Résultats de l’enquête de l’hiver 2019-2020 | Vol. 16.4 | 13 janvier 2020

Les résultats de l’enquête menée à l’hiver donnent à penser que les entreprises sont généralement confiantes, sauf dans les Prairies, où les indicateurs demeurent faibles. Dans l’ensemble, les perspectives des répondants sont portées par des attentes de ventes favorables au pays et à l’étranger.

Vue d’ensemble

  • Les répondants continuent d’exprimer des attentes positives quant à la croissance future des ventes. Les signes d’amélioration des perspectives de ventes intérieures se sont multipliés, mais ces dernières sont toujours freinées par la faiblesse des entreprises liées au secteur de l’énergie. L’inquiétude suscitée par les tensions commerciales se dissipant quelque peu, les attentes à l’égard des ventes à l’étranger sont un peu moins prudentes que lors des enquêtes précédentes.
  • Les intentions d’accroître les dépenses d’investissement sont relativement moins répandues, mais restent positives. De nombreuses entreprises disent avoir réalisé d’importants investissements récemment, beaucoup d’entre elles dans les technologies ou d’autres efforts d’amélioration de l’efficacité. Quant aux intentions d’embauche, elles se sont raffermies après s’être inscrites en baisse aux derniers trimestres.
  • Les indicateurs des pressions sur la capacité portent à croire que la capacité excédentaire s’est résorbée et que les tensions se sont intensifiées sur les marchés du travail, sauf ceux des Prairies.
  • D’après les résultats de l’enquête, les pressions exercées sur les prix sont encore modestes. Les attentes d’inflation restent inchangées : la majorité des entreprises s’attendent encore à ce que le taux se situe dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation visée par la Banque.
  • Les conditions du crédit n’ont presque pas varié au cours des trois derniers mois.
  • L’indicateur de l’enquête a poursuivi une légère progression après avoir chuté au-dessous de zéro au début de 2019. On peut en déduire que la confiance des entreprises se serait légèrement améliorée.

Activité économique

Le solde des opinions au sujet de la croissance passée des ventes étant à peine inférieur à zéro, les ventes des entreprises auraient encore généralement progressé à un rythme stable ces 12 derniers mois (graphique 1). Cela tient en partie au fait que les ventes des entreprises des Prairies ont augmenté plus lentement pendant cette période, en raison de la propagation des difficultés du secteur énergétique à d’autres secteurs dans la région. Les entreprises disent voir des signes que l’activité du secteur énergétique aurait atteint son point le plus bas, maintenant que les limites de production sont graduellement levées et qu’on réalise des progrès sur la question de la capacité pipelinière. Les répondants à l’extérieur des régions productrices d’énergie sont nombreux à faire état d’une amélioration des indicateurs des ventes futures (graphique 2, ligne rouge); ils mentionnent des projets d’infrastructures et de ressources naturelles, la croissance démographique, les dépenses de consommation et l’activité dans le secteur du logement comme facteurs soutenant la demande de leurs produits. Le solde des opinions relatif aux ventes futures a baissé (graphique 2, barres bleues), mais laisse encore penser que la progression des ventes s’accélérera légèrement dans les 12 prochains mois. Certaines entreprises croient que la croissance de leurs ventes se modérera pour atteindre une cadence plus soutenable après une période de forte expansion ces 12 derniers mois.

Graphique 1 : Croissance passée des ventes

* Pourcentage des entreprises qui font état d’un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement Dernière observation :

Graphique 2 : Croissance future des ventes

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un taux de croissance plus élevé diminué du pourcentage de celles qui signalent un ralentissement
† Pourcentage des entreprises ayant signalé une amélioration des indicateurs diminué du pourcentage de celles ayant constaté une détérioration Dernière observation :

La demande étrangère, particulièrement en provenance des États-Unis, continue de stimuler les perspectives d’exportation. Les entreprises indiquent en effet que les carnets de commande de clients étrangers sont mieux garnis qu’il y a 12 mois. De plus, comme l’inquiétude suscitée par les tensions commerciales se dissipe quelque peu, les attentes à l’égard de la croissance économique américaine sont légèrement plus optimistes : par rapport à l’enquête de l’automne, moins de répondants estiment que les États-Unis entreront en récession. Beaucoup d’entreprises prévoient de tirer profit directement ou indirectement de la demande américaine, notamment dans les secteurs de la construction et du tourisme. Cependant, certaines ont déclaré que leurs perspectives étaient assombries par le protectionnisme et d’autres politiques américaines qui favorisent leurs concurrents américains.

