Résultats de l’enquête de l’automne 2017 | Vol. 14.3 | 16 octobre 2017
Les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises menée cet automne montrent que les répondants demeurent confiants dans l’ensemble du pays, l’activité économique commençant à se consolider. Les perspectives des entreprises restent favorables, même si plusieurs indicateurs de l’enquête ont fléchi par rapport aux solides résultats de l’été.
Vue d’ensemble
- Dans la lignée des solides résultats enregistrés à l’été, les réponses recueillies dans l’enquête de cet automne témoignent du fait que, dans l’ensemble des régions, les entreprises s’attendent à une progression soutenue de leurs ventes, et dans certains secteurs, un retour à un rythme plus durable est escompté. Les perspectives de vente globalement favorables reposent sur le redressement continu de l’activité dans les régions productrices d’énergie ainsi que sur la vigueur de la demande étrangère.
- Les indicateurs relatifs à l’investissement et à l’emploi ont un peu fléchi par rapport aux sommets atteints dernièrement, ce qui tend à montrer que les projets visant à accroître les investissements et les effectifs sont toujours à l’ordre du jour, quoiqu’un peu moins généralisés.
- Dans l’ensemble, les répondants sont d’avis que les pressions sur la capacité de production et sur le marché du travail se sont accrues cette dernière année, ce qui donne à penser que la marge de ressources inutilisées est en train de se résorber sous l’effet du dynamisme de la demande. Cela dit, les difficultés à répondre à la demande ainsi que les pénuries de main-d’œuvre ne sont pas encore généralisées.
- Les attentes concernant la progression des prix des intrants et des extrants sont stables, puisque le renchérissement de la main-d’œuvre et des intrants hors produits de base est contrebalancé par la récente appréciation du dollar canadien. Après n’avoir guère varié ces deux dernières années, les attentes en matière d’inflation se sont accrues, même si elles restent modestes dans l’ensemble.
- Si ce n’est le relèvement du taux directeur, les conditions du crédit sont restées inchangées, et pour la majorité des entreprises, il demeure facile ou relativement facile d’obtenir du financement.
- L’indicateur de l’enquête, qui résume les résultats, a reculé par rapport au haut niveau où il se situait à l’été, mais il demeure positif et continue de témoigner d’un climat propice aux affaires.
Activité économique
Après s’être bien rétabli à l’été, le solde des opinions concernant la croissance passée des ventes a fléchi mais reste positif (Graphique 1). L’expansion des ventes s’est accélérée pour la première fois depuis le ralentissement du secteur de l’énergie parmi les entreprises des régions touchées par celui-ci. D’un autre côté, certaines firmes ont vu leur croissance se modérer après une année de résultats solides. Les perspectives pour les 12 prochains mois continuent d’être favorables; la vaste majorité des entreprises prévoient une augmentation du volume de leurs ventes, couplée à une nouvelle progression des ventes futures (Graphique 2, barres bleues), ce qui donne à penser que cet essor se consolide. Au chapitre des ventes intérieures, un certain nombre d’entreprises anticipent un retour à un rythme de progression plus tenable (notamment dans les secteurs du logement, du commerce de détail et du tourisme). Après les récents efforts de restructuration menés dans le secteur de l’énergie, les entreprises concernées manifestent un optimisme prudent quant à leurs perspectives de vente, car un redressement de l’activité commence à se faire sentir dans la chaîne d’approvisionnement connexe. Ces perspectives sont confortées par une nouvelle amélioration généralisée des indicateurs des ventes futures, en glissement annuel (Graphique 2, courbe rouge et Encadré 1).
Graphique 1 : Croissance passée des ventes
La demande étrangère stimule également les perspectives d’exportation, les répondants signalant que leurs carnets de commandes de clients étrangers sont mieux garnis qu’il y a 12 mois. Même si leurs attentes concernant la progression de l’économie américaine se sont un peu atténuées par rapport aux enquêtes récentes, les répondants estiment que la demande étrangère de produits de base et le niveau toujours favorable du dollar canadien devraient soutenir leurs exportations. Malgré les incertitudes persistantes entourant les politiques publiques américaines, la plupart des entreprises ont déclaré ne pas en ressentir d’incidence sur leurs perspectives d’affaires.
Graphique 2 : Croissance future des ventes
Le solde des opinions relatif aux investissements s’est replié, s’approchant de sa moyenne historique, ce qui laisse entendre que les entreprises sont généralement un peu moins disposées à accroître leurs dépenses au cours des 12 prochains mois qu’elles ne l’étaient lors des deux dernières enquêtes (Graphique 3). Plusieurs d’entre elles mettent la dernière main à des projets lancés récemment. Stimulées par le raffermissement de la demande intérieure, les firmes comptent souvent investir dans des projets visant l’expansion de leurs activités et l’amélioration de leur efficience, par exemple, en recourant à l’automatisation. La majorité des dépenses portent sur l’acquisition de matériel et de technologies, comme des produits axés sur la clientèle et des logiciels destinés à accroître l’efficience opérationnelle.
