Résultats de l’enquête du 2e trimestre | Vol. 1.2 | 6 juillet 2020
L’enquête sur les attentes des consommateurs au Canada porte sur les opinions des ménages au sujet de l’inflation, du marché du travail et de leur situation financière. L’enquête du deuxième trimestre de 2020 a été réalisée entre le 11 mai et le 1er juin 2020. Compte tenu de la pandémie actuelle, des questions spécifiques ont été intégrées à la présente enquête concernant l’incidence sur les Canadiens de la COVID‑19 et des mesures prises pour contenir la propagation du virus (encadré 1).
Vue d’ensemble
- La plupart des indicateurs se sont détériorés en raison des conséquences de la pandémie de COVID‑19 et des mesures prises pour contenir la propagation du virus.
- Au deuxième trimestre de 2020, les attentes d’inflation à l’horizon d’un an ont augmenté, alors que celles à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement stables et celles à l’horizon de cinq ans ont diminué. Le relèvement des attentes à court terme des consommateurs malgré la chute de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) tient peut-être à la hausse des prix des aliments. En effet, les attentes d’inflation des consommateurs ont tendance à être davantage influencées par les prix des produits et services qu’ils achètent fréquemment.
- Dans l’ensemble, les opinions des consommateurs quant aux conditions sur le marché du travail se sont dégradées par rapport à celles du trimestre précédent, ce qui concorde avec les pertes d’emploi massives enregistrées à la suite de l’éclosion de COVID‑19. La probabilité perçue de perte d’emploi a atteint son niveau le plus haut depuis la création de l’enquête, et les répondants s’attendent à avoir des difficultés nettement plus grandes à trouver un nouvel emploi s’ils perdent le leur, comparativement au trimestre précédent.
- Les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires et de la croissance du revenu de leur ménage se sont atténuées au deuxième trimestre de 2020. Parallèlement, leurs attentes concernant la croissance des dépenses ont plongé, ce qui a réduit sensiblement l’écart préexistant par rapport à leurs attentes de croissance du revenu. Ces résultats indiquent que les consommateurs sont devenus généralement plus prudents.
- Globalement, les attentes des consommateurs quant à la croissance des prix des logements au Canada sont tombées à zéro. Elles ont chuté dans l’ensemble des provinces et même atteint des valeurs négatives en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique.
- Dans leurs réponses aux questions sur la COVID‑19, les répondants se sont montrés très prudents en raison de l’incidence économique de la pandémie et du risque de contracter le virus (encadré 1). Ils comptent dépenser avant tout dans des produits et services essentiels et moins dans des biens durables et des services fournis en personne.
Inflation
Au deuxième trimestre de 2020, les attentes d’inflation des consommateurs à l’horizon d’un an se sont légèrement accrues, passant de 2,5 à 2,8 %, soit près du sommet enregistré au milieu de 2018 (graphique 1)1, 2, 3. Cet accroissement des attentes à court terme malgré la chute de l’inflation mesurée par l’IPC s’explique peut-être en partie par la hausse plus marquée des prix des aliments à la suite de l’augmentation des dépenses en épicerie pendant la pandémie. En effet, les attentes des consommateurs ont tendance à être influencées davantage par les prix des produits et services qu’ils achètent fréquemment, comme les aliments et l’essence. Les attentes d’inflation à l’horizon de deux ans sont demeurées relativement inchangées et près des niveaux observés au cours des deux dernières années. En ce qui concerne les attentes d’inflation à l’horizon de cinq ans et les perceptions de l’inflation relatives aux douze mois précédents, elles ont toutes deux baissé. La majorité des répondants s’attendent à ce que l’inflation se maintienne à l’intérieur ou juste au-dessus de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada, qui va de 1 à 3 % (graphique 2). Toutefois, par rapport aux enquêtes précédentes, il y a une plus grande proportion de répondants qui envisagent des taux d’inflation et de déflation en dehors de la fourchette cible. La forte hausse des opinions divergentes des consommateurs reflète la montée de l’incertitude quant aux perspectives économiques.
