Résultats de l’enquête du 4e trimestre | Vol. 1.4 | 11 janvier 2021

L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada recueille les opinions des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du quatrième trimestre de 2020 a été menée entre le 10 novembre et le 1er décembre 2020. Cette période, qui coïncide avec une forte hausse du nombre de cas de COVID‑19 au Canada, fait suite aux annonces relatives à la mise au point de vaccins efficaces. Depuis la réalisation de l’enquête, certaines provinces ont imposé des mesures additionnelles pour freiner la propagation du virus. De plus, les premiers vaccins ont commencé à être administrés. Comme les deux enquêtes précédentes, celle du quatrième trimestre comprenait des questions sur l’incidence de la pandémie de COVID‑19 et sur les mesures prises pour la contenir. Dans l’enquête, les répondants devaient aussi indiquer l’usage qu’ils avaient fait des prestations reçues dans le cadre des programmes de soutien au revenu mis en place par les gouvernements pour les aider pendant la pandémie (encadré 1). Ce trimestre, des compléments d’information sont fournis selon des caractéristiques démographiques.

Vue d’ensemble

  • Les réponses aux questions posées sur l’incidence de la pandémie montrent que les Canadiens se préoccupent davantage des risques sanitaires qu’à l’enquête précédente, étant donné la hausse rapide du nombre de cas de COVID‑19. Par conséquent, les consommateurs ont indiqué qu’ils sont plus prudents, mais qu’ils s’adaptent aux restrictions en vigueur. Dans l’ensemble, la reprise économique devrait être lente et inégale, et il pourrait y avoir des effets à long terme sur le marché du travail. Nous notons tout de même un regain d’optimisme, car un plus grand nombre de répondants s’attendent à ce que la vie finisse par revenir à la normale. Cet optimisme est probablement dû à l’effet des annonces relatives à l’arrivée de vaccins efficaces.
  • Les indicateurs du renouvellement de la main-d’œuvre se sont un peu détériorés, après avoir enregistré une légère amélioration au troisième trimestre de 2020, ce qui concorde avec l’inquiétude causée par des taux d’infection plus élevés au virus de la COVID‑19.
  • Les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont augmenté, ce qui vient plus qu’annuler la diminution observée au troisième trimestre. Cette hausse des attentes à court terme tient peut-être au redressement de la croissance des prix de l’essence, puisque cette composante a tendance à influencer les opinions des ménages sur l’inflation globale. À plus long terme, les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement stables, tandis que celles à l’horizon de cinq ans ont diminué.
  • Dans l’ensemble, après s’être améliorées au trimestre précédent, les attentes des consommateurs quant aux conditions sur le marché du travail ont été mitigées au quatrième trimestre et demeurent plus basses qu’avant la pandémie. Les attentes à l’égard de la croissance des salaires, elles, ont peu changé et restent en dessous du niveau observé avant la pandémie. Pour un deuxième trimestre d’affilée, les attentes des consommateurs concernant leurs perspectives de conserver leur emploi se sont légèrement améliorées, mais restent plus pessimistes qu’elles ne l’étaient au printemps. Les répondants ont aussi indiqué qu’ils seraient moins susceptibles de trouver un nouvel emploi s’ils perdaient le leur et de quitter leur emploi volontairement. Ce résultat laisse entrevoir un rythme modéré des changements d’emploi et des promotions, ce qui pourrait peser sur la croissance future des salaires.
  • Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des dépenses de leur ménage se sont accrues au quatrième trimestre de 2020, tandis que leurs attentes à l’égard de la croissance du revenu de leur ménage n’ont pas changé. L’écart entre les deux catégories d’attentes s’est creusé, mais la croissance attendue des dépenses ne dépasse pas autant la croissance attendue du revenu qu’avant la pandémie. Ce résultat porte à croire que les consommateurs demeurent plus prudents qu’avant la pandémie de COVID‑19, mais qu’ils pourraient à l’avenir dépenser une partie de leurs économies ou emprunter davantage.
  • En raison de la pandémie, les acheteurs ont tendance à préférer des logements plus spacieux et des logements situés à l’extérieur des centres-villes. En phase avec le rebond observé sur le marché du logement, les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des prix des logements continuent de se redresser après la baisse enregistrée au deuxième trimestre. Ce redressement est visible dans l’ensemble des provinces.
  • Les consommateurs ont déclaré que les programmes de soutien au revenu ont stimulé leurs dépenses : près de la moitié des sommes reçues ont servi à l’achat de biens et services, et environ le tiers au remboursement de dettes (encadré 1).