Graphique 3 : Intentions d’investissement
L’indicateur des intentions d’embauche a reculé après le bond enregistré dans l’enquête de l’été (Graphique 4). Ces intentions demeurent néanmoins positives dans l’ensemble des régions et continuent d’être élevées dans le secteur des services, pour lequel les répondants ont souvent cité une demande robuste justifiant de nouveaux recrutements. Parallèlement, les intentions d’embauche se sont émoussées dans le secteur des biens, après la reprise observée dans les précédentes enquêtes.
Graphique 4 : Intentions d’embauche
Pressions sur la capacité de production
Après avoir augmenté dans l’enquête de l’été, l’indicateur des pressions sur la capacité de production n’a pratiquement pas changé (Graphique 5). Même si la marge de ressources inutilisées varie selon les régions, les répondants sont généralement d’avis que les pressions sur la capacité de production se sont accrues ces 12 derniers mois, et, globalement, ils s’attendent à ce que ces pressions s’intensifient au cours de la prochaine année. Les goulots de production sont plus prépondérants dans le secteur des biens : comme lors de l’enquête de l’été, les entreprises ont largement invoqué la croissance des ventes et les pénuries de main-d’œuvre pour expliquer les difficultés qu’elles éprouveraient à répondre à une hausse inattendue de la demande.
Graphique 5 : Pressions sur la capacité de production
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à estimer que les pénuries de main-d’œuvre sont plus prononcées qu’elles ne l’étaient un an auparavant, au point que l’indicateur d’intensité des pénuries de main‐d’œuvre a atteint son plus haut niveau depuis la récession de 2008-2009 (Graphique 6, courbe rouge). L’opinion selon laquelle les pénuries sont plus intenses est répandue dans l’ensemble des régions et des branches d’activité, ce qui laisse entrevoir un resserrement du marché du travail. Pourtant, le nombre d’entreprises ayant jugé que des pénuries de main-d’œuvre limitent leur capacité à répondre à la demande n’a pas changé et demeure globalement faible (Graphique 6, barres bleues). Il subsiste une marge de ressources inutilisées dans les régions productrices d’énergie et, jusqu’à présent, les pénuries de main-d’œuvre ne se sont manifestées que dans des secteurs en forte demande tels que ceux du tourisme, de la construction et des technologies de l’information. En réaction, certaines entreprises de ces secteurs relèvent leurs salaires. Certains répondants ont aussi déclaré éprouver des difficultés à recruter dans les régions éloignées et à remplacer leurs employés qui partent à la retraite.
Graphique 6 : Pénuries de main-d’œuvre
Prix et inflation
Les entreprises s’attendent à ce que le prix de leurs intrants augmente à une cadence semblable à celle des 12 derniers mois, comme l’indique le solde nul des opinions (Graphique 7). La majorité d’entre elles ne prévoient aucune variation du rythme de progression du prix des intrants, mais plusieurs répondants, en particulier dans l’Ouest du pays, ont fait état d’un renchérissement des intrants hors produits de base, tels que les tarifs des sous-traitants. Cette hausse des coûts est toutefois partiellement compensée par la diminution du prix des intrants importés, laquelle est attribuable à l’appréciation récente du dollar canadien.
Graphique 7 : Prix des intrants
Le solde des opinions relatif aux prix des extrants a également diminué pour s’établir à zéro dans l’enquête de l’automne (Chart 8), ce qui laisse présager une croissance stable des prix des extrants. Plusieurs entreprises ont l’intention de faire profiter leurs clients de la baisse du coût des intrants importés et les exportateurs obtiennent maintenant des prix moins élevés en dollars canadiens pour leurs produits. Ces pressions à la baisse sur les prix de vente dues à la récente appréciation du dollar canadien sont en partie contrebalancées par la hausse émergente des coûts de main-d’œuvre, qui est répercutée sur les prix de vente. Certains répondants ont également l’impression que la demande est assez soutenue pour que leurs clients tolèrent de prochaines augmentations des prix.
Graphique 8 : Prix des extrants
Pour la première fois depuis le ralentissement du secteur de l’énergie, les attentes d’inflation se sont inscrites en légère hausse (Graphique 9), les entreprises étant un peu plus nombreuses à estimer que le taux d’accroissement des prix à la consommation s’établira dans la moitié supérieure de la fourchette de maîtrise de l’inflation visée par la Banque. Bien qu’elles soient toujours minoritaires, ces entreprises ont cité le dynamisme de l’économie et les hausses du salaire minimum comme facteurs appuyant leur opinion. Cela dit, la plupart des répondants s’attendent toujours à une croissance des prix inférieure à 2 % en se fondant sur les tendances récentes en matière d’inflation.
Graphique 9 : Attentes d’inflation
Conditions du crédit
Comme dans les dernières enquêtes, les conditions du crédit sont demeurées inchangées, hormis les effets directs du relèvement du taux directeur (Graphique 10)1. Certains répondants, en particulier les petites et moyennes entreprises des secteurs liés aux produits de base et aux services immobiliers, ont fait état de coûts d’emprunt accrus et de modalités non tarifaires plus restrictives. Parallèlement, quelques autres entreprises ont mentionné des taux d’emprunt plus favorables ou une plus grande réceptivité des marchés à l’égard de l’émission d’obligations ou d’actions, qu’elles attribuent dans bien des cas à l’amélioration récente de leurs résultats.
