Renseignez-vous sur l’incidence économique de la pandémie de COVID‑19 et sur les mesures prises par la Banque pour soutenir l’économie et le système financier du Canada.
La COVID‑19 et l’économie
La pandémie de COVID‑19 menace gravement la santé de la population mondiale et perturbe fortement la vie des gens au quotidien. Elle a une incidence majeure sur l’économie mondiale et sur celle du Canada. Tous les secteurs de l’économie canadienne sont touchés et certains – comme ceux de l’énergie, du voyage et de l’hôtellerie ainsi que des services – sont frappés très durement.
Les mesures prises par les autorités sanitaires pour contenir la propagation du virus (fermetures d’écoles, déclaration de l’état d’urgence, distanciation physique, etc.), bien que nécessaires, ont elles aussi des répercussions considérables sur l’activité économique.
Cependant, il faut souligner que même si ces effets sont importants, ils seront temporaires. Partout dans le monde, les autorités ont pris des mesures énergiques et indispensables pour contenir la diffusion du virus, et pour soutenir les particuliers et les entreprises en ces temps très difficiles.
Ce que fait la Banque
Notre premier objectif a été d’aider les Canadiens à traverser cette période difficile en facilitant l’accès au crédit et en le rendant abordable. De nombreuses entreprises ayant dû cesser temporairement leurs activités feront appel au crédit pour continuer à payer leurs employés et les ménages auront besoin du crédit pour satisfaire leurs besoins primaires. Ces entreprises et ménages pourraient toutefois être incapables d’emprunter si la tourmente financière restreint l’offre de crédit.
La banque centrale doit donc intervenir afin d’empêcher une contraction soudaine du crédit en cette période où les gens en ont plus que jamais besoin. Si les Canadiens ne peuvent pas emprunter pour affronter une tempête économique, les répercussions économiques seront pires, la reprise prendra plus de temps et la capacité de production du pays subira des dommages à long terme.
Pour réaliser notre mandat premier – maintenir l’inflation proche de la cible –, nous devons commencer par stabiliser l’économie et l’emploi. En temps normal, nous pouvons atteindre notre cible d’inflation en fixant le taux d’intérêt directeur au niveau adéquat. Cependant, en période de perturbation majeure de l’économie et des marchés financiers, comme c’est le cas actuellement en raison de la COVID‑19, il nous faut prendre des mesures plus élaborées pour veiller à ce que le système financier continue à jouer son rôle en octroyant du crédit à ceux qui en ont besoin.
Par conséquent, la Banque utilise plusieurs moyens pour soutenir l’économie et le système financier, et est prête à prendre toutes les mesures possibles pour préserver le bien-être des Canadiens en ces temps difficiles.
Politique monétaire
En réaction aux répercussions économiques de la COVID-19, nous avons abaissé les taux d’intérêt à ¼ % afin de soutenir l’activité économique. Ces décisions viennent aider les consommateurs et les entreprises en réduisant les paiements sur les prêts, existants et nouveaux, dans toute l’économie.
Nous avons aussi lancé des facilités de liquidité et des programmes d’achat pour assurer le fonctionnement des marchés, soutenir le crédit et permettre aux effets des baisses de taux d’intérêt de se propager dans l’économie.
Afin de soutenir la reprise, la Banque s’est engagée à continuer ses achats massifs de titres à long terme. Jumelés au taux directeur très bas, ces achats apportent une détente monétaire considérable.
La Banque peut recourir à d’autres outils de politique monétaire pour aider encore davantage l’économie et favoriser l’atteinte de la cible d’inflation.
Soutien aux principaux marchés financiers
Nous intervenons pour soutenir les principaux marchés financiers afin qu’ils continuent à fonctionner correctement.
En périodes de perturbations des marchés, les institutions financières pourraient hésiter à jouer leur rôle normal de teneurs des marchés des obligations et d’autres actifs financiers. Les teneurs de marché détiennent des stocks de titres et établissent les prix auxquels ils sont prêts à acheter et à vendre ces titres. Ils pourraient toutefois considérer ces activités comme trop risquées lorsque les cours des titres fluctuent considérablement. Les acheteurs et les vendeurs auraient ainsi du mal à négocier des titres; on dit alors que le marché devient illiquide.
Une telle situation est particulièrement problématique quand il y a des frictions sur le marché des obligations du gouvernement du Canada, des titres souvent considérés comme les actifs en dollars canadiens les plus sûrs. Les détenteurs d’obligations pourraient avoir de la difficulté à les vendre pour obtenir de l’argent comptant, alors que ceux qui souhaitent acheter des obligations parce qu’elles sont sûres risquent d’être incapables de s’en procurer. Étant donné le rôle crucial des obligations d’État, notamment celui de référence pour les taux d’intérêt d’autres titres, l’illiquidité de ce marché peut avoir des effets qui se répandent dans tout le système financier.