Graphique 1 : Attentes d’inflation
Graphique 2 : Distribution des attentes d’inflation
Marché du travail
Dans l’ensemble, les attentes des consommateurs relatives aux conditions sur le marché du travail se sont sensiblement dégradées depuis le premier trimestre. Cela est dû aux répercussions de la COVID‑19 et du confinement sur la croissance des salaires (graphique 3) et le renouvellement de la main-d’œuvre (graphique 4).
Premièrement, la probabilité de perte d’emploi indiquée par les répondants a atteint un sommet sans précédent dans l’histoire de l’enquête. Deuxièmement, la probabilité de trouver un emploi en cas de perte de l’emploi principal est passée de 50 à 40 %, soit le taux le plus bas depuis le choc des cours du pétrole en 2015. Troisièmement, la probabilité de départ volontaire a fortement diminué par rapport à son niveau record au premier trimestre. Cette diminution donne à penser que les répondants ont une opinion moins favorable des conditions à venir sur le marché du travail et ont moins confiance dans leur capacité de trouver un autre emploi pendant la pandémie. La baisse du taux de roulement attendu réduira vraisemblablement la qualité de l’appariement travailleur-emploi ainsi que la croissance de la productivité et des salaires dans l’avenir. Quatrièmement, les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance des salaires au cours des douze prochains mois ont légèrement fléchi, la croissance anticipée s’établissant à 1,9 %. Ces attentes sont nettement inférieures à celles liées à l’inflation.
Graphique 3 : Attentes à l’égard de la croissance des salaires
Graphique 4 : Roulement de la main-d’œuvre
Situation financière des ménages, crédit et prix des logements
Tout comme les attentes des consommateurs à l’égard de la croissance de leur salaire, celles concernant la croissance du revenu de leur ménage se sont réduites au deuxième trimestre de 2020, jusqu’à toucher un creux historique (graphique 5). Les attentes relatives à la croissance des dépenses ont diminué bien davantage que celles liées à la croissance du revenu, et les deux sont maintenant mieux harmonisées. Cette diminution donne à penser que, globalement, les consommateurs sont devenus plus prudents. En outre, ils ont revu à la baisse leurs attentes à l’égard des taux d’intérêt, tous horizons confondus, en accord avec les réductions du taux directeur de la Banque (graphique 6). Leurs réponses semblent indiquer une détérioration de l’accès au crédit au deuxième trimestre de 2020. En ce qui concerne leurs attentes relatives à la croissance des prix des logements, elles sont tombées à zéro pour l’ensemble du Canada (graphique 7). Ces attentes ont nettement fléchi dans chaque province et sont même passées sous la barre de zéro en Alberta, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique.
Graphique 5 : Attentes relatives au revenu et aux dépenses des ménages
Graphique 6 : Attentes à l’égard des taux d’intérêt
Graphique 7 : Attentes relatives à la croissance des prix des logements
Encadré 1 : Les consommateurs demeurent prudents compte tenu de la pandémie de COVID‑19 en cours
La COVID‑19 a créé une grave situation d’urgence sanitaire à l’échelle mondiale, entraînant des conséquences tragiques sur les vies humaines et des répercussions et difficultés économiques généralisées. Dans l’enquête du deuxième trimestre, des questions spécifiques ont été intégrées dans le but d’évaluer l’incidence de la pandémie sur les ménages canadiens.
Dans l’ensemble, les consommateurs font preuve de prudence, en raison du risque d’infection et des conséquences économiques de la pandémie et des mesures de confinement. Les répondants sont nombreux à considérer comme élevés ou modérés les risques que pose le virus pour la santé et l’économie. Beaucoup de Canadiens ont subi une baisse de revenu parce qu’ils ont perdu leur emploi ou qu’ils travaillent moins d’heures. Les consommateurs ont changé leurs habitudes. Ils ont indiqué qu’ils faisaient moins souvent d’achats en général, qu’ils annulaient ou reportaient de gros achats et qu’ils avaient réduit leurs dépenses depuis la pandémie.
