des dépenses publiques comme clé de compréhension des effets des chocs budgétaires sur la situation des hommes et des femmes sur le marché du travail. Nous examinons aussi l’incidence de ces chocs sur différents sous-groupes de la population afin d’évaluer si les expansions budgétaires peuvent à la fois réduire les écarts hommes-femmes et atténuer les effets inéquitables du cycle économique sur certaines catégories de travailleurs de sexe masculin.
Notre analyse de données microéconomiques américaines montre qu’une hausse des dépenses publiques affectées à la masse salariale réduit les disparités de salaire et de taux d’emploi entre les sexes. En revanche, les dépenses publiques liées aux achats auprès du secteur privé et à l’investissement stimulent en général davantage les salaires des hommes que ceux des femmes. Ces résultats peuvent probablement s’expliquer par le fait que ces divers types de dépenses publiques ciblent différents métiers et secteurs d’activité où les hommes et les femmes sont inégalement répartis. De plus, favoriser l’égalité des sexes par l’expansion budgétaire n’est pas totalement compatible avec la réduction d’autres types d’inégalités. Si elle est efficace pour lutter contre les disparités économiques entre les sexes, la croissance de la masse salariale des administrations entraîne une détérioration de la situation des travailleurs de sexe masculin les plus vulnérables aux ralentissements économiques. Quant aux dépenses d’investissement public, elles améliorent l’emploi des hommes les plus touchés par les récessions, mais contribuent à accentuer les inégalités entre les sexes.