Le solde des opinions au sujet des investissements en machines et matériel a baissé tout juste au-dessous de sa moyenne historique, mais laisse encore croire que les entreprises prévoient de hausser leurs investissements dans les 12 prochains mois (graphique 3). Bon nombre de répondants déclarent qu’ils misent sur l’augmentation de l’efficacité, beaucoup citant des investissements en technologie. Si les entreprises sont moins nombreuses qu’à la dernière enquête à planifier d’accroître leurs investissements, c’est parce qu’une plus grande part que d’habitude dit avoir achevé des projets d’investissement d’envergure l’an dernier.

Graphique 3 : Intentions d’investissement

* Pourcentage des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs investissements diminué du pourcentage de celles qui envisagent de les réduire Dernière observation :

Après une tendance à la baisse sur plusieurs trimestres, l’indicateur des intentions d’embauche a monté (graphique 4). Ces intentions sont répandues dans la plupart des secteurs, mais se concentrent au Québec et en Colombie-Britannique. Plusieurs entreprises envisagent de renforcer leur effectif pour répondre aux hausses anticipées de la demande ou augmenter la production. Bon nombre de celles qui envisagent de maintenir ou de réduire leur niveau d’emploi invoquent l’automatisation accrue de leurs activités et des attentes moins favorables à l’égard de leurs ventes.

Graphique 4 : Intentions d’embauche

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un niveau d’emploi plus élevé diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Pressions sur la capacité de production

L’indicateur des pressions sur la capacité de production s’est inscrit en légère hausse pour un troisième trimestre consécutif, ce qui tend à indiquer que la capacité excédentaire s’est résorbée (graphique 5). Selon la plupart des entreprises ayant atteint ou dépassé les limites de leur capacité, les contraintes liées à la main-d’œuvre sont le principal obstacle à l’augmentation de la production pour répondre à une poussée inattendue de la demande. Les entreprises des Prairies, dont beaucoup mentionnent la faiblesse de la demande et une main-d’œuvre facile à trouver, font cependant encore état de pressions limitées sur leur capacité de production. Les répondants de partout au pays prévoient que ces pressions augmenteront davantage au cours de la prochaine année, bon nombre s’appuyant sur la demande en hausse et la difficulté à trouver des travailleurs.

Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production

 Dernière observation :

La part des entreprises qui disent souffrir de pénuries de main-d’œuvre est légèrement supérieure à la moyenne historique (graphique 6, barres bleues). Ces pénuries sont encore les plus répandues chez les répondants du centre du pays et de la Colombie-Britannique. Les pénuries de main-d’œuvre spécialisée (métiers spécialisés, ingénieurs, etc.) et de travailleurs pour les emplois moins bien rémunérés et moins spécialisés sont souvent mentionnées dans les résultats de l’enquête. Selon l’indicateur d’intensité des pénuries de main-d’œuvre, les entreprises considèrent que les tensions se sont intensifiées depuis un an sur les marchés du travail, sauf dans les Prairies (graphique 6, ligne rouge).

Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre

* Pourcentage des entreprises qui font état de pénuries de main‐d’œuvre plus intenses diminué du pourcentage de celles qui signalent des pénuries moins intenses Dernière observation :

Prix et inflation

Le solde des opinions sur le prix des intrants est maintenant positif, laissant présager que le prix de certains intrants hors main-d’œuvre progressera plus rapidement au cours des 12 prochains mois (graphique 7). Dans les réponses des entreprises, les prix des produits de base reviennent souvent comme facteur explicatif de cette accélération. Dans certaines régions, le solde positif témoigne d’une stabilisation des prix après une période de baisse.

Graphique 7 : Prix des intrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Dans l’ensemble, les entreprises prévoient de maintenir l’augmentation du prix de leurs extrants à un rythme semblable à celui des 12 derniers mois au cours des 12 prochains, comme en témoigne le solde des opinions près de zéro (graphique 8). L’indicateur a légèrement baissé ce trimestre, du fait que de nombreux répondants (surtout au Québec) déclarent qu’ils envisagent de maintenir la croissance des prix à une cadence stable après les hausses de l’an dernier. La faible demande continue d’exercer une pression à la baisse sur les prix dans les Prairies.

Graphique 8 : Prix des extrants

* Pourcentage des entreprises qui prévoient un rythme d’augmentation plus rapide diminué du pourcentage de celles qui prévoient le contraire Dernière observation :

Une majorité de répondants continue de penser que l’inflation se situera dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque au cours des deux prochaines années (graphique 9). Certains de ceux qui anticipent qu’elle sera entre 1 et 2 % fondent leurs attentes sur les tendances récentes de l’inflation ou la faible demande dans leur région. Comme lors de l’enquête menée à l’automne, les attentes d’inflation sont plus élevées au Québec en raison des tensions accrues sur les marchés régionaux du travail.