Les principaux marchés financiers ayant subi des tensions ces derniers temps, la Banque a mis en place plusieurs programmes d’achat massif d’actifs visant à accroître la liquidité des marchés de financement essentiels. Maintenant que ces marchés fonctionnent normalement et que l’économie est en train de rouvrir, nous avons éliminé les programmes de liquidité des marchés.
Achats d’actifs
Voici les programmes ayant pris fin :
- Facilité d’achat d’acceptations bancaires : Ce programme a soutenu le marché des acceptations bancaires, une importante source de financement pour les petites et moyennes entreprises.
- Programme d’achat d’obligations du gouvernement du Canada : La Banque achète des titres du gouvernement du Canada sur le marché secondaire dans le but de soutenir le fonctionnement des marchés et d’assouplir les conditions monétaires. Ce programme a visé à servir de mesure d’assouplissement quantitatif pour favoriser la reprise de la croissance de la production et de l’emploi, et par conséquent, l’atteinte de la cible d’inflation.
- Programme d’achat d’Obligations hypothécaires du Canada : Les institutions financières ont recours aux Obligations hypothécaires du Canada (OHC) pour financer les prêts qu’elles consentent aux propriétaires canadiens. En achetant des OHC sur le marché secondaire, la Banque a contribué à donner aux institutions financières les moyens de renouveler les prêts hypothécaires pendant cette période et, de manière plus générale, à soutenir le crédit.
- Programme d’achat d’obligations provinciales : Ce programme a visé à soutenir davantage la liquidité et le bon fonctionnement des marchés de financement des gouvernements provinciaux par l’acquisition de titres admissibles sur le marché secondaire.
- Programme d’achat d’obligations de sociétés : Ce programme a renforcé la liquidité et le bon fonctionnement du marché des obligations de sociétés. (Un marché liquide et efficient pour les obligations de sociétés libellées en dollars canadiens permet aux entreprises – lesquelles sont actuellement mises à rude épreuve par la pandémie de COVID‑19 – de continuer à obtenir les fonds nécessaires à long terme pour maintenir leurs activités, ce qui, en définitive, permet d’aider l’économie canadienne. Il renforce également la transmission des mesures de politique monétaire auprès des emprunteurs.)
- Programme d’achat de papier commercial : Ce programme a alimenté les flux de crédit à l’économie en atténuant les tensions sur les marchés canadiens du papier commercial, une source essentielle de financement à court terme répondant aux besoins courants d’un large éventail d’entreprises et de pouvoirs publics.
- Programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires : Ce programme a servi de mécanisme d’acquisition d’actifs ayant permis de soutenir la liquidité du marché des emprunts à court terme des provinces et d’en favoriser le bon fonctionnement.
Expansion du bilan
Ces interventions, qui consistent à acquérir des actifs financiers et à prêter aux institutions financières, accroissent la taille du bilan de la Banque. Cette expansion du bilan, jumelée à nos autres mesures, favorise le bon fonctionnement du système financier, ce qui contribuera à la reprise de l’économie lorsque les restrictions visant à contenir le virus auront été levées.
Atténuation des risques
La Banque a conçu ces programmes de façon à gérer avec prudence le risque financier des contribuables. Le risque est atténué par la fixation de limites d’échéance, de notes minimales, de limites applicables aux contreparties et de limites de concentration. Lorsque nous faisons appel à des gestionnaires d’actifs externes, ces derniers sont assujettis à des exigences strictes relatives aux conflits d’intérêts, leurs mandats bien définis leur laissent peu de latitude, et nous les surveillons de près.
La Loi sur la Banque du Canada nous autorise à effectuer ces achats, mais nous avons collaboré étroitement avec le gouvernement fédéral pour conclure des conventions d’indemnisation à l’égard des principaux programmes. L’indemnisation publique des pertes, souvent prévue par ces types de programmes de banque centrale à l’étranger, fournit une garantie supplémentaire que nous les utiliserons selon notre objectif de maîtrise de l’inflation.
Reddition de comptes
La Banque rend compte régulièrement des résultats de ses programmes d’achat massif d’actifs. Ce faisant, elle vise à faire preuve de transparence tout en protégeant les informations commerciales de nature délicate et les renseignements propres aux opérations qui pourraient dégrader la juste valeur de marché des titres acquis par la Banque.
La Banque fait état de l’ensemble des actifs achetés dans le cadre de ces programmes dans ses bilans hebdomadaire et mensuel. Chaque programme a une page Web qui lui est consacrée dans laquelle on trouvera ses modalités d’application et les résultats des opérations d’achat.
