Consumer Credit with Over-optimistic Borrowers

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Est-ce que la présence d’emprunteurs ayant des biais cognitifs nécessite la mise en place d’une réglementation visant à atténuer la mauvaise utilisation du crédit? Ceux qui militent pour la réglementation du crédit à la consommation soutiennent souvent que certains consommateurs empruntent de manière excessive parce qu’ils ont des biais cognitifs qui les poussent à lourdement s’endetter. En revanche, ceux qui s’y opposent affirment qu’une telle réglementation nuit aux emprunteurs en faisant augmenter le coût d’emprunt et en limitant l’accès au crédit.

Nous nous servons d’un modèle comprenant deux types de consommateurs – les « rationnels » et ceux ayant des biais cognitifs – afin d’examiner ce qui se produit si l’on réglemente le crédit à la consommation non garanti (les cartes de crédit). Dans le modèle, les consommateurs qui ont des biais sont exagérément optimistes par rapport à leurs revenus futurs, ce qui les amène à commettre des erreurs financières : ils empruntent trop et attendent trop avant de déclarer faillite. Puisque ces personnes trop confiantes se voient, à tort, comme rationnelles, les deux types de consommateurs agissent de la même manière. Les prêteurs étant incapables de distinguer les deux types de consommateurs, ils utilisent un système de pointage – similaire aux cotes de crédit – pour déterminer avec quelle probabilité le comportement d’un emprunteur est biaisé ou rationnel. Cela signifie que les deux types de consommateurs obtiennent le même taux d’intérêt s’ils ont le même score. Étant donné que les emprunteurs rationnels se retrouvent moins souvent en défaut de paiement, ils financent, en fin de compte, les coûts d’emprunt de l’autre groupe d’emprunteurs. Par conséquent, les emprunteurs trop optimistes se voient octroyer des taux d’intérêt plus bas que s’ils étaient placés dans un groupe distinct des emprunteurs rationnels.

Notre modèle étalonné nous permet d’évaluer plusieurs politiques réglementaires : réduction du coût associé aux défauts de paiement, accroissement des coûts d’emprunt, imposition de limites d’endettement et éducation financière. Même si nous constatons que certaines politiques aident effectivement à réduire l’endettement et les faillites, elles n’empêchent pas les emprunts excessifs contractés par les consommateurs ayant un biais cognitif. Bien que l’éducation élimine les erreurs financières, elle diminue aussi le bien-être des emprunteurs biaisés en éliminant l’interfinancement du taux des intérêts. Ces résultats invitent donc les autorités de réglementation à la prudence quand elles encadrent le crédit à la consommation.

DOI : https://doi.org/10.34989/swp-2020-57