Graphique 9 : Attentes d’inflation

Dernière observation :

Conditions du crédit

Le solde des opinions étant tout juste inférieur à zéro, les conditions de financement des entreprises n’ont presque pas varié ces trois derniers mois (graphique 10). Certains des répondants ayant déclaré qu’ils profitent de conditions plus favorables attribuent la situation à une concurrence accrue entre les banques. Plusieurs entreprises des Prairies signalent pour leur part un resserrement des conditions du crédit.

Graphique 10 : Conditions du crédit

* Pourcentage des entreprises qui font état d’un resserrement diminué du pourcentage de celles qui signalent un relâchement des conditions. Pour cette question, le solde des opinions fait abstraction des entreprises qui ont répondu « sans objet ». Dernière observation :

Indicateur de l’enquête

Après avoir chuté au-dessous de zéro au début de 2019, l’indicateur de l’enquête a poursuivi sa légère tendance haussière, laissant entrevoir une faible amélioration de la confiance des entreprises (graphique 11). Les réponses à plusieurs questions de l’enquête sont près ou légèrement au-dessus de leur moyenne historique.

Graphique 11 : Indicateur de l’enquête

Dernière observation :

Encadré 1 : Pour la majorité des entreprises, les changements climatiques sont un facteur important

La Banque du Canada déploie de grands efforts pour comprendre les effets macroéconomiques des changements climatiques. À ce titre, lors des consultations de l’automne et de l’hiver, elle a demandé aux répondants à l’enquête sur les perspectives des entreprises d’évaluer l’incidence du climat sur leurs activités ou la prise en compte de ce facteur dans leur façon de faire les choses. Les entreprises, notamment celles du secteur des biens, les grandes sociétés et les exportateurs, indiquent en majorité que les changements climatiques sont un facteur important ou très important pour elles.

Plus de la moitié des répondants concernés disent avoir souffert des changements climatiques pour deux raisons principales. Premièrement, plusieurs entreprises ont été frappées par des phénomènes météorologiques extrêmes – inondations, feux de forêt et ouragans – qui ont entraîné entre autres des pertes financières ou des dommages. Le dérèglement des saisons et les conditions météorologiques généralement moins prévisibles ont aussi perturbé les activités ou les ventes d’entreprises agricoles et de pêche ainsi que d’établissements liés aux secteurs du transport et de la construction. Deuxièmement, de nombreux répondants signalent une hausse de leurs coûts d’exploitation du fait des mesures prises pour se conformer aux politiques et à la règlementation liées au climat (p. ex., redevances sur la pollution, normes environnementales et politiques de communication), ainsi que des frais d’assurance plus élevés pour certains.

À l’inverse, le tiers des entreprises touchées font état d’effets positifs, souvent liés à de nouvelles occasions d’affaires. Parmi elles, notons celles qui offrent des produits ou des services écoénergétiques ou écologiques aux consommateurs cherchant des produits à faibles émissions de carbone. Bon nombre soulignent une demande croissante de produits écologiques, dont la technologie propre, et une forte demande de produits financiers verts. Certaines disent avoir gagné à adopter de nouvelles gammes de produits avant leurs concurrents. Quelques-unes affirment aussi que le temps plus chaud favorise leurs ventes, notamment dans le tourisme. Enfin, certains répondants indiquent que l’adoption de technologies écoénergétiques les a aidés à réduire leurs charges d’exploitation, par exemple en diminuant leur consommation d’énergie.

Plus du tiers des entreprises déclarent qu’elles mènent déjà des actions concrètes face aux changements climatiques. Cet enjeu est souvent crucial pour l’image de marque et importe tant aux clients qu’aux employés (responsabilité sociale des entreprises). Plusieurs répondants décrivent leurs actions comme nécessaires pour attirer des travailleurs jeunes ou dotés d’une plus grande conscience écologique, pour satisfaire aux exigences de clients ou d’investisseurs, ou pour améliorer leur stratégie de marketing. Certains indiquent qu’ils se concentrent sur la durabilité en investissant dans les énergies vertes, comme l’énergie solaire ou les véhicules commerciaux à faibles ou zéro émissions. D’autres expliquent qu’ils privilégient la gestion des déchets pour réduire leur empreinte ou qu’ils offrent des mesures incitatives pour que leurs employés adoptent des comportements écoresponsables. Quelques-uns envisagent de rendre leur entreprise carboneutre ou l’ont déjà fait.


Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de cette enquête ont été recueillies entre le 13 novembre et le 9 décembre 2019. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions sur le questionnaire et les réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.

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