La pandémie semble avoir une influence sur les perspectives des ménages. Les indicateurs laissent entrevoir une reprise graduelle et certains effets persistants. Les réponses des consommateurs indiquent qu’ils font montre de prudence à l’égard des activités impliquant des interactions en personne. Ils sont également attentifs à leurs dépenses, dont la composition a d’ailleurs changé. Les ménages comptent dépenser avant tout dans les produits et services essentiels et moins dans les biens durables (voitures, électroménagers, ameublement) et les activités les mettant en contact avec d’autres personnes (sorties au restaurant ou au cinéma et transport) jusqu’à ce que les choses reprennent leur cours normal (graphique 1-A). Le fait qu’un grand nombre de répondants s’attendent à ce que leurs activités professionnelles reviennent à la normale plus rapidement que leurs activités sociales et leurs habitudes de consommation est aussi révélateur de leur prudence. Cette situation laisse présager un certain excédent de l’offre, ainsi que des pressions désinflationnistes.
Graphique 1-A: Les consommateurs comptent dépenser avant tout dans les produits et services essentiels
Solde des opinions* en pourcentage | |
---|---|
Hébergement de voyage et Transport | -30,77 |
Repas au restaurant, cinéma, autres activités récréatives et sociales | -25,66 |
Biens durables (voitures, électroménagers et ameublement) | -18,75 |
Éducation | -14,06 |
Vêtements et chaussures | -11,84 |
Santé et soins personnels | 5,12 |
Frais de logement | 8,65 |
Épicerie | 8,7 |
La pandémie semble également avoir accéléré certaines tendances structurelles touchant les modes de consommation, comme le passage au magasinage en ligne (Graphique 1-B). Beaucoup de répondants ont déclaré avoir augmenté leurs achats en ligne visant les aliments et les boissons, les articles ménagers et les produits de soins personnels.
Graphique 1-B: Les consommateurs sont nombreux à avoir changé leurs habitudes de magasinage
Pourcentagede répondants | |
---|---|
Oui, je magasine moins souvent. | 61,93 |
Oui, je magasine différemment (j’opte pour la cueillette en bordure de rue, je magasine pour quelqu’un d’autre, quelqu’un d’autre magasine pour moi). | 41,57 |
Oui, je magasine davantage en ligne. | 38,71 |
Oui, je magasine différemment : je fais des réserves de certains articles. | 22,09 |
Non, mes habitudes de magasinage n’ont pas changé. | 12,84 |
Notes
- 1. Nous nous concentrons sur la médiane des anticipations plutôt que sur leur moyenne pour éviter les asymétries pouvant être associées à des valeurs extrêmes. Pour des précisions sur le mode de calcul de la médiane des attentes d’inflation et d’autres données faisant l’objet du présent rapport, se reporter au document Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Vue d’ensemble.[←]
- 2. Comme dans d’autres pays, au Canada, les anticipations d’inflation des ménages ont tendance à être un peu supérieures à l’inflation observée. Il est donc plus utile de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux. Pour des précisions à ce sujet, voir M.‑A. Gosselin et M. Khan (2015), « Une enquête sur les attentes des consommateurs pour le Canada », Revue de la Banque du Canada, automne, p. 15-26; et Center for Microeconomic Data (2019), Survey of Consumer Expectations, Banque fédérale de réserve de New York, décembre.[←]
- 3. Les attentes d’inflation peuvent varier selon les caractéristiques démographiques (âge, niveau de scolarité et revenu). C’est une raison de plus de s’intéresser davantage aux variations des attentes au fil du temps qu’à leurs niveaux pour bien comprendre l’ensemble des pressions inflationnistes.[←]