Le numérique est partout autour de nous et dans tous les aspects de notre vie. Les entreprises sont des précurseurs dans l’adoption des nouvelles technologies, que ce soit le commerce électronique, l’infonuagique, les mégadonnées, l’impression 3D, l’Internet des objets, la robotique ou l’intelligence artificielle. Mais comment la technologie change-t-elle leur fonctionnement? A-t-elle une incidence sur leurs prix ou les emplois qu’elles offrent? La Banque du Canada, avec la collaboration de son réseau international de banques centrales, a mené une enquête auprès de plus de 6 000 entreprises de partout dans le monde. À l’aide des données recueillies, nous analysons dans cette étude les effets de la numérisation sur les décisions des répondants en matière de prix et d’emploi.
Graphique 1
Source : Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du CanadaDernière observation : 2018T2
Selon l’enquête menée auprès d’entreprises canadiennes, le commerce électronique est l’une des technologies numériques les plus largement adoptées, particulièrement dans le secteur du commerce (graphique 1). Ce phénomène reflète la transition des détaillants vers des stratégies de vente multicanal (par Internet et en magasin). Sans surprise, les répondants du secteur manufacturier tirent d’importants avantages de la robotique, de l’Internet des objets et de l’impression 3D. De manière générale, au Canada et dans le monde, les grandes entreprises devancent les petites dans l’adoption des technologies numériques. Et toutes tailles confondues, les établissements américains dépassent leurs homologues canadiens et européens.
Les médias disent souvent que les nouvelles technologies permettront aux entreprises d’éliminer beaucoup d’emplois en recourant à l’automatisation. Nous avons étudié l’incidence de la transformation numérique sur le marché de l’emploi en demandant aux répondants s’ils comptaient changer leurs plans d’embauche. Leurs réponses n’annoncent pas une automatisation massive de l’emploi entraînée par la numérisation, du moins, pas à court terme. Beaucoup d’entreprises prévoient en fait embaucher plus d’employés, surtout pour se doter de travailleurs compétents en numérique ou pour répondre à une hausse des ventes découlant de l’adoption de technologies numériques.
Cela dit, les grandes entreprises s’attendent tout de même à ce que la technologie leur permette d’automatiser des processus et la production, et prévoient donc employer moins de travailleurs pour accomplir le même travail (graphique 2). Tout compte fait, les résultats globaux laissent présager une certaine pression à la baisse sur l’emploi, mais dans une moindre mesure au Canada.
Graphique 2
Nota : Le solde des opinions correspond au pourcentage d’entreprises qui s'attendent à une hausse des emplois moins le pourcentage anticipant une baisse. Le résultat exclut les entreprises ayant déclaré ne pas savoir et celles de régions pour lesquelles la taille des entreprises n’a pas été fournie.
Source : réseau de banques centrales ayant des enquêtes auprès des entreprises et des programmes de liaisonDernière observation : 2018T2
Les entreprises canadiennes déclarent qu’il est difficile de déterminer l’effet net de la numérisation sur leurs prix. En effet, les répercussions variées des technologies numériques sur les activités peuvent souvent se compenser. D’une part, la mise en place de toutes ces technologies demande temps et énergie, ce qui peut faire augmenter les coûts et donc les prix. De plus, certains répondants du secteur des services affirment que de meilleures données sur les clients ou une discrimination par les prix leur permettent de hausser leurs prix. D’autre part, les technologies numériques telles que la robotique peuvent aider à accroître l’efficacité et l’automatisation, ce qui rend la production de biens et de services moins coûteuse. Les entreprises indiquent également qu’elles subissent des pressions extérieures pour baisser leurs prix. Par exemple, celles qui vendent sur le Web permettent ainsi aux consommateurs de comparer leurs prix en ligne, ce qui les expose à une concurrence plus féroce. Au bout du compte, les entreprises – surtout les grandes – estiment que la numérisation implique une légère baisse des prix.
DOI : https://doi.org/10.34989/sdp-2021-7