Politique monétaire
À l’instar d’autres économies dans le monde, l’économie canadienne a été durement touchée par la COVID‑19. Au premier semestre de 2020, après le début de la pandémie et la mise en place de mesures visant à endiguer le virus, le produit intérieur brut (PIB) du Canada a en effet chuté de plus de 10 %.
Environ la moitié de cette baisse a été effacée au cours du troisième trimestre. Cependant, la croissance a par la suite considérablement ralenti, l’impulsion initiale donnée par la réouverture de l’économie ayant fini par s’estomper. En outre, l’augmentation du nombre de cas de COVID‑19 à l’automne et à l’hiver a conduit les gouvernements à renforcer les mesures de distanciation physique, ce qui a pesé sur la reprise.
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Évaluation des effets de la pandémie et mesures d’intervention
La pandémie a touché les entreprises1 et les particuliers2 de manière très inégale.
- Les secteurs exigeant des contacts étroits, comme ceux de l’hébergement, de l’alimentation et de la restauration, ont été les plus durement touchés. Les jeunes, les employés faiblement rémunérés et les femmes ont été mis à l’épreuve de manière disproportionnée, puisqu’ils travaillent souvent dans ces secteurs.
- D’autres secteurs, comme ceux des biens et du logement, s’en sont mieux tirés grâce aux mesures de soutien et à l’évolution des préférences des consommateurs durant la pandémie.
Les programmes gouvernementaux ont procuré une aide considérable aux entreprises et aux ménages.
La pandémie a également entraîné un recul marqué de l’activité économique3. Cette dernière s’est partiellement redressée pendant l’été avec la réouverture des commerces, mais sa croissance a ensuite ralenti en raison des effets négatifs persistants de la pandémie, tels que les mesures sanitaires, l’incertitude élevée et la confiance réduite des consommateurs et des entreprises.
Du mois de mars jusqu’à la fin de l’année, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est établie près ou en deçà de la limite inférieure de la fourchette cible de 1 à 3 % visée par la Banque, ce qui cadre avec une économie affichant une marge de capacités excédentaires considérable.
RAPPEL : Selon le sous-gouverneur Schembri, la seconde phase de la reprise économique pourrait être en dents de scie : après le rebond initial, le rythme, la vigueur et l’ampleur de la reprise sont plus difficiles à prévoir. #économie #COVID19 #éconcan http://ow.ly/Ecrg50AbEtE https://twitter.com/banqueducanada/status/1273692466965811200
— Banque du Canada (@banqueducanada) July 18, 2020
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Atteinte de la cible relative à l’inflation mesurée par l’IPC | ||||||
Principaux indicateurs | Niveau de référence | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 |
Inflation mesurée par l’IPC | 2,0 | 1,4 | 1,6 | 2,3 | 1,9 | 0,7 |
Inflation moyenne mesurée par l’IPC depuis 2001 | 1,8 | |||||
Attentes d’inflation sur dix ans | 2,0 | 2,0 | 2,0 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
La Banque a pris des mesures rapides et fermes visant à atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie canadienne. Elle a notamment :
- lancé des facilités de liquidité et des programmes de soutien au début de la pandémie pour favoriser le bon fonctionnement des marchés financiers (elle a ensuite mis fin à certains d’entre eux lorsque le fonctionnement des marchés s’est amélioré);
- abaissé le taux cible du financement à un jour pour l’établir à 0,25 % en mars 2020 et fourni, en juillet, des indications prospectives exceptionnelles4 précisant qu’il serait maintenu à ce niveau jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent et que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable;
- complété et renforcé les réductions apportées au taux directeur et les indications prospectives avec un programme d’assouplissement quantitatif5 afin de garder les taux d’intérêt bas.
Les bas coûts d’emprunt et le bon fonctionnement des marchés financiers ont aidé les entreprises à s’adapter à la pandémie et ont soutenu les dépenses des ménages.
Soutien à la fonction Politique monétaire de la Banque
Des analyses approfondies menées en temps utile ont appuyé les décisions de politique monétaire de nombreuses façons, tout au long de l’année.
Le personnel de la Banque a établi différents scénarios envisageables pour l’économie, lesquels ont joué un rôle dans la formulation du Rapport sur la politique monétaire6 d’avril. Lorsque le climat d’extrême incertitude s’est apaisé, le personnel a élaboré un scénario intermédiaire et, finalement, une projection complète.
La Banque a collaboré avec Statistique Canada en vue de créer un IPC ajusté qui tient compte des changements dans les habitudes de consommation liés à la pandémie7.
