Résultats de l’enquête de l’été 2019 | Vol. 16.2 | 28 juin 2019
Les résultats de l’enquête de l’été semblent indiquer une légère amélioration de la confiance des entreprises après l’atténuation observée dans l’enquête précédente. Les intentions d’investissement et d’embauche restent bonnes.
Vue d’ensemble
- Après avoir connu une certaine mollesse de leurs ventes passées, les répondants anticipent une accélération des ventes au cours des 12 prochains mois sous l’impulsion d’une demande intérieure et étrangère favorable (encadré 1). La faiblesse liée au secteur pétrolier dans l’Ouest canadien et les obstacles aux échanges mondiaux continuent de freiner les ventes futures.
- Les intentions d’investissement et d’embauche sont positives dans la plupart des régions et des secteurs.
- L’indicateur des pressions sur la capacité de production s’est quelque peu redressé après le recul affiché dans la dernière enquête. Le nombre de répondants signalant des pénuries de main-d’œuvre, qui était faible au printemps, a augmenté, mais ces pénuries ne sont pas généralisées.
- La montée des prix des intrants devrait ralentir légèrement, car plusieurs entreprises prévoient que la pression exercée par les droits de douane sur les prix des intrants s’atténuera au cours des 12 prochains mois. Quant à celle des prix des extrants, elle devrait s’accélérer modestement : un nombre accru d’entreprises estiment que les conditions leur permettront de répercuter diverses hausses de coûts sur leurs clients. Les attentes d’inflation sont inchangées. La majorité des répondants est d’avis que le taux d’inflation s’inscrira dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation visée par la Banque.
- Selon les répondants, les conditions du crédit se sont un peu assouplies ces trois derniers mois.
- L’indicateur de l’enquête a augmenté un peu pour atteindre sa moyenne historique, ce qui cadre avec une légère amélioration de la confiance des entreprises.
Activité économique
Après avoir signalé une modération de la progression des ventes au dernier trimestre, l’indicateur de la croissance passée des ventes se situe près de zéro (graphique 1), ce qui donne à penser que le rythme d’expansion des ventes s’est stabilisé au cours des 12 derniers mois. Le solde des opinions quant à la croissance future des ventes a augmenté (graphique 2, barres bleues) et est positif, laissant entrevoir une accélération du rythme d’expansion des ventes dans les 12 mois à venir. L’amélioration des indicateurs des ventes futures par rapport à il y a un an – carnets de commandes mieux garnis, multiplication des demandes de renseignements, etc. – (graphique 2, ligne rouge) explique les attentes des répondants. En général, ceux-ci présument encore que la demande intérieure demeurera vigoureuse (encadré 1). L’optimisme à l’égard des perspectives de vente se fait surtout sentir au centre du pays, et il s’étend à l’activité dans le secteur du logement. Néanmoins, les entreprises prévoient que la faiblesse des ventes découlant de la situation dans l’industrie pétrolière de l’Ouest canadien persistera.
Graphique 1 : Croissance passée des ventes
Graphique 2 : Croissance future des ventes
Les résultats – positifs mais faibles – de l’enquête en ce qui concerne les perspectives d’exportations semblent indiquer que la croissance des exportations s’accélèrera modestement. Les attentes des entreprises reposent sur une demande étrangère soutenue, surtout aux États-Unis, et la faiblesse du dollar canadien. Néanmoins, les entreprises s’attendent à ce que des obstacles aux échanges mondiaux (p. ex., mesures protectionnistes et tensions géopolitiques) et l’incertitude qu’ils créent limitent leurs ventes aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Par comparaison avec leurs attentes plus optimistes de l’an dernier, la plupart des répondants jugent désormais que l’économie américaine connaîtra une faible croissance, freinée, selon certains, par les tensions commerciales sino-américaines.
Le solde des opinions relatif aux investissements en machines et matériel est resté stable, à un niveau légèrement supérieur à sa moyenne historique (graphique 3). Il continue d’être soutenu par la demande étrangère et intérieure. Si les intentions d’investissement étaient surtout présentes dans le secteur des services lors des dernières enquêtes, le nombre d’entreprises dans le secteur de la production de biens hors énergie qui envisagent maintenant d’accroître leurs investissements a augmenté. Certains répondants ont fait état de leur intention d’investir dans les technologies de l’information, l’automatisation et le matériel spécialisé.
Graphique 3 : Intentions d’investissement
Les intentions d’embauche sont positives et ont peu varié par rapport à l’enquête du printemps (graphique 4). Ces intentions sont encore répandues dans la plupart des régions et des secteurs. Beaucoup de répondants ont cité la croissance attendue de leurs ventes et des projets d’expansion comme les raisons sous-jacentes de leur volonté d’accroître leurs effectifs.
Graphique 4 : Intentions d’embauche
Pressions sur la capacité de production
Le nombre d’entreprises qui ont dit subir des contraintes de capacité a légèrement remonté après avoir baissé dans l’enquête du printemps, mais il reste inférieur aux niveaux élevés atteints en 2018 (graphique 5). Les répondants ont souvent mentionné les contraintes liées à la main-d’œuvre comme un obstacle majeur susceptible de les empêcher de répondre à une brusque hausse de la demande. Certaines entreprises du centre du pays s’attendent à une intensification des pressions sur la capacité de production en raison de la vigueur persistante de la demande.
Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production
Le nombre de répondants signalant une pénurie de main-d’œuvre, qui était faible au printemps, a augmenté (graphique 6, barres bleues), mais ces pénuries ne sont pas généralisées. Les répondants citent souvent des pénuries de main-d’œuvre qualifiée ou spécialisée (p. ex., ouvriers spécialisés, cadres, ingénieurs). Le solde des opinions concernant l’intensité des pénuries de main-d’œuvre, qui avait chuté au printemps, a très peu changé depuis la dernière enquête (graphique 6, ligne rouge). Près de la moitié des répondants estiment que les pénuries de main‐d’œuvre sont du même ordre qu’il y a 12 mois, et certains indiquent que les difficultés de recrutement sont présentes depuis plus d’un an. L’opinion selon laquelle les pénuries se sont intensifiées par rapport à il y a un an est la plus répandue au Québec.
Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre
Prix et inflation
Le solde des opinions quant à la croissance des prix des intrants s’est inscrit en territoire négatif (graphique 7). Ce solde négatif porte à croire que les répondants s’attendent à ce que la croissance des prix de leurs intrants ralentisse quelque peu. Plusieurs entreprises estiment que les pressions sur le coût des intrants provenant des droits de douane (comme ceux imposés sur l’acier et l’aluminium) s’atténueront au cours des 12 prochains mois. Certaines signalent aussi des coûts plus élevés pour leurs intrants sous l’effet des droits de douane récemment instaurés par les États-Unis et la Chine. Les répondants pensent également qu’il y aura des pressions à la hausse imputables à divers intrants hors produits de base.
Graphique 7 : Prix des intrants
Dans l’ensemble, les répondants entrevoient une hausse légèrement plus rapide du prix de leurs extrants (graphique 8). Plusieurs entreprises, en particulier celles qui sont optimistes quant à leurs perspectives de vente, pensent répercuter la hausse de divers coûts hors main-d’œuvre sur les prix de leurs extrants. Les répondants indiquent que la concurrence limite toujours l’augmentation des prix de vente. Certains ont aussi mentionné qu’ils ne s’attendent pas, au cours des 12 prochains mois, à ce que les prix montent comme l’an dernier sous l’effet de la hausse des prix des produits de base et des droits de douane.
Graphique 8 : Prix des extrants
Les attentes d’inflation, qui s’étaient inscrites en baisse au printemps, sont restées largement inchangées (graphique 9). Pour les deux années à venir, la majorité des répondants s’attend à ce que l’inflation se maintienne dans la moitié inférieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 % visée par la Banque. L’opinion d’une partie de ces entreprises repose sur la faiblesse de l’économie canadienne et la tendance passée de l’inflation.
Graphique 9 : Attentes d’inflation
Conditions du crédit
Si la plupart des répondants n’ont signalé aucune variation des conditions de financement au cours des trois derniers mois, l’indicateur témoigne cependant d’un léger assouplissement (graphique 10). Comme dans l’enquête du printemps, certaines entreprises attribuent l’assouplissement à la vigueur de leurs résultats récents ou à la concurrence accrue entre les banques.
Graphique 10 : Conditions du crédit
Indicateur de l’enquête
Après avoir chuté au printemps, l’indicateur de l’enquête est remonté tout juste au-dessus de zéro (graphique 11), ce qui concorde avec une légère amélioration de la confiance des entreprises. Les résultats obtenus pour plusieurs questions de l’enquête frôlent ou dépassent un peu les moyennes historiques.
Graphique 11 : Indicateur de l’enquête
Encadré 1 : La demande intérieure et étrangère détermine les perspectives de vente des entreprises
Depuis quelques trimestres, la Banque demande aux entreprises participantes de préciser les facteurs favorisant ou limitant leurs ventes pour les 12 mois à venir. Dans l’enquête de cet été, de nombreux répondants ont indiqué que la demande intérieure, notamment au centre du Canada, et la demande étrangère soutiendront leurs ventes (graphique 1-A). En effet, le nombre d’entreprises qui citent la vigueur de la demande intérieure a grimpé après s’être inscrit en baisse au printemps. De plus, les entreprises s’attendent la plupart du temps à ce que leurs ventes progressent à la suite de leurs propres initiatives (marketing, développement de nouveaux produits, implantation sur de nouveaux marchés, etc.). Par ailleurs, les répondants à l’enquête de cet été sont d’avis que le contexte dans lequel ils établissent les prix de leurs produits et services (souvent influencé par le taux de change Canada-États-Unis) améliore leurs perspectives de vente.
D’un autre côté, de nombreux répondants ont mentionné que des contraintes de capacité, généralement liées à la main-d’œuvre, limiteront la croissance des ventes. Plusieurs s’attendent aussi à ce que diverses réglementations et politiques la freinent. Par exemple, certains ont évoqué l’incertitude autour de la capacité future des pipelines et les limitations de production. D’autres ont parlé des mesures touchant le marché du logement et de la longueur des formalités d’autorisation (p. ex., en ce qui concerne l’utilisation des terres et les nouveaux produits). Certains exportateurs pensent quant à eux que les politiques commerciales et l’incertitude qui en découle pèseront sur leurs ventes à l’étranger. Enfin, dans l’ensemble, les répondants estiment que la concurrence limitera leurs ventes.
Graphique 1-A: Une forte demande intérieure et étrangère soutient les anticipations de vente
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête de l’été 2019 ont été recueillies entre le 7 mai et le 3 juin 2019. Le solde des opinions peut varier entre +100 et -100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.