Inflation

Les attentes d’inflation des consommateurs à l’horizon d’un an se sont accrues, ce qui vient plus qu’annuler la diminution observée au troisième trimestre (graphique 1)1, 2, 3. Cette augmentation des attentes à court terme tient peut-être au redressement de la croissance des prix de l’essence au quatrième trimestre de 2020. Les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans et les perceptions sur le taux de l’inflation lors des douze mois précédents sont demeurées relativement stables et près du niveau observé au cours de la dernière année (2 et 3 %, respectivement). Les attentes à l’horizon de cinq ans, elles, diminuent depuis le début de la pandémie et se situent près de la limite supérieure de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation visée par la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 %. La majorité des répondants s’attendent à ce que l’inflation au cours des douze prochains mois se maintienne à l’intérieur ou juste au-dessus de cette fourchette. L’incertitude des consommateurs quant à la justesse de leurs prévisions d’inflation s’est atténuée au quatrième trimestre, par rapport au niveau élevé observé au début de la pandémie, ce qui peut révéler une baisse de l’incertitude à l’égard des perspectives économiques après les annonces faites sur l’arrivée de vaccins efficaces (graphique 2).

Graphique 1 : Attentes d’inflation



Graphique 2 : Attentes d’inflation : incertitude

Marché du travail

Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs relatives aux conditions sur le marché du travail ont peu changé et demeurent plus pessimistes qu’avant la pandémie. Comparativement au trimestre précédent, les répondants s’attendent à un retour plus lent à leurs habitudes de travail. Cela peut s’expliquer par l’incidence de la deuxième vague de contaminations au virus, qui a été plus forte que prévu.

Les attentes des consommateurs quant à la croissance de leur salaire au cours de l’année suivante ont peu évolué et restent en dessous du niveau observé avant la pandémie, à 2 %. Pendant ce temps, leurs perceptions à l’égard de la croissance des salaires au cours des douze mois précédents sont demeurées à un creux record de 1,1 % (graphique 3).

Les attentes des consommateurs concernant leurs perspectives de conserver leur emploi se sont quelque peu améliorées pour un deuxième trimestre de suite, ce qui concorde avec la reprise continue de l’emploi survenue depuis la réouverture de l’économie en mai et en juin (graphique 4). Les répondants ont tout de même déclaré que leurs perspectives de conserver leur emploi sont moins bonnes qu’avant la pandémie. De plus, ils estiment avoir de moins bonnes chances de trouver un nouvel emploi, ce qui pourrait être l’expression d’une inquiétude face à la hausse des taux d’infection induite par le nombre accru de cas de COVID‑19. La probabilité de départ volontaire dont ils ont fait état a légèrement diminué et est beaucoup plus faible qu’avant la pandémie, ce qui semble indiquer que la santé du marché du travail continue d’être un sujet de forte préoccupation ou que les gens ne sont pas prêts à changer d’emploi tant que la situation ne sera pas revenue à la normale. Si cette inquiétude se traduit par une diminution du taux de roulement sur le marché du travail, la qualité de l’appariement travailleur-emploi pourrait s’en trouver réduite, entraînant ainsi une baisse de la productivité et de la croissance des salaires dans l’avenir.

Graphique 3 : Attentes à l’égard de la croissance des salaires



Graphique 4 : Roulement de la main-d’œuvre

Situation financière des ménages, crédit et prix des logements

Les consommateurs s’attendent à une reprise de la croissance de leurs dépenses, mais les perspectives de croissance du revenu des ménages restent inchangées (graphique 5). Cette reprise anticipée des dépenses pourrait résulter des annonces sur la mise au point de vaccins efficaces. L’écart entre les deux catégories d’attentes s’est creusé, ce qui donne à penser que les ménages pourraient dépenser dans l’avenir une partie de l’épargne qu’ils ont accumulée4. Toutefois, comme cet écart demeure moins prononcé qu’il ne l’était juste avant le début de la pandémie, il semble dans l’ensemble que les consommateurs demeurent plus prudents qu’avant la pandémie.

En ce qui a trait au niveau des taux d’intérêt dans deux ans, les attentes des consommateurs se sont modérées. Pour tous les horizons, les attentes sont inférieures à celles que l’on enregistrait avant la pandémie. Ce recul est en lien avec les réductions du taux directeur de la Banque et ses indications prospectives (graphique 6). Pour leur part, les opinions des consommateurs sur les conditions d’accès au crédit se sont assombries depuis le trimestre précédent et ont atteint leur plus bas niveau jusqu’ici, ce qui témoigne d’un resserrement des conditions d’octroi du crédit depuis le début de la pandémie.

La plupart des répondants ont déclaré pouvoir payer leurs dettes à temps. Une faible proportion (8 %) a demandé un report de paiement (pour les prêts hypothécaires ou les crédits à la consommation), et la vaste majorité des demandes de report ont été acceptées, soit totalement, soit partiellement5.

En phase avec le rebond observé sur le marché du logement, les attentes des consommateurs à l’égard des prix des logements ont crû depuis le dernier trimestre et ont atteint un sommet historique (graphique 7). Cette hausse a concerné toutes les provinces, même si les attentes sont demeurées modestes en Alberta. La pandémie pousse les acheteurs à privilégier les logements plus spacieux et les endroits éloignés des centres-villes.