Étant donné la rapidité avec laquelle la pandémie a progressé au Canada et dans le monde, et l’inégalité de ses répercussions, les chercheurs ont eu recours à de nouvelles formes de données très détaillées pour comprendre son impact économique. En plus des sources de données existantes, le personnel de la Banque a en effet utilisé des données à haute fréquence (entre autres sur les réservations de restaurant, la fréquentation des transports en commun et les paiements). Ces données leur ont permis :
- de mieux évaluer les conséquences économiques de la pandémie;
- de suivre la rapidité avec laquelle l’activité économique mondiale s’est redressée à la réouverture des économies.
Ce n’est pas la première fois que la Banque se sert de ce type de données, mais les retards dans la publication des données traditionnelles et l’évolution rapide du contexte économique les ont rendues d’autant plus précieuses pour la formulation de la politique monétaire. Le personnel de l’institution a également eu davantage recours aux enquêtes pour mieux comprendre l’incidence de la pandémie sur les entreprises8 et les consommateurs9.
Enfin, le personnel de la Banque a continué à travailler au renouvellement du cadre de conduite de la politique monétaire, prévu en 2021. Il a effectué une analyse préliminaire afin de comparer plusieurs régimes de politique monétaire et leurs avantages. Une conférence virtuelle a permis de recueillir les avis de spécialistes externes et de se pencher sur les leçons tirées de la pandémie10. (Pour en savoir plus, voir Consultations au sujet de la maîtrise de l’inflation.) Le personnel a aussi organisé un atelier conjoint avec Statistique Canada sur les enjeux liés à la mesure de l’IPC et l’écart entre l’inflation perçue et l’inflation réelle.
Activités à venir
En 2021, la Banque consacrera d’importantes ressources à l’analyse plus approfondie des effets de la pandémie sur l’économie. De plus, elle :
- mènera à terme les travaux liés au renouvellement du cadre de conduite de la politique monétaire et publiera des documents de recherche comparant les résultats et les points forts de différentes approches de la politique monétaire;
- poursuivra l’élaboration de modèles macroéconomiques rendant compte de la relation complexe entre la politique monétaire et le système financier;
- analysera les changements structurels au sein de l’économie résultant de la numérisation, de la pandémie, du vieillissement de la population et des changements climatiques, et étudiera leur incidence sur la politique monétaire;
- continuera d’examiner les possibilités d’améliorer ses modèles économiques en intégrant de nouvelles sources de données et techniques d’apprentissage automatique dans ses prévisions et projections économiques.
Renseignements complémentaires
COVID‑19 : Mesures visant à soutenir l’économie et le système financier
La politique monétaire au temps de la COVID‑19
Le commerce, moteur d’une reprise durable
Le fonctionnement de l’assouplissement quantitatif
Nos opérations du programme d’assouplissement quantitatif : une radiographie
Notre réaction à la COVID‑19 : Maintenir la liquidité des marchés
- 1. L. L. Schembri (2020), « Notre réaction à la COVID‑19 : S’adapter aux différents impacts économiques », L’Économie claire et simple, Banque du Canada, 30 juin.[←]
- 2. T. Macklem (2020), Le point sur la situation économique : une reprise très inégale, discours prononcé devant la Chambre de commerce du Canada, Ottawa (Ontario), 10 septembre.[←]
- 3. La pandémie a également eu des effets néfastes sur l’offre. Pour en savoir plus, voir D. Brouillette, J. Champagne et J. McDonald-Guimond (2020), Production potentielle au Canada : réévaluation de 2020, note analytique du personnel nº 2020-25, Banque du Canada.[←]
- 4. Banque du Canada (2020), La Banque du Canada maintiendra le taux directeur au niveau actuel jusqu’à l’atteinte de l’objectif d’inflation, et rééquilibre son programme d’assouplissement quantitatif, communiqué, 28 octobre.[←]
- 5. P. Beaudry (2020), « Notre réaction à la COVID‑19 : Achat massif d’actifs », L’Économie claire et simple, Banque du Canada, 25 août.[←]
- 6. Banque du Canada (2020), Rapport sur la politique monétaire, avril.[←]
- 7. K. Huynh, H. Lao, P. Sabourin et A. Welte (2020), Que révèlent les données à haute fréquence des réseaux de paiement sur les dépenses et l’inflation à l’heure de la COVID‑19?, note analytique du personnel nº 2020-20, Banque du Canada.[←]
- 8. Banque du Canada (2020), « Encadré 1 : Des solutions de logistique souples aident à gérer les problèmes de chaîne d’approvisionnement », Enquête sur les perspectives des entreprises — Automne 2020.[←]
- 9. Banque du Canada (2020), Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada — Troisième trimestre de 2020.[←]
- 10. Banque du Canada (2020), Vers le renouvellement en 2021 du cadre de conduite de la politique monétaire de la Banque du Canada, diffusion Web, 26 août.[←]