Le dosage des politiques monétaire et budgétaire a des implications pour la dette et la stabilité financière, selon le gouverneur Poloz
Le dosage des politiques monétaire et budgétaire au sein d’une économie a d’importantes implications pour les niveaux d’endettement et la stabilité financière à moyen terme, a déclaré aujourd’hui le gouverneur de la Banque du Canada, M. Stephen S. Poloz.
Dans le cadre de la conférence commémorative Doug Purvis présentée au Congrès annuel de l’Association canadienne d’économique, le gouverneur Poloz s’est servi du principal modèle macroéconomique de la Banque pour réaliser, à partir d’épisodes survenus depuis trente ans, trois scénarios « contrefactuels », qui montrent que différents dosages des politiques peuvent influer sur le niveau d’endettement des secteurs privé et public.
Une combinaison de politique monétaire restrictive et de politique budgétaire expansionniste peut donner lieu aux mêmes résultats au chapitre de la croissance et de l’inflation qu’une politique monétaire expansionniste jumelée à une politique budgétaire restrictive dans une situation donnée, a expliqué le gouverneur. Toutefois, les conséquences pour les niveaux d’endettement de l’État et du secteur privé seraient très différentes.
Selon M. Poloz, l’expérience récente au Canada et ailleurs montre que les niveaux d’endettement – public ou privé – peuvent avoir des répercussions sur la stabilité financière. Ce constat au sujet du dosage des politiques est important, alors même que les autorités à l’échelle mondiale s’affairent à incorporer les enjeux de stabilité financière à la conduite de la politique monétaire, a-t-il ajouté.
Le gouverneur a souligné que les scénarios contrefactuels ont pour but d’illustrer l’incidence du dosage des politiques sur les niveaux d’endettement; ils ne doivent pas être considérés comme un jugement sur ce qui représentait dans le passé ou représente aujourd’hui le meilleur dosage des politiques.
« Il est toujours facile de juger après coup, et ce genre d’analyse ne présenterait ici que peu d’intérêt, a affirmé le gouverneur. Le meilleur dosage des politiques monétaire et budgétaire dépendra de la conjoncture économique. »
Le gouverneur estime qu’il devrait exister un certain degré de coordination entre les autorités monétaire et budgétaire leur permettant d’être informées de façon adéquate de la politique menée par l’autre partie et de prendre en compte ses implications sur les niveaux d’endettement à moyen terme. Au Canada, la banque centrale est dotée d’un régime de ciblage explicite de l’inflation établi en vertu d’une entente avec le gouvernement fédéral qui consacre son indépendance opérationnelle tout en permettant aux deux parties de mettre en commun des informations et des éléments d’appréciation. Ce dispositif constitue « une forme simple, mais élégante, de coordination des politiques », a déclaré le gouverneur.
La conférence Purvis rend hommage à Doug Purvis, macroéconomiste canadien et professeur à l’Université Queen’s. En 1985, Purvis a prononcé la conférence Harold Innis, dans laquelle il soutenait que l’accroissement de l’endettement de l’État finirait par compromettre la capacité des autorités à mettre en œuvre des politiques de stabilisation. L’objectif de la conférence prononcée aujourd’hui par M. Poloz consistait à lier les réflexions initiales de Purvis à l’enjeu actuel de la stabilité financière à l’aide de modèles macroéconomiques plus évolués.