Graphique 5 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages


Graphique 6 : Attentes à l’égard des taux d’intérêt


Graphique 7 : Attentes relatives à la croissance des prix des logements

Encadré 1 : Les programmes fédéraux de soutien au revenu ont stimulé la consommation

À l’instar des deux enquêtes précédentes, celle du quatrième trimestre comportait des questions sur l’incidence de la pandémie de COVID‑19 et sur les mesures prises pour la freiner. L’enquête contenait aussi de nouvelles questions : les participants ont été interrogés sur la façon dont ils avaient utilisé les prestations des programmes publics de soutien au revenu mis en œuvre pendant la pandémie, comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), la Prestation canadienne de la relance économique, la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique et la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants.

Dans l’ensemble, les consommateurs se sont montrés plus préoccupés par les risques sanitaires et les risques économiques, vu l’augmentation du nombre de cas de COVID‑19 au quatrième trimestre de 2020. Les gouvernements ont imposé de nouvelles restrictions, et les Canadiens prennent davantage de précautions et s’adaptent aux mesures en place. Environ trois quarts des répondants s’attendent à ce que la nouvelle vague de cas de COVID‑19 et les mesures de restriction aient des effets économiques semblables à ceux du début de la pandémie au printemps 2020 ou moins négatifs. L’optimisme grandit également, une proportion de répondants plus importante qu’aux trimestres passés envisageant un retour à la vie d’avant. Ce vent d’optimisme sur les perceptions des ménages est peut-être la conséquence des annonces faites à propos de l’arrivée de vaccins efficaces.

Comme dans l’enquête précédente, la plupart des répondants ne pensent pas que la menace posée par la COVID‑19 diminuera avant le second semestre de 2021. Le fait que beaucoup s’attendent à un lent retour à la normale — voire, pour certains, à une absence de retour à la normalité — tend à indiquer que la crise pourrait s’inscrire dans la durée.

La pandémie continue d’influencer les comportements et les habitudes de consommation du moment, ainsi que la vision de l’avenir. L’incidence de la pandémie sur les habitudes de consommation persiste, les répondants mentionnant encore qu’ils achètent moins souvent en magasin, mais plus fréquemment en ligne. La plupart d’entre eux déclarent se tourner vers l’achat en ligne pour remplacer les achats en magasin.

Environ un cinquième des répondants affirment envisager de reprendre après la crise les achats importants ainsi que les activités sociales et récréatives qu’ils avaient reportés. Une partie de ces répondants (environ 20 %) disent également avoir mis de côté des projets qu’ils réexamineront plus tard, ce qui laisserait présager une demande refoulée. Par rapport à l’enquête du trimestre passé, un nombre accru de ménages au revenu de 100 000 $ et plus comptent dépenser dans des articles non essentiels (meubles ou équipement de sport) une partie des économies découlant de l’annulation de leurs activités sociales et récréatives (graphique 1‑A). Cette propension semble montrer que plus de ménages sont disposés à acheter des articles non essentiels.

La PCU et d’autres prestations publiques de soutien au revenu ont stimulé la consommation. En moyenne, les ménages bénéficiaires ont signalé avoir dépensé une bonne partie de leurs prestations. Les ménages aux revenus plus faibles ont déclaré des niveaux de dépenses quelque peu supérieurs aux autres ménages. La PCU ainsi que d’autres prestations ont également servi à rembourser des dettes (graphique 1‑B).

RevenuJ'achèterai des articles essentiels (p. ex., épicerie et médicaments)J'achèterai des biens et services non essentiels (p. ex., vélo, meubles, jardinage, piscine ou voiture)
2020T32020T42020T32020T4
Moins de 40 000 $77,7376,722,2723,3
De 40 000 $ à 99 999 $78,5472,2821,4627,72
100 000 $ et plus65,5852,4934,4247,51


OptionEnsembleMoins de 40 000 $De 40 000 $ à 99 999 $100 000 $ et plus
Dépenses en biens et services47584244
Paiement de dettes31303232
Économies14111812

  1. 1. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[]
  2. 2. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux. Pour des précisions à ce sujet, voir M.‑A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2020), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, octobre.[]
  3. 3. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est une raison de plus de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[]
  4. 4. Compte tenu de la baisse de leurs dépenses et du plus petit nombre d’activités récréatives ou sociales disponibles, une partie des consommateurs — dont, pour l’essentiel, les revenus sont plus élevés que les autres — disent plus épargner que d’habitude.[]
  5. 5. Les répondants ont demandé à différer leurs paiements par prudence ou en raison d’une réduction du revenu de leur ménage causée par la pandémie.[]

Sur cette page
Table des matières