Graphique 10 : Conditions du crédit
Indicateur de l’enquête
L’indicateur de l’enquête, une mesure synthétique des principales questions, a reculé comparativement au niveau élevé enregistré dans l’enquête de l’été (Graphique 11). Il reste toutefois positif : les résultats obtenus pour plusieurs questions de l’enquête dépassent leurs moyennes historiques, ce qui indique que les entreprises restent confiantes dans l’ensemble.
Graphique 11 : Indicateur de l’enquête
Encadré 1: Le redressement généralisé des indicateurs des ventes futures laisse entrevoir une croissance soutenue
On demande aux participants à l’enquête sur les perspectives des entreprises d’évaluer l’évolution de leurs indicateurs des ventes futures (tels que les carnets de commandes, réservations et demandes de renseignements) par rapport à il y a 12 mois (Graphique 2, courbe rouge). L’indicateur global est donc fondé sur des indices concrets du volume futur des ventes de ces entreprises. Il présente une forte corrélation prospective avec la croissance du PIB et fournit des signaux utiles quant aux futures tendances de l’activité économique2.
Dans l’enquête de l’automne, le solde des opinions relatif aux indicateurs des ventes futures est resté fermement positif, n’ayant que légèrement diminué par rapport au sommet historique atteint lors de l’enquête de l’été. Les entreprises ont fait état d’une accumulation des commandes, d’un plus grand nombre d’appels et de l’intérêt accru des clients, d’une diminution des taux d’inoccupation, de nouvelles activités ou gammes de produits ainsi que de nouveaux marchés ou clients. Certains répondants ont également mentionné que leurs ventes se sont inscrites en hausse après que leur branche d’activité a connu des fusions ou après qu’eux-mêmes ont déployé des efforts pour saisir de nouvelles occasions d’affaires.
L’heure reste néanmoins à la prudence. Certains pensent que le redressement de l’activité dans le secteur de l’énergie touche à sa fin ou que les cours du baril de pétrole, inférieurs à 50 $ US, sont encore trop bas pour susciter l’optimisme. En outre, les préoccupations liées aux éventuelles politiques et velléités protectionnistes de nos voisins du sud subsistent. Quelques entreprises ont aussi fait part de leur inquiétude quant aux perspectives du marché du logement, au vu de la hausse des taux hypothécaires et du durcissement de la réglementation.
La ventilation des résultats par région ou secteur d’activité permet d’illustrer plus clairement les facteurs et la dynamique sous-jacents aux indicateurs des ventes des entreprises. Le Graphique 1-A présente la contribution des différentes régions au solde global des opinions.
Bien que les Prairies aient exercé un effet modérateur sur le résultat global pendant la majeure partie de la période marquée par le ralentissement du secteur de l’énergie, les entreprises de cette région ont signalé une nette amélioration lors des dernières enquêtes, dans la foulée du redressement de ce secteur. En fait, toutes les régions vont à présent dans le même sens et exercent une influence positive. De même, l’analyse par secteur tend à indiquer que toutes les branches d’activité contribuent à la reprise récente (Graphique 1-B). Dans l’ensemble, les résultats révèlent une amélioration généralisée des perspectives de vente et laissent entrevoir une croissance soutenue du PIB.
Graphique 1-A : Les indicateurs des ventes futures se sont améliorés dans l’ensemble des régions
Graphique 1-B : Tous les secteurs connaissent un redressement des indicateurs des ventes futures d'année en année
- 1. Tout comme dans l’enquête auprès des responsables du crédit, le coût du crédit représente l’écart par rapport aux taux de base plutôt que le niveau des taux. Par conséquent, si l’augmentation du taux d’emprunt ne dépasse pas celle du taux directeur (ce qui signifie que l’écart par rapport aux taux de base ne varie pas), les conditions du crédit mesurées dans l’enquête ne changent pas.[←]
- 2. Pour de plus amples renseignements sur ces indicateurs, le lecteur est invité à consulter la Note d’information sur la question concernant les indicateurs des ventes futures dans l’enquête sur les perspectives des entreprises.[←]
Le présent bulletin contient une synthèse de l’information qui a été obtenue dans le cadre d’entrevues réalisées par le personnel des bureaux régionaux de la Banque auprès des responsables d’une centaine d’entreprises, choisies en fonction de la composition du produit intérieur brut du secteur canadien des entreprises. Les données de l’enquête de l’automne 2017 ont été recueillies entre le 24 août et le 19 septembre 2017. Le solde des opinions peut varier entre +100 et ‐100. Les chiffres étant arrondis, le total des pourcentages n’est pas nécessairement égal à 100. Des précisions concernant le questionnaire de l’enquête et le contenu informatif des réponses obtenues sont présentées dans le site Web de la Banque du Canada. Les résultats de l’enquête constituent un condensé des opinions exprimées par les répondants et ne reflètent pas forcément le point de vue de la Banque du Canada.