Un système financier stable et efficient est essentiel pour soutenir la croissance économique et améliorer le niveau de vie. Dans notre Revue du système financier, nous analysons les principales vulnérabilités et les principaux risques pesant sur la stabilité financière au Canada et nous expliquons leur évolution au cours de la dernière année.
Les vulnérabilités sont des conditions préexistantes susceptibles d’interagir avec des chocs et d’amplifier leurs effets. Les risques sont des scénarios extrêmes qui menacent la capacité du système financier de remplir ses fonctions essentielles s’ils se concrétisaient. Il ne s’agit pas de notre scénario de référence, qui est présenté dans notre Rapport sur la politique monétaire publié chaque trimestre.
Progrès concernant deux vulnérabilités principales
Les vulnérabilités associées à l’endettement élevé des ménages et aux déséquilibres sur le marché du logement ont légèrement diminué, mais restent importantes.
- Les tests de résistance appliqués aux prêts hypothécaires et les hausses passées des taux d’intérêt ont eu pour effet combiné de ralentir les emprunts des ménages et d’améliorer la qualité des nouveaux prêts hypothécaires. La proportion de Canadiens accusant du retard dans le remboursement de leurs dettes demeure relativement faible et stable.
- Les reventes de logements et la croissance des prix ont nettement ralenti à Toronto et à Vancouver au cours des deux dernières années. Les mesures des provinces en matière de logement, les tests de résistance appliqués aux prêts hypothécaires et les hausses passées des taux d’intérêt ont permis de réduire les excès sur ces marchés. Les difficultés dans le secteur pétrolier continuent de peser sur les marchés du logement dans les provinces productrices de pétrole.
Malgré ces progrès, nous devons rester vigilants. En effet, le niveau global d’endettement reste élevé et une grande part de cette dette est détenue par les ménages fortement endettés.
De nouvelles mesures ont ralenti l’emprunt, modéré les comportements spéculatifs sur les marchés de l’habitation et rendu le système financier plus résilient. Bien que les facteurs fondamentaux dans le secteur du logement restent globalement robustes, et que l’on s’attende à ce que celui-ci se remette à croître plus tard cette année, nous continuons de surveiller ces vulnérabilités de près.
Stephen S. Poloz, gouverneur
La précarité du financement par emprunt des sociétés : une nouvelle vulnérabilité
Dans bon nombre de pays, y compris au Canada, la dette des entreprises a augmenté. Cette hausse s’est surtout concentrée chez les entreprises ayant une faible cote de crédit. L’intérêt des investisseurs pour les obligations à rendement élevé et les prêts à effet de levier a été à l’origine de cette augmentation de l’emprunt, rendant ainsi l’activité future vulnérable au revirement de la confiance des investisseurs. Nous allons suivre ces questions de près.
Les autres vulnérabilités relevées dans la Revue du système financier de 2019 sont les suivantes :
- les cyberincidents qui pourraient avoir des répercussions dans l’ensemble du système financier;
- l’évolution rapide des secteurs des cryptoactifs et des technologies financières;
- les changements climatiques.
L’évaluation des risques liés au climat
Nous voulons mieux comprendre les risques que les changements climatiques font peser sur l’économie et le système financier. Pour ce faire, nous entreprenons un programme de recherche sur plusieurs années et nous avons l’intention :
- de collaborer avec des partenaires étrangers et canadiens pour renforcer notre capacité d’analyse;
- d’intégrer les risques liés au climat dans l’analyse de la stabilité financière.
La Banque du Canada publiera ces travaux dans le portail sur le système financier et dans sa Revue du système financier.
Le niveau de risque est légèrement plus élevé, mais le système reste résilient
Le risque global auquel est exposé le système financier canadien a légèrement augmenté depuis notre dernière évaluation, en juin 2018. Cette hausse est due à un ralentissement de la croissance économique, causé en partie par l’incertitude entourant les politiques commerciales à l’échelle mondiale, la chute des prix du pétrole de l’an dernier, les difficultés persistantes dans le secteur de l’énergie et la prise de risques accrue sur les marchés financiers mondiaux.
Les risques les plus importants pour le système financier canadien demeurent une profonde récession à l’échelle du pays, une correction notable des prix des logements et une réévaluation marquée du risque sur les marchés financiers. D’après un test de résistance effectué récemment par notre personnel, les grandes banques canadiennes seraient bien placées pour gérer ces risques s’ils se matérialisaient, ce qui atténuerait les effets sur le système financier en général. Parallèlement, un autre test de résistance montre qu’un scénario de vive hausse des taux d’intérêt exposerait les fonds communs de placement en obligations de sociétés à d’importantes demandes de remboursement, entraînant un élargissement considérable des écarts de taux sur les obligations de sociétés, ce qui pourrait aggraver les conditions de liquidité.
L’incertitude mondiale est en hausse, et les risques planant sur la stabilité financière ont légèrement augmenté au cours de la dernière année. Malgré tout, la confiance dans la résilience du système financier canadien reste forte, et nous constatons des améliorations pour certaines des principales vulnérabilités qui nous préoccupent depuis plusieurs années.
Stephen S. Poloz, gouverneur