Enfin, la Banque publiera les renseignements détaillés des opérations menées dans le cadre de ces programmes avec un décalage de cinq ans, ou peu après la fin des programmes, si celle-ci survient avant.
Liquidités aux institutions financières individuelles
La forte incertitude quant à l’ampleur et à la durée de l’impact de la COVID-19 pourrait porter atteinte au fonctionnement des marchés du crédit. Cela s’explique de deux façons : les institutions financières ont du mal à obtenir du financement pour l’octroi de prêts et elles pourraient hésiter à prêter par crainte que de nombreux emprunteurs ne soient pas en mesure de rembourser. Le problème du financement est en partie systémique et en partie propre à chaque institution. Dans le contexte des turbulences sur les marchés, il y a un désir généralisé de disposer d’actifs plus sûrs, mais même si cette demande est satisfaite dans l’ensemble, certaines institutions financières peuvent avoir de la difficulté à obtenir du financement.
Amélioration des opérations de prise en pension à plus d’un jour et mécanisme permanent d’octroi de liquidités
Nous sommes intervenus notamment en améliorant nos outils habituels d’octroi de liquidités, comme les opérations de prise en pension à plus d’un jour (maintenant interrompues) et du mécanisme permanent d’octroi de liquidités, pour faciliter l’accès au financement des institutions financières. Nous avons prolongé le terme des prêts que nous consentons aux banques, ainsi qu’élargi l’éventail des titres que nous acceptons en garantie de ces prêts et la liste des institutions qui y sont admissibles. L’élargissement de l’éventail des titres acceptés en garantie est utile parce qu’il permet aux institutions qui détiennent ces garanties d’obtenir du financement pour continuer à consentir des prêts. Il soutient aussi le fonctionnement des marchés où se négocient les actifs acceptés en garantie.
Mécanisme permanent d’octroi de liquidités à plus d’un jour
Nous avons établi un nouveau mécanisme permanent d’octroi de liquidités à plus d’un jour pour aider les banques à mieux gérer leurs risques de liquidité et à continuer de permettre à leurs clients d’accéder au crédit. Pour se prévaloir du mécanisme, les institutions financières peuvent mettre en garantie un plus large éventail de titres, y compris des prêts hypothécaires, ce qui accroît considérablement leur capacité de financement. La Banque du Canada encourage les banques à avoir recours à ce mécanisme pour les aider à continuer à consentir des prêts aux ménages et aux entreprises quand ils en ont le plus besoin.
Mécanisme conditionnel de prise en pension à plus d’un jour
Ce mécanisme, maintenant désactivé, visait à contrecarrer toute tension grave sur la liquidité dans tous les segments du marché et à consolider la stabilité du système financier canadien. Il procure des liquidités aux contreparties admissibles, dans un cadre bilatéral permanent, contre des titres émis ou garantis par le gouvernement du Canada ou une province.
Programme d’opérations de cession en pension de titres
Le Programme d’opérations de cession en pension de titres de la Banque du Canada permet aux négociants principaux d’obtenir temporairement des obligations nominales et des bons du Trésor du gouvernement du Canada. Ainsi, il soutient la liquidité du marché du financement par titres. Dans le cadre des opérations de cession en pension de titres, la Banque offre pendant un jour une partie des titres qu’elle détient, au moyen d’opérations quotidiennes de rachat.
Des efforts conjugués
Les mesures que nous prenons se renforcent mutuellement :
- L’apport de liquidités aux institutions financières individuelles améliore le fonctionnement des marchés.
- Des marchés qui fonctionnent bien ont un effet positif sur la capacité des institutions financières de poursuivre leurs activités.
- L’assouplissement de la politique monétaire (c’est-à-dire un taux d’intérêt plus bas) est plus efficace lorsque les marchés sont fonctionnels et que les banques disposent des liquidités dont elles ont besoin pour prêter aux entreprises et aux ménages.
Coopération internationale
La Banque coordonne ses mesures avec celles des autorités publiques à l’échelle internationale, comme les banques centrales du G7 ainsi que les partenaires économiques et financiers du Canada.
La Banque a établi des accords de swap de change avec d’autres banques centrales pour s’assurer que les institutions financières canadiennes ont accès à des liquidités en monnaie étrangère. Si une banque canadienne a besoin d’emprunter des fonds libellés en l’une des grandes monnaies, ces accords de swap permettent à la Banque du Canada de combler ce besoin. Cette facilité offre à la Banque plus de flexibilité pour réagir à l’évolution rapide de la situation sur les marchés financiers.
Discours et déclarations
La Banque continuera de veiller à ce que les Canadiens aient accès à de l’information à jour sur les mesures qu’elle prend pour soutenir l’économie et promouvoir la fiabilité et la solidité du système financier dans le contexte de la pandémie de COVID‑19.